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Ce mardi 19 novembre est et restera une date historique pour les supporters de soccer de la ville d’Orlando. Le club d’Orlando City avait prévu de faire une Major Announcement aux alentours de 17 heures, en marge des festivités prévues en centre ville. L’annonce en question, tous ceux qui suivent le club vainqueur de l’USL Pro (3ème échelon américain) la connaissait.

Le club lui même d’ailleurs commettait plus ou moins la bourde, ou plutôt un lapsus, en proposant aux fans présents au Cheyenne Saloon de venir prendre une photo avec… la MLS Cup. Comme nous le savons depuis maintenant près d’un mois, Orlando City sera bien l’une des franchises d’expansion de la MLS en 2015, en compagnie notamment du New-York City FC (franchise de Man. City). Comment la franchise créée en 2010 a pu passer en 5 ans, du 3ème échelon à l’élite du soccer aux US ? Comment le club a convaincu la MLS de l’accueillir en 2015 ? Quelle est la place du soccer dans la ville davantage célèbre pour son parc Disney World Resort ?

Une jeune franchise taillée pour la MLS

Le Orlando City Soccer Club est une très jeune franchise qui a été créée en 2010. Elle est le fruit de la volonté de voir naître enfin un club de soccer au sein de la ville d’Orlando, déjà célèbre pour abriter le grand parc d’attraction Disney World Resort. Un groupe de propriétaires a d’abord été créé, le Orlando Pro Soccer, et se trouve dans un premier temps affilié à l’équipe de crosse locale des Orlando Titans. Finalement, le projet connaîtra des difficultés et le 25 octobre 2010, Phil Rawlins, par ailleurs membre du board du club anglais de Stoke City, achète les droits de la franchise des Austin Aztex FC. Dans la foulée, il transfère les droits et l’organisation de la franchise à Orlando.

Ainsi est né le Orlando City Soccer Club. Dès le départ, Phil Rawlins fait part de son intention d’emmener la franchise en MLS d’ici « 3-5 ans » et d’ « apporter des rencontres internationales dans la ville ». Le club commence son parcours en USL Pro, considéré par la fédération américaine de soccer comme le 3ème niveau après la Major League Soccer (MLS) et la Northa American Soccer League (NASL). Il s’agit d’un championnat de niveau intermédiaire qui a récemment développé un partenariat avec la MLS pour le développement des jeunes joueurs de l’élite (pour ce qui concerne Orlando, le club est affilié avec le Sporting Kansas City depuis janvier dernier).

Sous la coupe d’Arian Heath, un entraîneur anglais qui a connu un parcours très honorable comme joueur (Stoke City, Everton, Espanyol, Man. City), ainsi que quelques joueurs ayant évolué au niveau au-dessus comme Rob Valentino et Jamie Waton (MLS), ou encore James O’Connor et Luke Boden (Championship anglais), le club réussit une première saison 2011 parfaite en terminant champion de la saison régulière et en gagnant la finale des play-offs. Le club est dominateur en USL Pro et ça se voit : s’en suivra, un autre titre de champion de la saison régulière et une demi-finale des play-offs en 2012, puis une seconde place en saison régulière et vainqueur des play-offs cette saison.

Début 2013, tout s’intensifie avec l’arrivée d’un nouvel investisseur dans le capital du club, le businessman brésilien Flavio Augusto da Silva. Celui qui pourrait devenir le principal propriétaire, prévu en cas d’accession en MLS (Phil Rawlins demeurerait Président) apporte un nouveau  souffle au projet du club qui accélère et fait alors le nécessaire pour devenir l’une des prochaines franchises d’expansion de la MLS dès 2015. Les garanties enfin apportées, l’information sera officiellement confirmée le 19 novembre après que la MLS ait validé le projet du club de l’Etat de Floride.

Le Président Phil Rawlins a toujours été très confiant quant à la possibilité d’amener une franchise ici en 2015. Cette confiance n’a jamais vacillé tout au long du processus.
Chris Jones, Media Relations Manager du club

Le club avait donc peu de doutes quant à ses chances d’intégrer un jour le plus haut niveau du soccer aux US. Le club, qui en 2014 participera donc à sa dernière saison en USL Pro, se prépare depuis longtemps à évoluer en MLS et avait simplement besoin de temps afin d’apporter les dernières garanties espérées.

