AvideceWopyBalab

Le web 2.0, Facebook, les jeux-videos et tout le tintouin numérique a un rapport avec le football. Dur a croire ? Pas tellement si on se fie aux nouvelles technologies employées par les recruteurs pour détecter le nouveau Britney Spears du ballon rond mais aussi pour les joueurs afin de se trouver un nouveau club. Avec Lucarne Opposée, nous avons mené l’enquête. Forcément.

Football Manager

Ce jeu est la bible de tous les amateurs de football a travers le Monde. Non seulement briseur de bien des couples, le jeu de Sports Interactive a surtout fait connaitre un très grand nombre de joueurs avant l’heure, donnant à ses aficionados ce sentiment si particulier de dénicheur de talents. Pour ne citer que quelques exemples, le Studio Director de SIGames, Miles Jacobson, est particulièrement fier d’avoir permis aux joueurs de connaitre Messi (15 ans) et Cristiano Ronaldo (17 ans) dès leur plus jeune age.

De la même manière, les joueurs les plus assidus ont pu faire la connaissance de paires d’attaquants tout aussi performants dans le jeu et dans la réalite comme Carlos Vela, Sergio Aguero, Fernando Cavenaghi ou Carlos Tevez voire Okaka. D’autres ont moins confirmé, comme Bojinov ou Podolski, mais sont tout de même devenus connus. Restent enfin les talents jamais éclos comme Anatoli Todorov, Wael Reyad ou encore Maxim Tsigalko. Preuve, s’il en était, que même virtuel, le métier de dénicheur de talent n’est pas une science exacte.

Mais la ou le jeu devient interessant, où la réalité rejoint la fiction, c’est quand il sert de base de recrutement pour les plus grands clubs de la planete. Grace a des statistiques detaillees, Chelsea a par exemple eu le flaire de voler John Obi-Mikel au FC Lyn Oslo, au nez et a la barbe de Manchester United moyennant pres de 23M€. Un investissement de confiance en se basant sur de telles indications. De la meme facon, la prochaine star annoncée est Georginio Wijnaldum, milieu de terrain du Feyenoord Rotterdam, a été repere par les plus grands clubs depuis des années et son apparition dans.. Football Manager.

La base de données, le pilier central de Football Manager attire donc les convoitises. Il est donc tout naturel de voir certains clubs européens en manque d’inspiration ou de recruteurs (à moins que ce soit les deux) s’intéresser à cette nouvelle référence gratuite. Deux exemples sont symboliques : Everton a récemment signé un contrat d’accès à la base de donnée complète du jeu de SIGames et des versions estampillées Arsenal Edition ont été crées. Dans le fond, ces accords donnent un accès « officiel » aux clubs cités mais on peut facilement penser que d’autres clubs utilisent la base de données de 20 000 joueurs de manière plus officieuse. Pour revenir en France, on peut s’interroger sur le Stade Rennais lorsqu’il fit venir chaque année des perles connues de tous les FMistes (Luis Fabiano, Källström, Čech et autres Isaksson).

Internet

Les pros

A l’époque, l’événement avait de quoi surprendre. Michael Golden Boy Owen galérait à trouver un club. Pire, il a créé une brochure qui retrace ses qualités, statistiques et qui répond à la plupart des questions que peuvent se poser les recruteurs, comme son état de santé jugé précaire.

Football Manager, Internet : les recruteurs dans une nouvelle ère

Le bilan est pas si dégueux que ça. Le bougre signe à Manchester United. Fergie doit avoir la lecture facile et la mémoire longue. Et si finalement les joueurs, même connus, devaient déposer un CV ?

Quelques parodies sont intervenues suite à cette brochure, dont une des supporters d’Arsenal pour vendre un Adebayor devenu indésirable chez les Gunners.

Les professionnels suivent les tendances, c’est pourquoi nous retrouvons leurs profils sur les plus gros sites de reseautage (Facebook, Twitter, Orkut, …). Malheureusement certains petits malins trouvent le moyen de cérer de faux profils histoire de lancer les plus folles rumeurs sur les joueurs. C’est le cas de Zlatan Ibrahimovic. L’histoire est allee jusqu’aux oreilles d’un juge apres qu’un internaute ait fait passer des informations erronnes sur des appreciations d’apres match et sur ses velléites de depart.

