AvideceWopyBalab

C’est l’histoire d’un mec ou plutôt de 11 mecs. Une équipe de foot en somme sauf qu’ils n’ont jamais joué ensemble. En dehors de leur métier de footballeur pro, leur point commun est d’avoir connu de nombreuses péripéties au cours de leur carrière à travers le monde. D’où leur présence dans le livre Galère Football Club de Romain Molina (Editions Hugo Sport).

11 joueurs, 11 chapitres avec à chaque fois « la fiche » pour visualiser l’évolution de la carrière du footballeur puis un récit de son parcours du footballeur, raconté par celui-ci, sous forme auto-biographique après avoir été interviewé par l’auteur. C’est d’ailleurs le principal intérêt de l’ouvrage : ce n’est pas le journaliste (responsable du site Hat-Trick dédié au foot britannique) qui raconte mais directement le joueur qui se confie aux lecteurs. Les relations entre équipiers, les négociations avec les agents, les dirigeants qui leur mettent la pression, les moments de joie, leurs galères, on parvient à saisir leurs différents sentiments tout au long de leur parcours, avec le seul bémol de se limiter à leur vision des choses, sans avis contradictoires des coéquipiers ou dirigeants qu’ils critiquent. Bienvenue dans le foot d’en bas.

On commence logiquement avec un gardien camerounais venu se former à Metz et qui a réellement eu sa chance dans le championnat israélien où il a été confronté à d’étranges magouilles et intimidations de la part des clubs. Aujourd’hui, Joslain Mayebi poursuit sa carrière en D5 anglaise.

Vient ensuite un défenseur français qui est devenu pro au Portugal et a tenté l’aventure indienne au FC Goa à l’été dernier, le club de Robert Pirès, entraîné par Zico.

Parmi les noms que les amateurs de football connaissent peut-être, le milieu de terrain Youness Bengelloun, formé au PSG, lui aussi passé par Goa, après avoir parcouru les pelouse de Suisse, Espagne, Grèce, Chypre, Bulgarie pour atterrir en D2 belge. Moins exotique mais avec une belle carrière française : l’attaquant Yann Kermorgant, atteint d’une leucémie dans son enfance et qui a notamment inscrit 37 buts en L2 sous les maillots de Grenoble et Reims entre 2005 et 2009. Il raconte ensuite son intégration difficile en L2 anglaise à Leicester, ce qui ne l’a pas découragé de persévérer et de s’éclater à Charlton en troisième division.

J’avais même un panneau publicitaire au stade avec plusieurs photos de moi et une chanson : We all dream of a team of Kermogants.
Yann Kermorgant

A signaler aussi, le parcours de Claude Gnakpa qui a joué une saison en Irak à Al-Mina’a (Bassora). « Ma vision de l’Irak change complètement. Je sors, je vis normalement, comme en Europe. Je fais mes petits achats, comme des gâteaux, car je vis à l’hôtel, je suis nourri et logé par le club… Bassora, c’est la ville la plus riche du monde, dans un sens. Ils font 2 milliards de dollars par jour, grâce au pétrole. Pourtant, quand tu vois la pauvreté, tu pleures (…). Bagdad, j’adore. Comparé à Bassora qui est une ville vraiment islamique où il n’y a pas grand chose, Bagdad bouge tout le temps. Sportivement, ça se passe plutôt pas mal. Je joue devant et je marque quelques buts », raconte-t-il en insistant sur la ferveur et la passion des Irakiens pour le foot.

Et pour entraîner cette équipe de baroudeurs, il fallait forcément un coach qui a vu du pays; C’est le cas de Patrice Neveu qui a officié en Afrique et en Chine où il décrit la prédominance de l’argent dans le foot : « Je tenais vraiment les cordons de la bourse. Les primes de match étaient réparties selon ce que j’avais pensé des performances de chacun. J’avais parfois 40000 dollars à répartir ».