AvideceWopyBalab

Je mets au défi n’importe quel lecteur de PKFoot d’être né à cette époque. Plus d’un siècle nous sépare du vieux stade de Campo Torino, en Italie, pour accueillir des sélections bien décidées à en découdre et chauffées à blanc par un public désintéressé par le sportif.

Si la dégaine des footballeurs de l’époque est aux antipodes de ce qui se fait actuellement de plus sophistiqué, les footballeurs avaient l’avantage de dégager une certaine classe à défaut de dégager les ballons. Gestes hasardeux et muscles faméliques venaient contredire la gomina parfaite et la moustache bien taillée sur des tshirts qui ne fallait pas salir sous peine de passer le week-end au lavoir, bloc de savon de Marseille à la main.

Italie/France 1912 : était-ce le premier match à enjeu politique ?Les français arrivés à Turin sont méconnaissables. Ravagée par un rude hiver de 1912, la France se présente en Italie avec pas mal d’absents comme Charles Bilot (malade) ou Marcel Triboulet et Alfred Grindat, rappelés à leurs obligations militaires. Le moral n’est pas non plus au beau fixe. La plupart des joueurs étaient du voyage à Milan deux ans plus tôt pour le premier match des tricolore contre les transalpins et une défaite 6-2.

A cette époque, l’Equipe de France n’arborait pas le maillot bleu que nous lui connaissons aujourd’hui, mais un maillot blanc aux rayures bleu ciel et au col rouge. L’équipe était dirigée par le CFI (Comité Français Interfédéral), ancêtre de la FFF, qui réunit la plupart des fédérations de football du pays.  La CFI de l’illustre Charles Simon était le premier témoin d’une cohésion nationale d’avant-guerre. Son écusson porte le fier coq gaulois, torse bombé. Le match du jour allait justifier sa vantardise.

Italie/France 1912 : était-ce le premier match à enjeu politique ?Requalifions d’abord le contexte du match : la France et l’Italie entretiennent des relations très tendues depuis le 16 janvier de la même année. Un paquebot français, le Carthage, en route pour Tunis, a été arraisonné par les autorités italiennes et gardé retenu en Sardaigne pendant 6 jours. Les Italiens accusaient les français de se servir du bateau pour transporter un avion et des munitions pour pilonner les intérêts italiens, en guerre avec les Turcs pour la possession de la Tripolitaine (zone nord ouest de la Libye actuelle). Autrement dit, l’ambiance n’était pas à l’apéro entre potes sur la pelouse du match, et le public était là pour le rappeler, huant les français à la moindre prise de balle et n’hésitant pas à envahir le terrain selon les dires des joueurs français.

L’ambiance n’était pas à l’apéro

Du match, on en ressort un héros : Eugène Maës. Premier grand buteur de l’équipe de France de football (15 buts en 11 sélections) au jeu de tête redoutable, Maës est rentré de ses obligations militaires le matin du match, à 5 heures ! Grâce à un triplé et un caractère bien trempé, il permet à la France de toujours garder une tête d’avance pour une victoire finale 4-3. En face, la sélection italienne est humiliée. Elle est pourtant composée de la plupart des éléments de l’US Pro Vercelli, triple champion d’Italie et futur championne des deux éditions suivantes.

Cet exploit reste comme le premier fait important de la jeune équipe de France, envoyée en Italie pour laver l’affront de l’affaire du Carthage, mais aussi pour confirmer ses progrès certains dans une saison 1911-12 qui les verra invaincus (2 victoires et 1 nul, pour 5 buts de Maës).

Découvrez Sports d’Epoque

Des histoires comme celle-là, Benoit et Géraud d’Argelieu en ont des centaines à vous raconter. Pour cela, ils ont créé Sports d’Epoque, une marque de vêtements historiques autour du football et du rugby avec une touche contemporaine. Vous pourrez trouver la boutique chaleureuse (qui reprend certains détails des vestiaires de sport) de la marque aux centres commerciaux de So Ouest et de Parly 2, en région parisienne, et faire connaissance avec ces deux caractères passionnés qui n’ont pas hésité à poser devant quelques accessoires rétro : un ballon de cuir bruni et une paires de godasses à l’aspect diablement confortable.

Italie/France 1912 : était-ce le premier match à enjeu politique ?

« On prenait des scores fleuves à l’époque. On ne tenait pas forcément à le rappeler (rires) » – Benoit & Géraud, frères réalistes

Comment avez-vous eu l’idée de créer Sports d’Epoque ?
Nous avons eu l’idée de créer cette marque en feuilletant un vieux bouquin. Nous sommes tombés sur une photo d’Yves du Manoir pour sa dernière apparition sous le maillot tricolore (avant son accident d’avion fatal en 1928, ndlr). Il dégageait un tel charisme sur cette photo ! Ce jeune capitaine était un vrai mythe sur le terrain ! On a aussi trouvé les maillots sympas. On a commencé comme ça, puis d’un projet « passion », cela s’est transformé en projet « entreprise ». On se positionne à l’inverse des grandes marques. On ne met pas en avant l’individualisme avec des maillots floqués mais bel et bien l’esprit d’équipe.

Quelle a été l’approche du public sur ces vieux maillots ?
Nous avons pu proposer ces maillots au Printemps (Paris). Les gens ne regardaient pas que le sport mais aussi le produit. Le football est par exemple un sport de gentlemen, avec de belles histoires (Coupe de France, …). Suite à un achat coup de coeur, certains clients reviennent nous voir pour racheter des produits par rapport à leur qualité. Les maillots sont fabriqués dans le sud de la France ! Notre partenariat avec le Musée National du Sport nous a permis de reproduire les matières d’époque.

Comment sélectionnez-vous les maillots ?
Nous avons deux critères très importants : « une belle histoire, un beau maillot ». Une fois ces deux critères réunis, la plus grande partie du chemin est faite. On essaie de produire les maillots d’équipes rares, comme par exemple un maillot de rugby qui va bientôt sortir, celui de l’équipe « anglo australienne ». Là aussi, le Musée National du Sport nous permet d’ajouter la crédibilité des histoires à nos produits.

Quel rapport avez-vous avec vos produits ?
On fournit un coffret avec le produit, comprenant une notice explicatif du contexte du maillot. Cela permet d’appuyer le côté « valeur » et « transmission d’un morceau d’histoire » qui l’accompagne. Un peu comme ce que les anglais faisaient lors de la remise des « capes » en sélection.

Comprenez-vous pourquoi le vintage est tant à la mode ?
Le monde a peur et cherche ses repère dans un monde qui va vite. Cela dit, nous ne pensons pas que nos produits sont « vintage ». Ils ressuscitent un morceau de notre histoire. Ils rajoutent une dimension culturelle.

Que peut-on vous souhaiter pour 2013 ?
Le succès et le bonheur surtout ! Surtout, on ne peut plus se blesser à notre âge (rires). Blague à part, on espère ouvrir une boutique fixe dans Paris intramuros très rapidement, avec l’acceptation du concept par les parisiens.

Choisissez votre maillot préféré sur le site de Sports d’Epoque

Italie/France 1912 : était-ce le premier match à enjeu politique ?

Gagnez le maillot de l'exploit français de Campo Torino sur notre page Facebook