AvideceWopyBalab

Dans la riche histoire du football, il y a deux catégories de joueurs ; d’un côté, ceux qui ont marqué des générations entières par leur talent, qui ont apporté du rêve et de l’émotion dans les chaumières, et les autres, en bons professionnels, qui font leur métier dans une discrétion certaine. Et puis, il y a le Brésilien Henrique Raposo, un phénomène comme on n’en fait plus, qui pour d’autres raisons, a marqué à sa manière le football des années 80/90.

Dépourvu de talent de footballeur, Raposo a feint de l’être pendant 20 ans, où il a réussi à porter le maillot de grands clubs au Brésil, au Mexique et même en France.

J’ai bien dit porter, car hormis le fait qu’il ait signé dans tous ces clubs, il a toujours fait preuve d’ingéniosité et d’artifices afin de ne jamais vraiment y jouer, et il est passé d’équipe en équipe sans disputer une seule minute sur le terrain. Tout bonnement incroyable, chose impossible aujourd’hui à l’ère du numérique, et de l’information quasi-instantanée.

Par son apparence physique, Henrique Raposo avait une ressemblance toute relative avec l’Allemand Franz Beckenbauer, qui lui valut alors le surnom de « Kaiser » au commencement de sa carrière en 1986. Son ami Mauricio, idole de Botafogo, parla alors pour lui, et lui obtint son premier contrat professionnel dans ce grand club brésilien. Au final, il n’y aura jamais joué une seule minute.

En effet, lors des entraînements, il faisait des mouvements inappropriés, puis il se touchait la cuisse simulant une blessure et restait aux soins pendant une vingtaine de jours. A cette époque, l’IRM n’existait pas et le staff médical devait croire sur paroles, le joueur. La période d’indisponibilité passée, il avait un ami dentiste qui lui faisait des certificats médicaux pour des blessures inexistantes. Et ainsi, les mois s’écoulèrent.

Mauricio et Henrique, bras dessus dessous

Mauricio et Henrique, bras dessus dessous

Il aurait pu s’arrêter là, mais tout beau parleur qu’il était, il se lia d’amitié avec les grandes figures du monde du football. Grâce à ses relations et notamment celle avec Renato Gaucho, dirigeant influant, il signa au club de Flamengo la saison suivante.

Ainsi, l’histoire se répéta. Henrique, qui n’avait pas le ballon pour ami lors des entraînements, se heurtait volontairement à ses coéquipiers et partait en boitant bas à l’infirmerie. Comme si cela ne suffisait pas, Raposo n’avait pas trouvé mieux pour impressionner ses coéquipiers, que de parader avec un téléphone portable (symbole de réussite à l’époque) en baragouinant un semblant d’anglais à des pseudos agents européens.

Quelques jours plus tard, le vestiaire découvrit alors qu’il ne savait pas parler anglais et que son téléphone était factice. Avec l’aide d’amis journalistes, il signa alors dans le club de Pueblo au Mexique puis à El Paso dans le championnat américain, toujours en simulant des blessures et en n’y jouant aucune minute.

En 1989, il revint au Brésil, dans le club de Bangu ; où il débuta un match, mais juste après le coup d’envoi, il se précipita sur un adversaire et lui asséna un coup de poing, il se retrouva alors expulsé. En anticipant les reproches qu’aurait pu lui faire le coach, il lui vint une idée lumineuse.

Dieu m’a donné un père puis me l’a enlevé, maintenant Dieu m’en a donné un second (en se référant à l’entraîneur) et je ne laisserai personne l’insulter.
Henrique Raposo

Le technicien ému par ces paroles, lui renouvela son contrat pour six autres mois.

Avec son habilité à tromper tout le monde, Raposo passa par les clubs d’America, Vasco de Gama et Fluminense. Il expliquait que pour avoir autant de soutien et d’amis chez les joueurs, il avait une technique imparable : Lors des mises au vert, il arrivait deux ou trois jours avant à l’hôtel, il emmenait une dizaine de filles et réservait 2 étages. Toute l’équipe était très contente de ces préparations hors du domicile conjugal et personne ne rechignait à y aller.

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Après l’étape sud-américaine, le Brésilien fut transféré au Gazelec Ajaccio. Lors de sa présentation officielle, il trouva une parade pour ne pas être ridicule. Il y avait beaucoup de ballons sur le terrain et il était censé jongler avec. Ne sachant pas le faire, il commença à lancer les ballons au public venu le voir en embrassant l’écusson du club sur son maillot. Les supporteurs étaient dingues, et au final, il n’y avait plus aucun ballon sur la pelouse.

Malgré son passage dans beaucoup d’équipes, il aura joué en tout et pour tout quelques bouts de matchs (34 en 20 saisons) et ce, sans jamais toucher le ballon. Il prendra sa retraite à 39 ans sans remords pour ce qu’il a fait ou plutôt n’a pas fait…

Les clubs ont gagné énormément d’argent sur les joueurs et quelqu’un se devait de les venger…
Henrique Raposo

Il restera à jamais comme le Forrest Gump du football brésilien.

La chronologie des clubs où il n’a pas vraiment joué :

  • Botafogo
  • Flamengo
  • Puebla
  • El Paso
  • Bangu
  • Gazélec Ajaccio
  • Fluminense
  • Vasco da Gama
  • Independiente
  • America
  • Guarany de Camaquã