AvideceWopyBalab

Alors qu’en Europe nous sommes actuellement en plein money-time d’une saison de football tout aussi riche qu’excellente, entre les différents Championnats (dont encore deux des principaux sont encore indécis), un sympathique Benfica – FC Séville en finale d’Europa League, ainsi qu’une finale de Ligue des Champions 100 % madrilène qui opposera pour la première fois deux clubs d’une même ville, c’est dans un tout autre registre que nous souhaitons vous amener aujourd’hui. Mettons de côté la crème de la crème du football, et intéressons-nous plutôt à ses nations les plus modestes, ses compétitions les plus obscures, tout du moins le temps d’un article. Car après tout le football est un sport universel, et s’intéresser à ce qui se fait ailleurs n’est pas toujours dénué d’intérêt. C’est donc le moment de faire un tour du côté de la Confédération Asiatique et de s’intéresser à sa compétition interclub destinée à ses nations émergentes: l’AFC President’s Cup, dont l’édition 2014 sera aussi la dernière.

Une compétition pour les clubs des nations les plus faibles d’Asie

Pourquoi cette compétition destinée aux clubs les plus faibles de la Confédération asiatique ? A l’origine, il y avait une volonté, de la part de la Confédération Asiatique de Football, d’adopter une stratégie globale visant entre autres le développement de ses nations, de leurs infrastructures, en passant par l’organisation de compétitions homogènes. Cette stratégie, qui prenait la forme du “Vision Asia program” classait aussi ses 47 fédérations membres selon 3 groupes de niveau : le premier, celui des “mature nations”, un second, celui des “developping nations”, et enfin le dernier, celui des “emerging nations”. Au niveau de ses clubs, chaque groupe de niveau avait ainsi sa propre compétition continentale : l’AFC Champion’s League pour le 1er groupe et l’AFC Cup pour le 2nd.

Pour le dernier groupe, une nouvelle compétition leur étant destinée était créée, l’AFC President’s Cup (à noter, au niveau de ses sélections, la création de l’AFC Challenge Cup). Point positif évident, ces compétitions permettaient aux nations dites émergentes d’avoir un rayonnement continental en participant à leur propre compétition ainsi que de donner un intérêt à ces équipes de participer à une compétition homogène, tout en offrant à ses meilleurs représentant une opportunité de se frotter au niveau au dessus, ces compétitions offrant des places pour les meilleures compétitions du continent (qualification en play-off pour l’AFC Cup pour les meilleurs clubs, qualification pour l’AFC Asian Cup pour la meilleure Nation).

Le Rimyongsu SC, attraction de l’édition 2014

Cette President’s Cup, c’est donc une “Ligue des Champions” pour les représentants des moins bonnes nations asiatiques. Pour ce qui est des nations représentées, on retrouvera par exemple cette année les champions du Bangladesh (163ème au classement FIFA), du Bhoutan (207ème et dernière Nation), du Cambodge (190ème), de Turkmenistan (156ème), de Mongolie (187ème) ou encore du Nepal (159ème). Tout un programme. Vous aurez par exemple droit à un Tatung F.C (Taipei Chinois, 170ème) – Ceres F.C (Philippines, 143ème), ou encore de voir le KRL F.C, club pakistanais (161ème) finaliste de la dernière édition, affronter le champion du Sri Lanka (173èle), l’ Air Force SC.

Mais cette année, l’attraction de la compétition sera très probablement le Rimyongsu Sports Club, club nord-coréen de la ville de Sariwon. Un véritable évènement dans la mesure où la Corée du Nord (137ème) n’a plus été représentée dans une compétition continentale interclubs depuis 1985. Les yeux du continent asiatique seront à coup sûr braqués sur ce club, qualifié quant à lui grâce à sa victoire en coupe nationale, et il ne fait aucun doute que le comportement de l’équipe sera particulièrement observé. Il est d’ailleurs fort probable que la pression pèse sur les épaules d’un club dont le Régime attendra ni plus ni moins que la victoire finale. Peut-être un premier pas vers un retour durable des clubs nord-coréens dans les compétitions continentales.

En ouverture, Manang s'est imposé sur le score de 6-3 face à Svay Rieng

En ouverture, Manang s’est imposé sur le score de 6-3 face à Svay Rieng

Un tremplin pour ses  participants ?

En ce qui concerne le niveau général de la compétition, il est, en toute logique, très modeste, et on ne s’attardera que très peu dessus. Néanmoins, il n’en demeure pas moins homogène, ce qui à l’arrivée, permet de donner un certain intérêt à la compétition. Aussi, elle peut constituer pour certains joueurs, une occasion de se mettre en valeur et d’attirer l’oeil des recruteurs. C’est le cas par exemple de Mirlan Murzaev, attaquant kirghiz de 24 ans. Ses prestations de qualité dans la compétition avec son club de Dordoi (Kirghizistan) en 2010 (conclue par le titre de meilleur joueur) lui avaient ouvert les portes du Lokomotiv Moscou puis de l’Apoel Petah Tikva.

