AvideceWopyBalab

Le nom du championnat a des relans de Ligue 1 Orange après une soirée bien arrosée : Süper Lig. Blurp ça pue la vodka pas fraiche. Alors que certains joueurs peu inspirés filent aux USA matter les seins de Victoria Beckham, quelques irréductibles tentent l’aventure, la vraie : la Turquie. Pas tout à fait en Europe mais franchement exotique, la destination arrive en tête des mouvements européens. Ils sont fous ces joueurs.

L’appel de l’aventure… et un peu de l’argent

Les transferts les plus médiatiques de l’intersaison turque ont été ceux de Quaresma et Guti chez les intermitents de Besiktas. Une nouvelle arrivée de recrues en vacances pré-retraite qui tentent de redorer le blason d’un championnat à l’orientale.

La vague estivale a commencé mi-février avec un des plus gros mouvements turcs. Sur le banc. Guus Hiddink devient le nouveau sélectionneur au 1er août. Accompagné par sa réputation sulfureuse (dopage, connaissances mafieuses,…) mais surtout son palmarès, il émarge à 3,75M€ nets par an. Pour une dizaine de matchs, on vous laisse faire le calcul. Guus est le premier à confirmer le renouveau d’un pays prêt à y mettre les moyens : « cela fait 20 ans que je suis passé à Fenerbahce et beaucoup de choses ont changé. Même si on apprend des erreurs du passé, je peux vous dire que le football turc a un beau futur devant lui ».

Comme un bon vieux Indiana Jones, la chaleur des tribunes méditerranéennes fait envie. Comme lors d’un bon vieux derby grec haut en couleur, la passion et surtout la pression des supporters locaux peuvent servir de motivation à des joueurs habitués à pousser la balle au rythme de petits vieux imbibés de pinard qui chantent Les Corons dos à la pelouse. Issar Dia atteste : « Je sais que les supporters sont très chauds en Turquie. J’ai été présenté lors d’un match amical en Allemagne face à Galatasaray. C’était impressionnant. J’ai déjà hâte de disputer les grands derbies d’Istanbul. »

Leur ferveur est même aveugle à tel point qu’ils s’attachent à des noms qui ne sont plus efficaces depuis des lustres (Kezman, Roberto Carlos, Guti, Quaresma, …). Attirer des noms surtout, mais pas que. Il y a une autre idée derrière la tête.

La Turquie prépare sa remontée des championnats

Au milieu de ces joueurs, une remarque. Beaucoup de joueurs proviennent du championnat de France. Si la plupart d’entre eux sont de confession musulmane, l’appel des nouveaux dollars turcs est plus fort que l’aspect financier. Les 6 joueurs ne sont pas des inconnus. Issar Dia était longtemps associé à des gros clubs français (Marseille et PSG) avant de rejoindre Fenerbahce, Mamadou Niang était convoité par des grosses écuries anglaises (Everton, Arsenal) avant lui aussi de rejoindre le Fenerbahce et Juan Pablo Pino était vu comme l’attaquant de demain en Colombie.

Tableau des plus gros transferts de Süper Lig (source)

Les raisons de l'exode des joueurs en Turquie

Par rapport à ces transferts, le Big Three turc (Besiktas, Galatasaray, Fenerbahce) joue le rôle de locomotive et a recruté des joueurs de renommée aux postes offensifs tout en faisant confiance à leur formation pour les tâches défensives. Le fossé devient de plus en plus grand par rapport àaux autres clubs du pays peu aidés financièrement. Dernière proie en vue : Robinho serrait sur le point de s’engager avec le Fenerbahce pour apporter au championnat une visibilité en Amérique du Sud mais aussi en Angleterre, toujours aussi friande des potins de Robinho. Au pire, Besiktas, toujours partant pour dénicher des gros flops, serait interessée.

Le championnat turc est aujourd’hui considéré au 6 ou 7ème rang européen. Malgré les excellentes prestations de Galatasaray (Victoire en Coupe UEFA en 2000), les autres clubs turcs ne font qu’acte de présence à l’échelle européenne. Heureusement pour eux, leurs concurrents directs sont aussi mauvais en Europe.

Pour sortir la tête de l’eau, les clubs investissent des sommes importantes. Et le meilleur moyen de grapiller des places sur les championnats concurrents est de piquer des joueurs à ses concurrents. Le championnat de France étant de très peu devant le championnat turc, on ne peut pas s’empêcher de faire le parallèle. C’est pour ça qu’on entend parler de joueurs comme Cana à Galatasaray ou Grégory Proment à Antalyaspor.

Après le transfert de Mamadou Niang, Fenerbahce a avoué avoir eu des plans B, tous en France : Bafé Gomis, Guillaume Hoarau, Loïc Rémy et Asamoah Gyan.

Le football, échappatoire politique

Fin mai, l’UEFA annonçait que l’Euro 2016 se déroulera en France. Le dossier en béton turc ne suffira pas. Les raisons politiques évidentes empêchent la Turquie d’être un acteur majeur du football européen. Le championnat turc doit ainsi en grande partie sa candidature à l’intégration à l’Union Européenne à son existence d’un point de vue sportif sur le continent depuis 1962. Hasard ou coincidence, l’année qui a suivi l’annonce à Helsinki de la candidature de la Turquie à l’UE, le Galatasaray remportait la Coupe de l’UEFA. En 2005, pour la première fois, la finale de la Ligue des Champions avait lieu au stade Atatürk d’Istanbul. Hasard ou coincidence, le stade se trouve sur la partie « européenne » du pays, à l’ouest du bosphore.

La Fédération turque a bien retenu la leçon et tâche dorénavant de réparer un passé lourd, tant culturel que sportif.

En novembre 2005, la Suisse vient jouer un match de barrage en Turquie. Les turcs travaillant à l’aéroport déploient une banderole « Bienvenue en enfer ». Sympa. Le reste du match l’est tout aussi. Grichting se fait opérer des testicules et les entraineurs adjoints s’envoient des prunes. Bilan : une non-participation au Mondial 2006 presque à domicile, en Allemagne.

Autre événement en 2008 : l’Arménie et la Turquie sont dans le même groupe qualificatif pour la coupe du monde 2010 et le président arménien Serge Sarkissian invite à Erevan le président turc, Abdullah Gül. Ce dernier lui a rendu la pareille lors du match retour disputé en Turquie, à Bursa. L’essentiel n’était pas sur le terrain, mais en coulisses : quatre jours plus tôt, à Zurich, les deux pays avaient signé un protocole de paix, le premier depuis le génocide de 1915, visant à normaliser les relations et à ouvrir leur frontière commune. Le lendemain du match, les quotidien turc Hurryet affirmait ainsi :«nous ne jouons pas un match, nous bâtissons l’histoire».

Après le fiasco de France / Turquie à Lyon et les histoires de matchs arrangés avec l’ancien international Fatih Akyel, le pays tente surtout de se rebâtir une crédibilité européenne. Par le terrain.

Les raisons de l'exode des joueurs en Turquie