AvideceWopyBalab

est un nom qui doit vaguement rappeler quelque chose aux amateurs de Ligue 1 de plus de 15 ans. Pour les plus jeunes, même très passionnés, c'est plus difficile. Il faut dire que le compatriote de Zlatan (on essaye de garder les jeunes pas trop passionnés là) aura plus laissé l'image d'une arnaque des pelouses qu'autre chose dans nos contrées. Même pas une arnaque « lolisante » (haaa, Colony Capital et ses brésiliens…), juste un flop. On vous rafraîchit la mémoire ?

Nous sommes à l'été 2000, l'OM sort d'une saison « noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir». Rolland Courbis viré, Blanc vendu l'été précédent, Ravanelli et Dugarry en janvier et un sauvetage à la dernière journée lors d'un match coupe gorge à Sedan. Pirès, seul actif de valeur restant, délivre une passe décisive en finale de l'Euro mais est vendu dans la foulée à Arsenal.

Abel Braga s'assoit sur le banc avec pour mission d'insuffler une nouvelle dynamique à un effectif extrêmement affaibli. Au milieu des Brésiliens grand-guignolesques ramenés par la cellule de recrutement arrive une valeur sûre (ou apparentée) : Klas Ingesson, remarque la saison précédent lors de la demi-finale sanglante contre Bologne.

Le physique et l'expérience qui va avec le nom, le géant suédois est censé sécuriser le milieu de terrain olympien. Il n'en sera rien. Des résultats catastrophiques et des prestations individuelles insipides le poussent au départ dès le mois de Janvier suivant. Il n'ira pas beaucoup plus loin puisqu'il prendra sa retraite quelques mois plus tard (en 2001 à Lecce). Malgré une carrière bien menée auréolée par une World Cup 94' de très haut niveau, le public français ne retient que le grand pataud égaré sur les pelouses de division 1.

Klas Ingesson (ex-OM), l'entraîneur qui refuse la fatalité

Ingesson (dernier rang, plein centre) faisait partie de l'équipe de Suède suprenante 3ème du Mondial 94

Mais l'homme se réintégre avec difficulté dans la vie civile.

Un journaliste, Hans Linné de l'Expressen avait l'habitude de m'appeler à 1h30 du mat' pendant ma carrière, quand il le faisait je l'engueulais. Ma première année post-retraite quand je ne dormais pas à 1h30, je pensais ‘ce serait cool que Linné appelle.
Klas Ingesson

Il travaille dans sa ferme pendant quelques temps permettant de mettre des images concrètes sur sa réputation de bûcheron. Avant que sa femme ne le pousse à reprendre une activité footballistique dans un petit club de cinquième division dont il devient à terme l'entraîneur. Jusqu'ici rien de bien original.

L'ancien international suédois aurait sans doute apprécié que cela reste aussi plat qu'un scénario de « La petite maison dans la prairie »…

Sa grande période à Bari (1996-1998)

Le crabe peut bien s'en mêler, il ira jusqu'au coup de sifflet final

Alors qu'il est en charge d'équipes de jeunes dans le club de première division suédoise de l'IF Elfsborg on lui détecte un cancer en 2009. Une forme de leucémie encore incurable. Rongé par la nouvelle, le géant s'effondre d'abord : « Quand j'ai appris pour le cancer, tout s'est assombri ! J'ai eu un grand nombre de cas de cancer dans ma famille donc pour moi ce mot était synonyme de mort ! » expliquait il au site cancerinformation.nu. Un choc terrible à encaissé pour celui qui « vivait une vie d'égoïste où le football était la chose la plus importante ».

Ce fut d'abord très sombre, puis pour un moment j'étais Superman ‘Je vais lutter contre ça, il n'y a pas à se plaindre'. Puis je me suis de nouveau effondré. Je pense qu'il faut s'effondrer complètement pour revenir à la surface. Etre au plus bas et avoir à travailler pour se remettre d'aplomb est très important.
Klass Ingesson

De traitement en traitement, il oscille entre espoir et coup dur en gardant le football comme fil rouge. Comme occupation plus que raison de vivre désormais. En septembre de l'année dernière, Jorgen Lennartsson, entraîneur de l'équipe fanion, est renvoyé. Une aubaine pour Klas, qui malgré la maladie prend les rênes du groupe pro ! En janvier, la formule finale est trouvée avec Janne Mian pour l'épauler en tant que co manager.

Klas Ingesson (ex-OM), l'entraîneur qui refuse la fatalité

Et ça fonctionne plutôt bien puisque le club parvient même à s'adjuger la coupe de Suède en mai dernier. D'autres obstacles viennent ceci dit obstruer sa route. Physiques tout d'abord comme cette chute de son fauteuil roulant qui lui brisa les os du bras et le priva de la finale de coupe. Et bien sur psychologique car on a tendance à lui accorder une pitié qu'il rejette en bloc lorsqu'il s'agit de juger son travail de technicien. Il a ainsi lui-même publié une lettre sur le site du club dans laquelle il demandait à être traité comme les autres :

Je suis irrité d'être jugé à cause de ma maladie. Et je veux, une fois pour toute, dire que je me sens bien mis à part sur le point de la puissance où il m'a fallut tout reconstruire (…) Physiquement et mentalement, je n'ai aucun problème pour faire mon job.
Klas Ingesson

Klas Ingesson (ex-OM), l'entraîneur qui refuse la fatalité

Une attitude qui force le respect. Que le ballon rond, par l'intermédiaire des fans et dirigeants de l'IF Elfsborg, s'associe au combat de Klas Ingesson nous emplit de fierté. En ces jours tragiques après la stupidité entrevue sur le terrain à Tizi Ouzou, on en a bien besoin.

Keep Going Klas !