Revenu à Dordoi en 2012 après ses expériences mitigées en Europe, ses 9 buts inscrits lors de l’édition 2013 de la President’s Cup lui ont permis de signer en Turquie cet hiver, à Denizlispor, club évoluant au 2ème échelon national. On pourrait aussi parler de Chen Po-Liang, milieu de terrain international taïwanais élu meilleur joueur de l’édition 2011, aujourd’hui joueur du Shanghai Shenhua FC, l’ancien (et éphémère) club de Drogba et Anelka. Enfin, mentionnons peut-être les deux grands espoirs pakistanais Muhammad Adil et Kalim Ullah, 21 ans tout les deux, finalistes de l’édition 2013 avec le club de KRL, qui ont signé cet hiver… à Dordoi, avec l’espoir peut-être de suivre les pas de Mirlan Murzaev.

L’intérêt d’une telle compétition ?

Saisir cette compétition comme un tremplin et espérer disputer un jour des rencontres plus prestigieuses, tels sont les intérêts à disputer l’AFC President’s Cup. D’une manière générale, le fait qu’il existe une compétition exclusivement destinée aux nations les plus faibles de la Confédération pose la question de savoir comment celle-ci peut-elle gérer un ensemble de membres dont le niveau est largement hétérogène. Et surtout, comment parvenir à susciter l’intérêt de chacun, en sachant que les attentes et les possibilités des uns et des autres, notamment en termes de moyens et de qualité, sont bien différentes. Prenons un exemple que nous connaissons, celui de l’UEFA. Nous savons qu’au minimum chaque fédération membre a le droit d’inscrire son champion à la prestigieuse Ligue des Champions. Mais combien de nations sont à l’arrivée représentées dans cette compétition (ou en Europa League) ? Une minorité.

Certes, il s’agit d’une minorité logique tant l’écart de niveau peut être immense entre les nations européénnes, mais dans ce cas, pourquoi ne pas alors créer une compétition destinées aux meilleurs clubs de ses membres les plus faibles, ne serait-ce qu’afin de donner un enjeu continental à leur saison ? Car disputer deux petites rencontres, prendre 6 buts en 2 matchs et voir sa saison européenne déjà terminée, comme c’est le cas cette saison par exemple du club luxembourgeois du Fola Esch, ne présente aucun autre intérêt que celui d’empocher une petite dotation de la part de l’UEFA. Evidemment, le coût et les efforts en termes d’organisation que nécessiteraient la mise en place d’une compétition ont peut-être de quoi décourager, mais il faudrait peut-être aussi penser à l’intérêt des nations les plus faibles, ainsi qu’à l’obligation pour une organisation continentale de contenter chacun de ses membres.

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Avec des airs (utopiques ?) de “la compétition continentale pour tous”, l’organisation des compétitions au sein de l’AFC avait de quoi séduire. Avait, puisque l’AFC a décidé lors de son Assemblée le 25 novembre 2013, que cette 10ème édition de la President’s Cup ainsi que la 5ème édition de l’AFC Challenge Cup, seraient aussi les dernières. Les 6 clubs qualifiés pour la phase finale de la President’s Cup en septembre participeront ainsi aux barrages de qualifications pour l’AFC Cup 2015. Quant au vainqueur de l’AFC Challenge Cup, il gagnera sa place pour la prochaine AFC Asian Cup. Et ensuite ? Il est probable que certaines nations soient beaucoup moins présentes au plan continental. Certes, il est vrai que quelques uns de ses représentants commencaient à se sentir un peu à l’étroit dans une telle configuration, notamment le Kirghizistan et le Tadjikistan, dont les clubs ont raflé à eux deux 6 des 9 trophées remis jusqu’à présent en AFC President’s Cup, ou de la sélection Nord-Coréenne, qui a remporté les 2 dernières éditions de l’AFC Challenge Cup. Mais c’est aussi oublier que chacun des membres d’une Confédération, ses plus forts comme les plus faibles, forment une même entité et ont droit à la même considération et au même un intérêt de leur part. Et donc à une compétition à leur mesure ?

Les équipes de l’AFC President’s Cup 2014

Groupe A (disputé au Sri Lanka) : Sri Lanka Air Force SC (Sri Lanka), KRL (Pakistan), Sheikh Russel Krira Chakara Ltd. (Bangladesh), Ugyen Academy (Bhoutan)

Groupe B (disputé aux Philippines) : Ceres – La Salle (Philippines), FC HTTU (Turkmenistan), Tatung (Taïpeï Chinois), Rimyongsu (Corée du Nord)

Groupe C (disputé en Mongolie) : Erchim (Mongolie), Manang Marshyangdi (Népal), Svay Rieng (Cambodge)

La première phase de groupe a lieu du 1er au 11 mai et voit s’affronter les 12 équipes engagées, réparties en 3 groupes de 4. Les équipes ne s’affrontent qu’une seule fois. Les 2 premiers de chaque groupe se qualifieront pour la phase finale, qui aura lieu du 22 au 25 septembre prochain, deux groupes de 3 équipes où les vainqueurs de chaque groupe disputeront la finale de la compétition le 28 septembre.

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