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Dans le cadre du Sport Numericus 2014 qui se déroulait le 26 juin dernier à Paris, nous avons posé quelques questions à son fondateur, Serge Valentin. Année de coupe du monde oblige, le numérique sportif s’est beaucoup associé au football cette année.

Comment jugez-vous les différentes restrictions des fédérations sur l’utilisation des réseaux sociaux pendant le Mondial ?

"La FFF a parfaitement maîtrisé la communication des Bleus" : Serge Valentin, Sport NumericusSerge Valentin : C’est compréhensible. Les fédérations veulent préserver l’image de l’équipe nationale et par la même occasion protéger les joueurs des critiques. La saison qui s’est écoulée nous a encore livré quelques clashs et déclarations fracassantes sur les réseaux sociaux. C’est devenu un moyen d’expression pour les joueurs. Ces outils les rapprochent des supporters et leur donnent la possibilité de s’exprimer loin des micros officiels.

Avec les réseaux sociaux, on est dans l’immédiat, dans l’instantané. La moindre déclaration est observée. Et avec les captures d’écrans que font les internautes, c’est compliqué de revenir en arrière.

Comment se fait-il que les pays aient une utilisation si différente des réseaux sociaux pendant un événement planétaire comme le Mondial ?

SV – Le Mondial fait réagir la planète entière et les 255 millions de Twittos. Tout le monde est connecté pendant la Coupe du monde. Les nations engagées, en fonction de la population et du spectacle qu’elle propose sur le rectangle vert, mobilise différemment. Regardez la rencontre entre les Etats Unis et le Portugal. Le premier but de l’Américain Jermaine Jones a généré 234.956 tweets en une minute, celui inscrit de la poitrine par Clint Dempsey, à la 81e minute de la rencontre, a suscité un pic record de 304.603 commentaires. Les matchs à rebondissement font réagir sur les réseaux sociaux, chacun y va de son commentaire, c’est normal. Alors lorsque les USA sont sur le terrain, les chiffres explosent. Les américains sont précurseurs des réseaux sociaux et représentent la moitié des utilisateurs sur Twitter.

La grande nouveauté, c’est aussi d’avoir le replay des buts instantanément sur Vine.

L’équipe de France réussit-elle sportivement grâce à la maitrise de sa stratégie numérique ?

SV – Non, ce n’est pas lié. La stratégie numérique n’influence pas les performances des joueurs sur le terrain. Mais il faut reconnaître que la fédération a parfaitement maitrisé la communication des Bleus. Je pense par exemple au compte Twitter de la FFF et à leur chaîne Youtube qui plonge les fans au cœur de l’équipe. C’est très sympa pour les supporters. Le côté sportif et les bons résultats sont le moteur de la nouvelle relations des Bleus avec le public, c’est sûr. Mais la stratégie de communication y a aussi contribué. Les réseaux sociaux humanisent d’avantage les sportifs, le public apprécie.

Plusieurs joueurs se sont d’ailleurs lancé sur Twitter juste avant le Mondial, à l’image de Paul Pogba ou Karim Benzema. Chaque année, nous récompensons lors de Sport Numericus un athlète numérique. Parmi les nominés, il y avait Antoine Griezmann. Il est très à l’aise sur les réseaux sociaux et les contenus qu’il poste sont appréciés. Le vainqueur sera dévoilé le 26 juin au Stade Jean Bouin.

Les réseaux sociaux pourraient-ils, à terme, avoir un impact sur le jeu (choix des remplacement en fonction des tendances Twitter etc.) ? 

SV – Cela me semble compliqué. J’imagine mal les entraîneurs se plier aux exigences de la Twittosphère. Une tribune qui gronde, des banderoles hostiles dans un stade, oui, cela met la pression aux dirigeants d’un club. Mais jusqu’à présent, les réseaux sociaux n’ont jamais eu une impact directe sur le jeu et l’aspect tactique d’un match. Un jour, peut être…

Des médias ont décidé de ne faire que du web journalisme pendant le mondial, sans envoyer de journaliste au Brésil. A terme, sera-t-il toujours pertinent de les envoyer couvrir les événements ?

SV – Je pense que rien ne remplacera un journaliste terrain. Le journaliste, par ses écrits ou ses prises de parole, représente un média. C’est important d’avoir une présence terrain, une présence officielle. On le voit avec beIN SPORTS dont les studios sont basés à Doha pour la Coupe du Monde, cela ne les a pas empêché d’envoyer leurs journalistes sur place. Je pense aussi que le public a besoin de cette présence réelle, au plus proche de l’événement.

Pour la presse écrite, c’est différent. Cela fait longtemps que les rédactions n’envoient plus les journalistes sur place. Selon les événements, il y a des restrictions budgétaires. C’est dommage car je pense que rien ne remplacera l’observation terrain.

Dès son lancement en 2011, Sport Numericus s’est donné pour objectif de rassembler les professionnels du sport et du numérique. Ce rendez-vous, devenu incontournable pour les professionnels du secteur, se transforme cette année : nouveau lieu, nouveau format et nouvelles technologies. Avec plus de 1 500 participants depuis sa création, ce moment de rencontres et d’échanges est le lieu où prennent forme les actions digitales de demain.