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Quand on parle de l’Olympique de Marseille, on ne pense pas forcément tout de suite à son centre de formation. Pourtant, depuis cette saison, le président du club, Vincent Labrune, a dû se plier aux exigences de l’actionnaire principal, Margarita Louis-Dreyfus. En effet, le club était fortement endetté à l’issue de l’exercice précédent et MLD a décidé de taper du poing sur la table : Marseille doit se serrer la ceinture pendant quelques années avant de pouvoir penser à recruter sans regarder à la dépense.

Pointé du doigt par l’actuel patron de l’OM, Jean-Claude Dassier qui aurait laissé le club avec une vitrine certes enrichie de nouveaux trophées, mais aussi des dettes colossales. Une accusation niée en bloc par l’ancien de l’information de TF1.

Après la résolution de l’interminable imbroglio Deschamps, Elie Baup est nommé entraîneur du club phocéen et tous les observateurs, ainsi que les supporters, s’attendent à vivre une saison galère. L’entraîneur à la casquette voit partir un à un ses meilleurs éléments et ce dernier doit constituer un effectif de bric et de broc à l’approche de la reprise.

De son côté, l’état-major olympien impose des conditions drastiques concernant les transferts et les contrats. Le temps des dépenses somptuaires est résolu. De plus, le nouvel technicien en place devra faire avec les jeunes pousses, issus du centre de la formation, et dont certains sont annoncés comme prometteurs.

A mi-saison, où en est-on exactement ?

L’OM a effectivement beaucoup puisé dans son réservoir « jeunes » pour faire le nombre sur le banc. Cependant, peu ou prou n’ont eu la chance de fouler les pelouses de Ligue 1. La Ligue Europa a plus été le terrain de jeu des « minots » mais là encore, Marseille s’est tiré une balle dans le pied en ne jouant pas la compétition à fond. L’effectif est loin d’être pléthorique et Baup opte souvent pour une rotation courte et des remplacements tardifs. Pour l’instant, cette tactique s’avère payante et l’entraîneur fait de véritables miracles avec des bouts de ficelle.

Seulement 61ème centre de formation européen

Cependant, cette saison peut-elle marquer un tournant pour le club ? Il s’agit là de modifier en profondeur l’ADN d’une institution plus que centenaire, qui subit les conséquences d’une crise économique exceptionnelle dans sa durée. Dans une interview accordée à lequipe.fr, le directeur du centre de formation, Henri Stambouli, se disait confiant en la capacité des jeunes de répondre aux attentes. Malgré tout, il suffit de jeter de regarder les résultats de l’équipe U19 (12e sur 14e) et ses performances récentes en Gambardella pour se poser des questions.

Le nombre de joueurs talentueux sortis du centre de formation de l’OM ces dernières années se compte sur les doigts d’une main : Nasri et Flamini et les frères Ayew. Le classement des clubs fournissant des joueurs évoluant dans les élites des 5 grands championnats est formel : l’OM ne se classe que 61ème au niveau européen et 16ème au niveau national. Un échec pour un club de cette envergure.

Les supporters se satisferont-ils de cette politique ?

Former des footballeurs requiert du temps et l’on sait que dans la deuxième plus grande ville de France, l’impatience est le principal défaut. Même si ces dernières saisons ont été propices à une certaine stabilité (que Pape Diouf a grandement contribué à mettre en place), les supporters se satisferont-ils de cette nouvelle politique ? Entre un Vélodrome défiguré par les travaux et l’arrivée de joueurs aux noms peu ronflants, les fans ont perdu de leur ferveur. Cette baisse de « pression » peut-elle être favorable à l’éclosion de jeunes talents ?

José Anigo et Elie Baup ont fait le pari d’y croire. Pour l’instant, la réussite n’est pas présente mais cela est plus dû à un manque évident de talents purs de cette jeune génération, raréfié par le peu de confiance donnée par les dirigeants olympiens aux joueurs à potentiel. Les installations sont pourtant très correctes. En 2011, l’OM a décidé de construire un nouveau bâtiment de plusieurs millions d’euros dédié aux jeunes, dont de nombreuses salles de cours. Bilan : aucun bachelier l’année dernière.

La comparaison avec le succès des jeunes à Nice et Montpellier est difficile à supporter pour le club bucco-rhodanien. L’OM doit rattraper son retard sur ses « rivaux » et miser franchement sur la carte jeune. Et pourquoi pas développer et activer des réseaux importants avec des clubs de seconde zone comme Istres, Arles-Avignon ou encore Fréjus-Saint-Raphaël ou Le Pontet.

Ne pas pouvoir lutter sur le plan économique avec le Paris Saint-Germain est une chose. Investir judicieusement dans la formation et coupler cela avec une politique de recrutement en est une autre. Il ne tient qu’à Marseille de suivre cette seconde voie pour pouvoir rester compétitif à terme avec le club de la capitale.

Marseille : le serpent de mer de la formation

« Passe ton bac avant de passer le ballon » V. Labrune