On remarque cependant que la plupart des joueurs se trouve en MLS, le championnat nord-américain.

L’histoire de Darren Bent, elle, est bien réelle et mixe numérique et vie privée. L’attaquant de Tottenham la saison dernière, est déclaré indésirable et poussé vers Stoke City. Problème Bent, veut aller à Sunderland qui propose moins d’argent que Stoke. Bent s’est vengé sur son Twitter :

« Est-ce que je veux aller à Hull City ? NON. Est-ce que je veux aller à Stoke ? NON. Est-ce que je veux aller à Sunderland ? OUI. P…, que Levy arrête de m’envoyer n’importe où. »

Manchester United a quant à lui annoncé qu’aucun de leur joueur n’était sur Twitter. Donc aucun compte soit disant officiel de Rooney ne l’est, un peu a la manière des arbitres italiens qui n’ont pas le droit de s’inscrire sur Facebook. Cette particularite est en discussion chez notre DTN.

Ceci dit, cela n’empêche pas Rio Ferdinand, récemment croisé par mes soins en boite de nuit sur Glasgow, d’être un touche à tout dans le web. Son dernier exemple est la création d’un magazine interactif sur son site Internet. http://www.rioferdinand.com/

A la manière des joueurs de NBA, les joueuses du championnat américain peuvent aussi twitter pendant le match pour donner des nouvelles aux fans. Ca leur est même conseillé par leurs équipementiers. Il existe un précédent chez les hommes, toujours aux USA: les joueurs du Dynamo Houston communiquaient déjà via Twitter.

Enfin, il y a ceux qui se servent d’internet comme d’une vitrine de leurs exploits footballistiques. Le meilleur exemple n’est autre que le malheureux et talentueux Charlie Davies. L’attaquant américain de Sochaux, autoproclamé The World’s Best Kept Secret In Football a tout simplement créé sa chaine youtube qui délivre à qui n’en veut moult compils visant à montrer l’étendue de son talent sur fond de musique hip-hop.

A l’ère de l’image reine, l’effet est garanti, Charlie Davies apparait comme un Ronaldo en puissance. D’ou la question de savoir si les dirigeants sochaliens n’auraient pas cédé à la tentation à la vue de ces images (il est loin le temps du recrutement sur cassettes, place à Youtube).

Les amateurs

Et si les pros le font, pourquoi pas nous ? Enfant, combien de fois n’avons nous pas rêvé être déniché par un recruteur sur un bord de terrain alors qu’on venait de réaliser un hat-trick de folie pure ? Alors qu’autrefois ce genre de rêve ne se faisait que dans la nuit, il est désormais possible de nos jours d’y parvenir (enfin, d’espérer y parvenir). Comment faire ? Ne jamais sous estimer la puissance de la compil et créer le buzz. L’amateur rejoint le pro, fabrique son rêve et comme souvent, les victimes collatérales sont mineures.

C’est ainsi qu’on voit fleurir les nouveaux Zidane, les nouveaux Messi, gamins de moins de 10 ans balancé sous les lumières virtuelles de la célébrité. Deux exemples significatifs. Rayan Sebiane tente une percée à coup de vidéos sur Youtube et autres blogs. Le jeune Rayan se fait interviewer par une de nos collègues, remercie sa team et donne des interviews dignes de joueurs pros. Huit ans et déjà un comportement de VRP. Mais le buzz Rayan n’est rien devant l’icône des moins de 10 ans rêvant de gloire, Madin et ses presque 3 millions de résultats sur Google.

Le nouveau Zidane n’avait que six ans lorsqu’il est apparu mais a su provoquer un buzz qui n’a rien à envier à la véritable star mondiale. Presse française, presse etrangère, tous vont succomber aux vidéos postées comme des spams sur les sites de partage et relayés sur l’ensemble des forums du monde des amateurs de football (à se demander qui a orchestré ce buzz d’ailleurs). L’effet est garanti. Aboutissement de la jeune carrière de Madin : son passage au Grand Journal de Michel Denisot.

