AvideceWopyBalab

Replonger dans le passé avec nostalgie. Voilà ce que promettait la lecture de But! « Quotidien du football » en date du 12 septembre 1986. Qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-il resté du football d’antan ? Quels étaient les noms en vogue à l’époque ?

Une chose est très marquante dès qu’on ouvre les pages jaunies de ce journal pour la première fois. La vingtaine de pages du journal ne concerne pratiquement que le championnat de France. Une demi page en fin de journal vient soulever un débat culturel : l’arrivée des polonais en Bundesliga allemande. Włodzimierz Smolarek, le père d’Ebi Smoralek, aujourd’hui disparu, est au centre d’une polémique politique. La guerre froide est toujours un sujet de préoccupation. Les transferts de joueurs provenant des pays de l’Est sont soumis à la validation d’un organisme qui a plutôt l’air d’un bureau de contre-espionnage. Il n’est pas rare que le football ne soit que le prétexte pour envoyer des agents espionner derrière le mur de Berlin. L’arrêt Bosman pour la libre circulation des joueurs n’arrivera que 9 ans plus tard.

Après un premier refus pour rejoindre Francfort au terme d’une réunion interminable, le joueur parvient à être accepté comme par miracle. Des intérêts financiers sont sûrement en jeu et dépassent le cadre politique.

1986 – 2013, même combat

Le gros dossier du magazine But! de 1986 nous ramène à une triste actualité. La France d’Henri Michel revient juste d’un déplacement vain en Islande (0-0), une nation pourtant largement à leur portée.

Le 0-0 de Reykjavik a jeté un froid et compromet les chances de qualification d’une sélection bien décevante

Le parallèle avec la sélection de Didier Deschamps est facile. Le fond de jeu inexistant ne permet pas à la France de se sortir d’un piège propre aux petites nations des contrées lointaines. L’Islande et la Georgie présentent des similitudes : un climat hostile, une sélection peu impressionnante mais groupée et disciplinée. Les journalistes actuels de But! n’auraient aucun mal à écrire leurs articles tellement les punchlines sont les mêmes : « le football islandais ne s’attendait pas à pareille fête et à partager les points avec la grande équipe de France », « match au cours duquel on a pu se rendre compte du manque d’unité du groupe et de son incapacité à varier le jeu, à changer de tactique » alors que sa star Michel Platini réfléchissait à une retraite internationale sur mesure en choisissant les matchs pour lesquels il voulait « donner un coup de main ». Le sélectionneur lâchait une conférence de presse qui allait ressembler à celle de tous les échecs de l’équipe contemporaine.

Je n’ai aucun reproche à faire à mes joueurs, si ce n’est d’avoir manqué de lucidité et de discernement dans la finition. C’est une contre-performance de ne prendre qu’un point à Reykjavik mais, compte-tenu des progrès réalisés par les Islandais, je suis convaincu que nos concurrents rencontreront le même genre de désagrément
– Henri Michel, loose attitude cuvée 86

L’époque où Paris avait un vrai derby

1986, c’est aussi la cohabitation de deux clubs dans la capitale française, fait rare dans son histoire et anomalie sportive européenne partagée avec Berlin. Le Racing CP vivait alors ses derniers moments dans l’élite et ne devait plus tarder à rejoindre les profondeurs des championnats amateurs. A l’époque déjà, la fréquentation des stades français était une préoccupation et la tenue d’une telle rencontre allait pouvoir dynamiser cette statistique avec un public francilien encore indécis dans le club à supporter.

Parmi les clubs encore en vue au début de la saison 1986-1987, notons aussi le RC Toulon, pour lequel le président Asse jurait q’il n’y aurait « plus de nouvelle crise ». Les dépôts de bilan du club au fil des années lui ont donné tort.

La seconde division possédait encore deux groupes dans lesquels brillaient des gloires régionales comme La Roche sur Yon, pour laquelle un lecteur appelait à une fusion avec un des clubs proches (Nantes, Niort), Gueugnon, Sète, Mulhouse ou le Red Star.

Chez les joueurs, certains baroudeurs faisaient parler d’eux, comme Omar Da Fonseca fraichement débarqué à Monaco et déjà en proie au doute. En photo, les lauréats du « prix Bravo » du Guerin Sportivo, décerné aux meilleurs joueurs de moins de 24 ans des coupes européennes, posaient comme les futurs phénomènes qu’ils allaient devenir : Emilio Butragueno et Miguel Gonzales Michel du Real Madrid ou encore un jeune meneur de jeu belge, Vincenzo « Enzo » Scifo !