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Le groundhopping est tout d’abord une passion. Très répandue en Angleterre et dans les pays du Benelux, voire en Allemagne, elle consiste à visiter un maximum de terrains et de les prendre en photos. Certaines personnes en ont déjà plusieurs centaines à leur actif. Rencontre avec le plus artistique d’entre eux, le belge Jurgen Vantomme.

Il a réussi le pari fou de condenser les plus de 400 stades qu’il a visités dans un portfolio court mais efficace. Ses photos dégagent l’âme d’un football amateur et authentique, avec un accent mis sur l’ambiance plutôt que sur le match. Pour cause, Jurgen se définit surtout comme un photographe et moins comme candidat au plus grande nombre de stades visités.

De l’autre côté de la Manche, ce hobby tourne autour des chiffres. La très fameuse association des « 92 clubs » en Angleterre (plus de 1000 membres !), nommée ainsi pour reprendre le nombre de clubs dans les top divisions anglaises, concentre une grande quantité de passionnés du football qui n’hésitent pas à faire des centaines de kilomètres pour découvrir les nouveaux stades des promus.

Plus traditionnellement, le groundhopping est réalisé par bon nombre de supporters de clubs régulièrement européens qui participent aux déplacements de leur équipe préférée dans des contrées parfois lointaines (Slovaquie, Moldavie, Danemark, …). En Allemagne, le groundhopping s’est largement développé au début des années 90 suite à la chute du mur de Berlin qui a ouvert les frontières du pays.

Le Groundhopping à la découverte des plus beaux stades du monde

Comment as-tu eu l’idée de cette série de photos sur les stades ?

Jurgen Vantomme – En fait, c’est un mélange de mes deux passions. J’ai 40 ans, mais je regarde du football avec mon père depuis que j’ai 7 ou 8 ans. Chaque semaine j’allais voir un match. J’étais souvent impressionné par les fans, les chants, l’atmosphère. Plus tard j’ai étudié le design et la photographie. J’ai commencé par prendre des photos de stades. C’était bien avant qu’internet n’existe. Plus tard, avec internet, j’ai bien vu que je n’étais pas le seul. J’ai découvert que j’étais un « groundhopper ». Mais en réalité je le fais pour les photos plutôt que pour le fait de visiter un maximum de stades, comme les vrais « groundhoppers ». J’ai souvent pris ces photos pour moi et non pour les montrer sur un site ou dans un portfolio. J’ai découvert le travail de Hans der Meer et Stuart Roy Clarke. Après quelques années, j’ai montré mes photos au plus grand hebdo foot de Belgique. Depuis plus de 7 ans, j’ai chaque semaine une double-page de ces photos publiées dans le journal. Je ne prends en photo que les stades de Belgique. Je pense qu’il est plus intéressant de se spécialiser.

Tu photographies rarement les visages des joueurs. Qu’est-ce que cela signifie ?

Il existe tellement de photographes qui prennent en photo les footballeurs en action. Je montre l’autre côté du football, des fans et des tribunes dans une certaine atmosphère. Je montre aussi comment sont les petites divisions de football en Belgique. Je ne regarde pas tant que ça le match. Je reste concentré sur les photos que je prends autour de ça.

Le Groundhopping à la découverte des plus beaux stades du monde

Quelle anecdote as-tu sur un stade ? Sont-ils aussi difficiles que cela à trouver ?

Quand j’ai commencé il n’y avait pas internet ou les GPS. J’ai cherché des terrains ou passais devant par hasar. Plus tard, j’utilisais le web pour trouver les stades plus facilement. Avec Google Street View, il est même possible de savoir comment il est situé. Il existe beaucoup de groundhoppers maintenant et la plupart des terrains ont été visités et vous pouvez voir les photos sur internet. Les petites divisions ont encore des terrains qui n’ont pas encore été montrés. Ce sont des perles à faire découvrir.

Un soir, quand j’ai voulu prendre des photos d’un terrain depuis un immeuble de dix étages, je suis monté dans l’appartement le plus élevé avec le concierge. Là-bas, ils faisaient un barbecue et regardait le match tranquillement. J’ai pu manger avec eux et passer un excellent moment.

Quel est l’accueil des concierges et stadiers ?

Je n’ai pas de contact avec les équipes locales ou les personnes. J’aime y aller incognito, et faire ce pourquoi je suis venu. Je pense que les meilleures photos se prennent quand les personnes ne s’attendent pas à se faire photographier.

Quel est ton lien avec le football ? Tu étais un joueur ?

Je regarde le football depuis que je suis tout petit, au KV Kortrijk. Plus tard, je suis venu étudier et je me suis installé à Gand. Maintenant je vais voir le AA Gand depuis 15 ans. J’ai joué dans un petit club (SV Kortrijk) jusqu’à l’âge de 14 ans. J’étais pas trop mauvais mais quand je suis parti étudier à Gand, j’ai raté un bon nombre d’entrainements et l’entraineur ne m’appréciait pas trop. J’ai alors arrêté…

Je n’aurais jamais pu faire un tel projet sur du long terme sans qu’il ne parle de football.

Est-ce que le football n’est pas qu’un excuse pour ton projet photographique ?

Le football est le sujet principal du projet. Je n’aurais jamais pu faire un tel projet sur du long terme sans qu’il ne parle de football.

Combien de stades as-tu visité en Belgique ? En Europe ? Quelle est ta meilleure atmosphère ?

Je ne visite que les terrains belges. J’estime avoir visité environ 400 terrains. Mais je précise encore que je ne fais pas ça pour en voir le plus. Je le fais plutôt pour la photographie. Je privilégie les petites divisions car ce sont les meilleurs endroits pour voir un football humain et prendre les meilleures photos. La meilleure ambiance dans un grand stade se situerait plutôt au Standard Liège par exemple.

Si tu gagnes 500M€, comment concevrais-tu ton stade parfait ?

J’ai vu une fois le design d’une nouvelle tribune pour Sankt Pauli (le Millerntor Stadium, ndlr), mais ils ont privilégié une autre idée. La première était incroyable. La tribune ressemblait à une vague ! Quel dommage qu’ils ne l’aient pas construite…

Le Groundhopping à la découverte des plus beaux stades du monde

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