Le nouveau stade : ultime étape de l’accession

En intégrant la MLS dès 2015, les propriétaires du club sont donc parvenus à respecter leur temps de passage. Mais que manquait-il donc au club pour atteindre l’ultime marche vers l’élite du soccer américain ? Pour mieux comprendre, encore faut-il cerner le fonctionnement et surtout les exigences de la MLS qui, tels la NBA, la NFL ou autres NHL, fonctionne « à l’américaine », c’est-à-dire avec un système de franchise et tout ce que cela comporte de concepts peu connus (et parfois déroutant pour les européens) de ligue fermée, de « ticket d’entrée », de play-off, de garanties, en bref, tout ce qui fait le charme et l’originalité du sport outre-Atlantique.

Ce n’est qu’au prix d’un respect rigoureux du cahier des charges imposé par la MLS que la franchise d’Orlando a obtenu son précieux « ticket d’entrée » pour ainsi passer de l’USL Pro vers l’élite sans passer par cette case « montée sportive », inexistante aux US. Et pour s’assurer d’obtenir ce fameux sésame, un nombre important de garanties doivent être apportées par les clubs désireux de faire le grand saut vers la MLS.

Pour intégrer la MLS, il faut disposer de solides fondations : une fanbase passionnée, des propriétaires solides et engagés, et enfin, de son stade.
Chris Jones

Dans le cas d’Orlando, c’était ce dernier point qui posait problème. Effectivement, chaque club de MLS doit pouvoir disposer de son propre stade, construit selon des normes spécifiques propres à la MLS. Le club d’Orlando, qui a joué successivement au Citrus Bowl ou à l’ESPN Wide World of Sports Complex (situé dans le parc Disney World Resort), ne disposant pas de son propre stade, il lui était donc indispensable de se doter de son propre outil de travail. Mais pour cela, il fallait encore obtenir l’aide des pouvoirs publics pour financer en partie un projet estimé à 110 millions de $. Restait donc deux nouvelles marches à gravir : le Conseil Municipal et le Comté d’Orange. Deux commissions pour une accession, et un (léger) suspense quant aux chances d’accessions en MLS.

La première marche a été franchie sans encombre le 7 octobre dernier tout d’abord après un vote à l’unanimité du Conseil Municipal de la ville, qui a accordé 20 millions de $. Deux semaines plus tard, c’est le Comté d’Orange, qui par 5 voix (contre 2) a accordé 20 millions de $ supplémentaires en taxe de séjour, auquel on devrait y ajouter 30 millions de $ de naming. A cet instant le club pouvait enfin souffler, plus rien pouvait empêcher la création d’une franchise qui était de toute manière attendue, presque espérée. « On aimerait qu’Orlando devienne la prochaine équipe de l’expansion. » avait déclaré peu après le premier vote Mark Abbott, Président de la MLS.

A la rencontre d'Orlando City Soccer Club, 21ème franchise de MLS

L’accession en MLS officialisée, le club va enfin pouvoir passer à l’action et se lancer dans la construction d’un stade moderne et couvert de 18 000 places en plein centre-ville, et dont la construction devrait débuter au printemps 2014. Peu ou pas d’informations circulent pour le moment à propos de ce projet, mais il se dit que les dirigeants souhaiteraient lui donner un style « européen ». Reste à savoir maintenant quel potentiel on peut accorder à cette nouvelle franchise, peut-être pas de son effectif puisqu’il est bien évidemment trop tôt pour se prononcer, mais plutôt en termes d’image. Comment est perçu le soccer à Orlando ?

Le Soccer à Orlando : un sport en pleine ascension

S’il est vrai qu’il est toujours délicat de parler du potentiel d’une franchise avant même qu’elle soit lancée dans le grand bain, on peut néanmoins se questionner sur son possible succès auprès du public. Parce qu’après tout, nous sommes aux Etats-Unis, et le soccer, bien qu’unanimement  considéré comme le sport montant, est pour un certain public encore placé derrière d’autres sports américains, notamment en terme de prestige, tels le Basket, le Football Américain ou le Base-ball. En ce qui concerne Orlando, le problème se pose finalement peu, puisqu’au plus haut niveau existe seulement les Orlando Magic (NBA). Mais la question mérite néanmoins d’être posée : la ville d’Orlando s’intéresse-t-elle au soccer et à son club d’Orlando City ?

