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La Coupe du monde 2015 aura lieu au Canada, du 6 juin au 5 juillet. Il s’agit bien sûr de foot féminin et d’une épreuve pour laquelle les Bleues (4e au classement FIFA) sont qualifiées. Plusieurs joueuses internationales dénoncent la tenue de cette épreuve sur terrain synthétique, des aires de jeu jugées dangereuses par certaines qui critiquent aussi la différence de traitement avec leurs homologues masculins. Si le blog Foot d’elles, spécialisé dans le ballon rond au  féminin, a livré son enquête sur l’impact du synthétique, petite revue des réactions des joueuses.


La qualification des « Bleues »

Abby Wambach (Etats-Unis, 224 sélections et 170 buts) est une des meneuses de la fronde d’une quarantaine de joueuses internationales qui ont même fait appel à un avocat pour se défendre. La buteur américaine répète d’ailleurs souvent son opposition sur les réseaux sociaux, indiquant : « Je ne ferai jamais une tête plongeante comme Van Persie sur un synthétique » ou encore en retwittant le soutien du gardien Tim Howard ou se félicitant du soutien du congrès de l’Oregon. Sa compatriote, Yael Averbuch a notamment écrit une tribune dans le New-York Times du 6 septembre.


Il ne s’agit pas seulement de genoux ensanglantés. La récupération prend plus de temps, les articulations se sentent plus rigide, les muscles sont plus fatigués sur un gazon artificiel. Dans une Coupe du monde, où chaque match pourrait être le plus important de votre carrière, se sentir bien physiquement est primordial. Même si l’on fait abstraction des avis des joueurs sur la surface, plusieurs études ont montré une fréquence plus élevée de blessures de la cheville et du genou blessures sur le gazon artificiel. En outre, la Coupe du Monde se jouera en été. Les températures sur le gazon artificiel sont significativement plus élevés que la température de l’air ou de ce qu’elles sont sur ​​l’herbe. Les effets de la fatigue, la déshydratation et la chaleur excessive auront un impact sur les performances, la vitesse de jeu et la qualité de jeu…
Yael Averbuch, milieu de terrain

Yael-A

Nadine Angerer (gardienne de l’Allemagne, Ballon d’or 2013)est l’autre grande star du foot féminin mondial à donner de la voix. Elle estime que la Coupe du monde féminine « devrait se tenir sur une bonne surface pour jouer » et elle qualifie notamment le terrain de la finale, à Vancouver, de « catastrophe tellement il est dur ». Elle reconnaît que l’avenir du football passe peut-être par le gazon artificiel, mais « à condition qu’il soit de bonne qualité et non dur comme du béton ». Et surtout, elle en appelle à « l’égalité des droits pour les femmes ».

Ce fameux débat ! Alors je dirai que c’est l’ancienne école contre la nouvelle ! Je me dis que celles qui n’ont pas l’habitude de jouer sur du synthétique ne souhaitent pas jouer sur cette surface. C’est normal car ce n’est pas le même football, les appuis ne sont pas les mêmes, le jeu va vite, on ne défend pas de la même façon sur son adversaire direct. Se pose la question aussi des blessures : on connait bien les problèmes que les femmes rencontrent avec le croisé (ligament croisé antérieur du genou, ndlr). C’est certain que le synthétique ne sera pas le meilleur ami des joueuses : il faut « éviter » de jouer avec des crampons en lamelles, mais plutôt avec des crampons ronds. Maintenant, il faut noter la qualité des synthétiques nouvelles générations qui ressemblent beaucoup aux pelouses naturelles. Et je me dis aussi que le Canada a déposé un dossier accepté par la FIFA qui lui a confié l’organisation de cette Coupe du Monde. La politique de la FIFA souhaite d’ailleurs aller dans le sens du synthétique. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une discrimination mais un débat entre les générations. J’entends les arguments contre, mais il faut avancer avec son temps et aussi tenir compte des caractéristiques du pays organisateur : il existe au Canada des variations de température importantes.
Candice Prévost, ancienne joueuse du PSG, consultante pour l’émission Femmes 2 Foot sur Eurosport

  

Lotta Schelin (Suède, nommée au Ballon d’Or 2013) : La Lyonnaise a posté son mécontentement sur les réseaux sociaux, photos à l’appui en arguant « Désolé de vous montrer ceci mais voici ce qui arrive quand on tacle un terrain artificiel ». Aie.

Patrizia Panico (Italie, 189 sélections) : « Concernant le terrain, je préfère jouer sur de la pelouse mais à condition qu’elle soit de bonne qualité et pas comme souvent, impraticable. Dans ce cas, il n’y a pas de terrain moins dangereux que l’autre ».

Pas question pourtant de boycotter l’épreuve pour ces joueuses qui tirent surtout la sonnette d’alarme tant qu’il peut être encore possible de faire bouger la FIFA et les organisateurs de l’épreuve : « C’est tout à fait clair dans notre lettre à la FIFA. Nous ne voulons pas boycotter », précise Nadine Angerer. Si elles ont besoin d’un argument supplémentaire, elles pourront recueillir le témoignage de Pascal Dupraz, vainqueur avec Evian sur le synthétique de Lorient ce week-end, qui a déclaré « que le synthétique n’est pas compatible avec la pratique du football professionnel », ajoutant au micro de Canal+ que « ça pue comme dans une fabrique de pneus ».