AvideceWopyBalab

Nouvel article issu du concours Scoop du Monde en partenariat avec BeterZ.com. On le surnomme El Loco et il porte très bien son surnom. L’attaquant albiceste Martin Palermo est au football ce que Rama Yade est au gouvernement : une personne incomprise au milieu de 10 branques sensées avancer dans la même direction. Ou comment Sans alcool, la fête est plus folle. L’auteur de cet article est ce diable de govou.

« Les buts sont comme le ketchup : ils ont du mal à arriver, mais quand ils arrivent, ils arrivent d’un coup. » CR9, le néo-philosophe du ballon rond, déchiffre enfin le mode d’emploi de son pôt de Tomato Heinz, mais ces goinfres d’Argentins ne l’ont pas attendu pour débuter le festin. Alors pour éviter tout risque de surpoids, Docteur Maradona va mettre ses cadres à la diète. L’occasion pour un sérial « ketchuppeur-buteur » de s’enfiler un grec bien gras. Son nom : Martin Palermo.

11 octobre 2009. Stade Monumental, Buenos Aires. Ça y est ! Les petits indigènes péruviens, en plus de venir piquer les boulots des Argentins, viennent de priver la bande à Messi de leur safari sud-africain. Les dieux du climat enfoncent même le clou en rendant ridicules les nuques longues toutes raplaplas des Gutiérrez, Heinze et Romero. La Grande Faucheuse survole le stade pour récupérer les restes du Pibe de Oro lorsqu’à la 93e minute, suite à un corner au troisième poteau, à un nouveau centre, à une tête dévissée, à un autre centre moisi et à une ultime reprise ratée, un joueur de l’Albiceleste pousse le ballon au fond des filets. L’antre de River Plate explose : San Palermo, l’idole grisonnante de Boca, vient de libérer la nation d’un but de raccroc. Maradona peut exulter et battre le record du monde de glissade sur ventre rebondi.

Je t’aime, moi non plus

L’attaquant xeneize vient de sauver la peau de son mentor, celui qui avait lancé sa carrière en 1997. La panse remplie de ketchup et de toutes sortes de farines, Maradona s’offre alors un dernier baroud d’honneur dans l’entre-jeu de Boca, son club de cœur. Il tombe sous le charme d’un jeune attaquant blond peroxydé de l’Estudiantes et oblige ses dirigeants à le recruter. Ce joueur, c’est Palermo.

Le gaillard se forge très vite une réputation de tueur des surfaces du côté de la Bombonera. En plein tournoi de Clôture de la saison 1999, il se rompt les ligaments croisés du genou droit face à Santa Fe mais reste sur le terrain pour inscrire son centième but en Première Division avant de s’écrouler. « El loco » (« le fou ») reviendra sur les terrains six mois plus tard et sera le grand artisan du triplé championnat, Copa Libertadores et Coupe Intercontinentale avec un doublé face au grand Real de Madrid en moins de six minutes de jeu, s’il vous plaît. Il gagne logiquement ses galons de titulaire au sein de la sélection nationale mais les perd aussitôt après avoir raté trois pénaltys contre la Colombie en Copa América. Le début de la fin, sans doute.

Une carrière à la con

Pourquoi Martin Palermo est finalement le plus grand génie du foot ?De 1999 à 2008, El loco a dû s’égarer dans la pampa de ses terres natales. Peut-être à Ushuaïa pour donner des conseils capillaires à Florent Pagny, qui sait ? Ce qui est sûr, c’est que tant sur le plan tactique que technique, c’est la traversée du désert. Il commence à suivre dangereusement les traces des Cyrille Pouget et autres Wagneau Eloi. Il était pourtant prometteur, le bougre !

Il faut bien avouer qu’après avoir maté le Real à lui tout seul, le sort s’acharne sur lui. Son aventure à Villarreal tourne au fiasco. Il marque peu. Il n’aurait même jamais dû marquer : en 2002, il part célébrer un de ses buts avec les supporters. Normal, El Loco est content, ça faisait longtemps ! Sauf qu’un pan de la tribune s’écroule sur lui et réduit en miettes tibia et péroné. Cette fois-ci, les carottes sont vraiment cuites.

Palermo retourne à Boca en 2004. Il replante des buts mais l’opinion lui préfère désormais des joueurs comme Crespo, Saviola et Tevez. Il est tout de même mis à l’honneur : meilleur joueur de la tête de l’histoire selon la FIFA (devant Klose et Zamorano), premier joueur à avoir transformé un pénalty des deux pieds, joueur ayant inscrit le but le plus lointain de la tête (38,9m), meilleur buteur de l’histoire de Boca avec 213 buts au compteur,… Il a également été nommé en mai dernier « citoyen d’honneur de la ville de La Plata ». Bref, une chambre des trophées que le monde entier lui envie.

Un retour en grâce face à la Grèce ?

Mais voilà, depuis qu’un autre fou a pris les commandes de la sélection, El Loco est de retour au premier plan. Lisandro Lopez s’en réjouit, paraît-il. Que les Grecs se méfient, « le violeur de poules » (les joueurs de River sont surnommés « les poules ») n’attend qu’une chose : recouvrir Kyrgiakos et Seitaridis de ketchup. Et puis ça tombe plutôt bien, les grecs au poulet, c’est pas mauvais. Et que dire du poulet à la grecque ! Un délice.

Maradona va-t-il le faire participer à ce festin ? Scientifiquement, rien n’est moins sûr. El Loco totalise 14 sélections, tout comme Cazorla et Giuseppe Rossi. Or, ces deux derniers, passés par Villarreal, vont passer leur temps à cirer les bancs sud-africains ou à s’endormir sur leur canapé devant Honduras-Suisse. Un mauvais signe pour Palermo ? La malédiction du 14 de Villarreal ? David Astorga le demandera à son ami Diego…ou pas.

Notes d’espoir : les vieux sont à l’honneur dans ce Mondial (voir Cuauhtemoc Blanco). Cela ferait du bien à Xavier Gravelaine, lui qui n’apprécie guère le style de jeu sensuel des Héllènes (à sa décharge, l’expression « qu’il est bon, ce diable de Charisteas » est une antithèse) et qui souffre du vacarme vuvuzelien. Enfin, si les joueurs avec le maillot bleu, blanc et rouge se qualifiaient et rencontraient l’Argentine en 1/8e, Palermo a tout prévu : il se déguisera en Zahia (1) pour motiver ses adversaires et rendre le match plus équilibré. Soyons fous, prenons un petit verre de Palermo, la fête n’en sera que meilleure !

(1) Sur une photo de son site officiel, Palermo apparaît sous les traits d’une prostituée