AvideceWopyBalab

Le coup de sifflet a retenti. Cela fait plus de 45 minutes que les vingt-deux guerriers s’entre-tuent à coups de centres au troisième poteau. Jean-Charles file changer son maillot plein de boue qui lui cache même son numéro et Lisandro essaie tant bien que mal de répondre à l’interview de Paga dans un français approximatif. Derrière, Pascal vide sa troisième bouteille d’Hépard comme un mort de soif. L’arbitre est déjà de retour sur la pelouse. Quoi ?! Après 10 minutes ?!

Mais en fait, que fait-on pendant 15 minutes ?

C’est la question qui taraude tous les spectateurs. Est-ce que l’entraineur parle vraiment pendant 15 minutes à ses joueurs ? Est-ce pour ça qu’Anelka a dit la fameuse phrase à Domenech, pour le laisser tranquille ? Est-ce qu’ils jouent aux cartes, passent des coups de fils à leurs chéries ou inversent leurs chaussures pour retrouver le sens du but ? Après tout, nous avons payé nos places pour voir du jeu. Imposons le retour de nos guerriers le plus rapidement possible. Et tant pis pour la tactique.

Pas de parallèle avec le rugby

Le duel de ces deux sports ennemis continuent même lors du débat sur la durée de la mi-temps. La pause en rugby est aussi longue qu’un débordement de Gareth Bale à San Siro. Derrière, le suspense reste entier et les spectateurs ont même oublié l’incroyable raté d’Eugène avant la mi-temps qui a oublié d’aplatir le ballon (même pas rond) dans le camp adverse, malgré la petite quinzaine d’adversaires accrochée à ses bourrelets musclés.

Et physiquement ?

Le tableau ci-dessous indique les différentes durées des pauses en fonction des sports collectifs.

Plaidoyer pour une mi-temps de 10 minutes

Son étude nous montre qu’à part le football américain (sport où tout le monde se regarde) et le football australien (le sport des Forest Gump ultra-vitaminés) et leurs pauses de 20 minutes, aucun autre sport collectif ne laisse autant de repos entre deux périodes de jeux.

D’un point de vue morphologique, une pause aussi longue n’est pas forcément bénéfique pour les muscles de l’athlète. Les muscles sont évidemment au repos mais sécrètent de l’acide lactique qui va les « tétaniser » pour les faire entrer dans une sorte de « veille physique ». Tout un programme. Par conséquent, la reprise de la seconde mi-temps est tout de suite plus dure pour évacuer cet acide. Tous ensemble, luttons contre l’acide lactique (à ne pas confondre avec l’acide Latics, Charles N’Zogbia).

En Mayenne, la mi-temps parait bien longue

Un soir de Ligue 2 à Laval, M. Turpin renvoie tout le monde au vestiaire. Tous les spectateurs se lèvent pour dégourdir leurs jambes. C’est vrai qu’avec une température négative et un taux d’humidité proche d’une moisson, les jambes ont de quoi rouiller. Les plus ambitieux sortent leur portable et pianotent avec leurs gants. Les affamés filent à la buvette pour piller les douich sociflard/cornichon arrosé d’une petite Jupiler qui sent bon le vomi de soirée. Dans la tribune, Patrick regarde son fils de 10 ans Tom tenter un duel avec un gardien aussi petit que lui. Ah l’époque des trophées Wanadoo… Mais très vite, la buvette n’a plus de vivres, le portable plus de batterie (ou de réseau, surtout en Mayenne) et le père plus d’attention pour son gosse qui vient de rater son passement de jambes en tombant comme un con. On est loin des pompom girls du football américain. La mi-temps de 10 minutes nous épargnerait ces extrêmes.

Un dimanche matin du haut de mes 13 ans

De l’époque où je jouais au football le dimanche matin, voire même quand j’arbitrais, le rituel était toujours le même à la mi-temps. « Restez sur le terrain », « mettez-vous en cercle », « personne ne s’assoie », « pas plus d’une gorgée d’eau sinon je te sors Sébastien, déjà que tu cours avec des semelles en plomb… ». Les éducateurs n’étaient pas des tendres avec nous. L’arbitre demande fébrilement quand les entraîneurs voulaient reprendre la partie. Si une insulte ne fusait pas, un simple « le plus rapidement possible » faisait l’unanimité. Si la température descendait en dessous de zéro, cela se transformait en « tout de suite », accompagné d’une grande vapeur qui sortait de leur bouche.

Personne ne s’en plaignait. Le but du jeu était de rapidement finir la partie pour filer à la buvette ou à défaut devant la télé pour matter la fin de Téléfoot et son générique Come with me.

Une mi-temps de 10 minutes justifierait sans doute l’expression « une victoire vite faite, bien faite ».

Plaidoyer pour une mi-temps de 10 minutes

Ecoute Julien, si tu me foires encore ta transversale de 90 mètres, je te mets sur le banc, ok ?