A la rencontre d'Orlando City Soccer Club, 21ème franchise de MLS

Lorsque la question a été posée à Chris Jones, sa réponse a été sans équivoque : pour lui, oui, le soccer a sa place à Orlando.

Il y a un énorme intérêt pour le football à Orlando, avec les Lions qui ont en moyenne attiré 8000 spectateurs par match en 2013, plus que n’importe quel club en dehors de la MLS. Nous avons aussi le record d’affluence pour un match de championnat en Ligue mineure, avec 20 886 spectateurs en USL Pro (Finale 2013), ce qui prouve que le soccer à Orlando représente un marché très important aux US.
Chris Jones

Au vu de ces chiffres, le club semble à n’en pas douter disposer de la nécessaire fanbase. Et d’après les supporters, ce n’est qu’un début car après tout, la franchise est jeune. Fawner Mazo, colombien d’origine et nouveau Président du 1er groupe de supporter du club à avoir vu le joueur, Les Ruckus, en est convaincu.

Orlando est une ville composée de gens qui viennent de partout dans le monde. Le sport mondial est le soccer. La ville sait que le soccer est LE sport d’avenir aux US. Cela prendra du temps, mais il sera très très populaire. Nous avons montré que même en 3ème division, nous avons toujours des fans. Et comme c’est un sport qui ne continue de croître, dans le pays, il va continuer à se développer dans la ville.
Fawner Mazo, président des Ruckus


La franchise, qui n’existe que depuis 2010, dispose déjà de plusieurs groupes de supporters, chacun étant bien décidé à apporter sa pierre à l’édifice. Il y a par exemple The Iron Lion Firm, qui supporte les joueurs avec une approche « plus traditionnelle d’Amérique Latine ou des Caraïbes » dixit J. Ambrose, représentant l’Iron Lion Firm, un groupe qui collabore énormément avec les Ruckus dans les différentes actions mises en places pour supporter les joueurs. Pour lui, leurs « chants, drapeaux, banderoles et fumigènes créent à l’arrivée une ambiance jamais vue auparavant dans la Ligue. ». La ferveur est bien là, comme en témoigne le record d’affluence au Citrus Bowl en septembre dernier pour la finale de play-offs.

A la rencontre d'Orlando City Soccer Club, 21ème franchise de MLS

Enfin, puisque l’affluence et les supporters du club ne sont pas les seuls indicateurs de la montée en puissance du soccer à Orlando, il est tout aussi important de mettre en avant le travail effectué par le club auprès des plus jeunes avec le programme OCYS.

Orlando City Youth Soccer est une part importante de la ville, avec plus de 2000 enfants participant au programme. Le club a pour objectif de créer une pyramide, avec l’espoir d’amener des jeunes jusqu’à l’équipe professionnelle.
Chris Jones

Autant d’enfants qui se voient un jour peut-être représenter haut et fort les couleurs violettes du club et qui sont fidélisés dès leur plus jeune âge. A chaque étage (municipalité, supporters, jeunes) l’intérêt pour le soccer et le club d’Orlando City peut être vérifié.

Demain, le club sera en MLS et aura l’occasion de démontrer les promesses que laissent entrevoir voir le projet du club. Il reste un an aux joueurs d’Adrian Heath pour se mettre au niveau des exigences de la MLS. Un recrutement cohérent et efficace va être opéré par la direction du club afin d’élever le niveau général de l’équipe. Par ailleurs, le club réfléchirait déjà à quelques pistes pour engager une star internationale à son équipe, tels un T. Henry à New-York ou un Di Vaio à Montreal. D’ailleurs, Flavio Augusto da Silva a déjà sa petite idée quant à l’identité de ce joueur.

Au média UOL Esporte, il aurait récemment déclaré qu’il aimerait bien faire signer au club son compatriote Kaka.

Kaka a déclaré qu’il aimerait jouer aux Etats-Unis, c’est un endroit qu’il aime. Notre objectif est d’attirer un joueur brésilien de haut niveau, que tout le monde connaît. Si c’est Kaka, nous serions ravis.
Flavio Augusto da Silva, président d’Orlando City

Alors qu’il s’apprête à réaliser le grand écart dans moins de 2 ans, Orlando City se prend déjà à rêver d’un avenir radieux deux étages au-dessus. Autant dire qu’à Orlando, on a déjà hâte d’être à demain.

Lire l'interview de Fawner Mazo, président des Ruckus d’Orlando City