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Régulièrement, on entend les journalistes sportifs ou les présidents parler de « bon joueur » ou de « bonne équipe de Ligue 1 ». Compliment ? Critique ? Tentative de définition d’une expression à géométrie variable.

Une bonne équipe de Ligue 1, premièrement, est un club stable. Un club qui peut avoir des difficultés, qui peut terminer dans le bas du classement, mais qui, grâce à sa structure et à la qualité de ses joueurs et de son staff, ne joue normalement pas le maintien.

Une bonne équipe de Ligue 1, deuxièmement, ne gagne pas, ou peu, de titres. Si c’était le cas, on parlerait d’une grosse écurie. Paris, Marseille, Lyon ou encore Bordeaux, en raison de leur palmarès, de leur puissance financière et de leurs ambitions, n’appartiennent donc pas à cette catégorie.

Une bonne équipe de Ligue 1, troisièmement, possède, le plus souvent, un bon centre de formation, base de son ossature et de sa pérennité parmi l’élite du football français. Ces clubs sortent régulièrement de bons joueurs de leur chapeau qui, football moderne oblige, iront ensuite voir ailleurs si leur talent se confirme.

Enfin, et en conclusion, une bonne équipe de Ligue 1 réussit de belles choses avec des moyens limités. Des victoires contre les favoris du championnat. Une qualification en Ligue Europa voire, en cas d’année exceptionnelle, en Ligue des Champions. Des victoires en Coupe de France ou, plus modestement, en Coupe de la Ligue.

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Ces dernières années, trois ou quatre équipes peuvent être considérées comme de « bons clubs de Ligue 1 ». Tout d’abord Lille, mais ses succès répétés et ses qualifications en C1 la placent aujourd’hui plutôt parmi les cadors du championnat. On peut aussi citer Montpellier, même si son irrégularité chronique peut la conduire en Ligue 2 en une saison. Mais au fond, ce qualificatif convient surtout à Rennes et Saint-Etienne. Des grandes villes, dotées d’un bon vivier de supporters, de bons centres de formation et d’une régularité intéressante.

Rennes et Saint-Etienne tirent le meilleur de leurs capacités. Financièrement à des années-lumière de Paris et Monaco et sportivement éloignées de Lyon, Marseille et Bordeaux, ces deux équipes, à la faveur d’une bonne année, peuvent néanmoins jouer la gagne. Si les Verts sont aujourd’hui sur une meilleure dynamique que les Bretons – tenants du titre en Coupe de la Ligue et 4e du championnat – c’est bien le Stade Rennais qui a été la bonne surprise française de ces 10 dernières années.

En moyenne, Rennes a terminé à la 7e place au cours des dix dernières saisons. Loin derrière Lyon et Marseille, mais mieux que Paris qui a flirté avec la relégation en 2007, 2008 et 2010. Une jolie performance donc pour le club breton qui, sous la direction de la famille Pinault, est devenu l’une des valeurs sûres du championnat.

Fortunés, mais pas autant que les magnats qatari et russe, François Pinault et son fils ont justement fait le choix du long terme et de la régularité. Une stratégie confirmée par l’échec des gros recrutements comme Severino Lucas et Luis Fabiano, deux joueurs qui n’ont jamais honoré les attentes placées en eux. Au contraire, le club a investi sur ses jeunes et sur des espoirs. Yoann Gourcuff, Yann M’Vila, Anthony Réveillère, et Jimmy Briand ont été formés au club avant d’intégrer l’équipe de France. Petr Cech, Kim Källström, Alexander Frei et Shabani Nonda ont quant à eux explosé en Bretagne avant de partir sous d’autres cieux.

Car oui, une bonne équipe de Ligue 1 souffre de la concurrence financière. Malgré les Pinault, Rennes aura toujours moins d’argent et de pouvoir d’attraction que Queen’s Park Rangers, dernier de Premier League l’an dernier. La faute notamment à un système fiscal français davantage redistributif. Il n’y a encore pas si longtemps, les stars issues du Stade Rennais seraient restées de nombreuses années au club et auraient certainement évité les frasques. Elles auraient en outre eu largement les capacités de conduire l’équipe vers un premier titre depuis 1971. Mais aujourd’hui un parcours à la Nantes 1995 ou Auxerre 1996 est presque inenvisageable.

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