Depuis, le petit Jordy du ballon rond poursuit sa campagne de vente à distance : site web officiel, tournées mondiales, à défaut de le voir dans une équipe, de le laisser grandir en club, il est toujours possible d’admirer les jonglages et autres facéties techniques du petit Madin, garanti d’un footballeur de grand talent qu’il sera peut être (ou pas).

A cotés de ces dérives inhérentes aux sociétés modernes, le football 2.0 a aussi ses aspects amusants (enfin, pas pour tout le monde).

Football Manager, Internet : les recruteurs dans une nouvelle èreEt s’il fallait un pionnier du genre, Yuri Gazzaev serait celui-ci. L’affaire Yuri Gazzaev a terriblement marqué les chamois niortais et ses supporters dans les années 90. Présenté comme un international olympique russe de 25 ans, le petit Yuri, cousin de l’illustre coach du Dynamo Kiev, Valery Gazzaev, vient se vendre au club pour une petite somme de 250 000 francs, une bouchée de pain pour un club de seconde division flairant la bonne affaire. Malheureusement, cet inconnu l’était à tel point qu’il avait en réalité 34 ans et s’était construit tout seul un faux CV, piégeant ainsi les dirigeants niortais de l’époque. Depuis, Yuri Gazzaev a suivi les traces de son cousin avec un certain succès, il est actuellement à la tête du Krylya Sovetov, dixième du dernier championnat russe.

Les vrais-faux footballeurs, voila donc un créneau de choix pour le web. Sans doute inspiré de l’affaire Gazzaev, les internautes s’amusent aussi de ce système de vente au buzz.

Le premier exemple est Steve Dassidot. « Meilleur que Benzema, plus rapide que Odonkor, plus réaliste que Raul: Steve est un des tout meilleurs joueurs français, mais personne ne le connait », voila comment se décrit Steve Dassidot, joueur français évoluant au Patakor Taschkent, club majeur de la première division ouzbèque. Interviews, site web, Facebook, entrée Wikipedia, très vite le buzz prend vie et grandit tel une tumeur au cerveau des différents médias. D’autant que Steve n’est pas avare de sujets brûlant : un livre révélant les dessous du football est en approche. Embrasement de la toile. Sauf que, petit soucis : Steve Dassidot n’est pas un joueur de foot, tout juste un acteur. La supercherie est énorme. Comment tirer le vrai du faux ? Aucune idée, mais personne ne se pose la question. A l’ère du 2.0, on zappe.

Autre exemple : l’affaire Borisio Ferrara. « Selon la Gazetta Dello Sport du jour, l’ASSE se serait renseignée pour un pret de Borisio Ferrara, jeune milieu de terrain de 20 ans appartenant à Livourne. Ce jeune Joueur est un numéro 6 connu pour etre un aboyeur, il prend modèle sur Gattuso mais est surtout connu pour faire comme son idole Lucarelli: porter un tee shirt du Che sous son maillot. » Tel est le simple message lancé sur un forum de supporters de l’ASSE un jour de juillet 2006. Message comme on en trouve des milliers sur les différents forums de supporters lors de ces excitantes période de mercato. Le tout relayé par la mise en ligne de l’article provenant de la Gazetta Dello Sport en VO s’il vous plait. La rumeur devient crédible. Elle s’étend rapidement et fini par être publiée dans France Football, journal auto-proclamé référence absolue en France. Dès lors, l’ensemble des sites webs de France et de Navare vont reprendre l’info. Problème : Borisio Ferrara n’existe pas ! Il est tout juste le fruit de l’esprit de deux supporters des verts. Il est le parfait symbole des effets pervers de ce monde 2.0 sur le football moderne.

A l’heure où les pros communiquent, se transforment en VRP sur le web, via les réseaux sociaux, les sites de partage, où les amateurs suivent ce chemin avec leurs rêves de gloire, où les joueurs émergent sous forme de ronds mobiles dans des jeux vidéos avant de faire leurs preuves sur le terrain, le monde du football est entré de plein pied dans une nouvelle ère sans limites : celle du football 2.0.