AvideceWopyBalab

Il paraît que le phoenix renaît de ses cendres. Ce ne sont pas les supporters du PSV Eindhoven qui nieront l’adage. Indétrônable leader du championnat des Pays-Bas depuis le début de saison, le club est en passe de reconquérir un titre de champion qui lui faisait la tronche depuis sept ans. Comment dit-on « come-back » en néerlandais ?

1er mars 2015. Anwar El Ghazi assomme les 35 000 spectateurs du Philips Stadion d’une exquise frappe enroulée dans le temps additionnel. Le jeune attaquant de l’Ajax Amsterdam vient d’inscrire le troisième pion de son équipe face au PSV Eindhoven. Balayés trois buts à un, les Boeren (en français, fermiers, NDLR) perdent le Klassieker devant leur public, eux qui avaient remporté la manche aller sur le même score en août dernier. Ce revers, qui met fin à une série dantesque de douze succès de rang, n’est que le troisième subi par le PSV depuis le début d’une saison gargantuesque. Comme le personnage de Rabelais lors d’un buffet royal, les jongens (garçons) du grand Philip Cocu dévorent tout sur leur passage en Eredivisie. Leaders incontestés du championnat néerlandais avec 70 points glanés en 28 journées, ils enchaînent les victoires et martyrisent les défenses adverses, avec pas moins de 72 buts inscrits jusqu’à présent. A sept matchs de l’épilogue, le PSV compte onze unités d’avance sur son dauphin, l’Ajax, et fonce à toute vitesse vers son 22ème titre national. Un Graal qui fuit le club du Sud des Pays-Bas depuis 2008.

Un Franse et des jeunes fougueux

Jajajalalaaa Isimat, Isimat Mirin !
Les supporters du PSV

Au cœur de cette réussite figure un Français bien connu des terrains de Ligue 1. Prêté par l’AS Monaco, Nicolas Isimat-Mirin est arrivé à Eindhoven en septembre dernier après une saison difficile sur le Rocher. Aligné à douze reprises en championnat et buteur lors de la dernière victoire face à Groningen (2-1), le défenseur central de 23 ans s’éclate. Il a répondu aux questions de PKFoot. « En France, on est beaucoup sur l’aspect tactique et sur l’impact physique, alors qu’ci, c’est très technique, il y a beaucoup d’espaces et de un contre un. Ça donne des matchs plus ouverts », observe l’ancien Valenciennois, qui a été très bien accueilli aux Pays-Bas. « Mon acclimatation se passe bien, mes amis et coéquipiers m’ont montré les bons restaurants, parfois on organise des parties de karting ou de paintball. Mais c’est surtout la mentalité des gens ici qui me plaît, tout le monde est simple, gentil… ». A tel point que le Français pourrait rester à la fin de la saison, le club disposant d’une option d’achat. Les supporters l’ont, eux, déjà adopté avec une chanson en son honneur, « Jajajalalaaa Isimat, Isimat Mirin ! ». La classe.

Le roi PSV Eindhoven est de retour

Nicolas Isimat-Mirin

En attendant, Isimat-Mirin prend son pied aux côtés d’une génération dorée. « J’ai la chance et le plaisir de côtoyer des jeunes joueurs très talentueux ici. Pour chaque ligne de l’équipe, il n’y a que des très bons joueurs, Guardado, Zoet, Narsingh, Depay, Wijnaldum, De Jong etc… On ne peut que progresser ». Symbole de cette bande de gamins un peu barrés, Memphis Depay. Révélé lors de la dernière coupe du Monde avec les Oranjes, l’attaquant de 21 ans réussit une saison tonitruante. Auteur de 17 buts en Eredivisie, Depay affole les compteurs et les défenses adverses. Rémy Amieux, défenseur français évoluant au NAC Breda, a croisé la route de Memphis à deux reprises cette saison, pour deux raclées (6-1 et 2-0). Autant dire qu’il n’en garde pas un grand souvenir. « Depay est vraiment au-dessus. Quand il commence à accélérer en contre, il n’y a plus rien à faire… Je pense qu’en fin de saison, il est en Angleterre… Wijnaldum aussi, c’est lui qui fait le jeu. Et Guardado, c’est abusé ! Contre nous, il démarre numéro huit. Le PSV prend un rouge au bout de 28 secondes et il passe de milieu à arrière gauche, et il a été énorme. Et à vingt minutes de la fin, il est repassé au milieu. C’est là que tu vois les qualités des joueurs ». Outre ceux-ci, on pourrait citer Jetro Willems, le latéral gauche aux 12 passes décisives, son homologue colombien du côté droit Santiago Arias, le maestro Adam Maher, ou encore la charnière centrale 100% néerlandaise Bruma-Rekik.

La chance de Cocu

Chef d’orchestre de cette équipe infernale et imprévisible, Philip Cocu. L’ancien milieu de terrain, nommé sur le banc en 2013 après une expérience en tant qu’adjoint, est en passe de ramener son club de toujours au sommet du football hollandais. Champion quatre fois avec le PSV sur le terrain et apparu sous le maillot Rood-witten (rouge et banc) à 253 reprises, Cocu revient pourtant de très loin. Opéré d’une tumeur au dos il y a tout juste un an, il a dû prendre du repos en fin de saison dernière. Pour mieux revenir. Après une quatrième place peu glorieuse pour un club habitué aux deux premières places la saison dernière, celui qui a succédé à Dick Advocaat est tout prêt de réussir son pari. « C’est un bon coach, plutôt discret dans les médias », décrit Rémy Amieux. « Ce n’est pas trop quelqu’un qui se met en avant même s’il a eu une carrière plutôt fournie. Il est posé, calme, un peu à la Laurent Blanc. Il a été footballeur de haut niveau donc il sait comment agir avec les joueurs. Il sait ce qu’il dit et de quoi il parle ». Légitime de par son passé au club, Cocu sait se faire écouter. Décrit comme un entraîneur moderne, il prône un jeu rapide et offensif. « La philosophie du coach est basée sur le pressing haut à la perte de balle, la succession de passes courtes… Il nous répète souvent d’attendre le décalage et insiste sur la prise d’initiative », raconte Isimat-Mirin, qui a d’ailleurs connu un certain temps d’adaptation avec les méthodes d’entraînement du coach néerlandais. « Mes premiers jours ici, j’ai été surpris par la durée des entrainements. Je trouvais les séances très longues mais avec un contenu varié, alternant la course sans ballon, le jeu de passe… On termine aussi par un jeu, alors qu’en France, en une heure tout est bouclé. Ici, c’est très intense, il y a peu de récupération ».

Le roi PSV Eindhoven est de retour

Rémy Amieux est au fond, à gauche

Un titre avant les étoiles

Jeu, ballon, et encore jeu. A la fois simple et détonnant, le cocktail pétille sur le terrain. Comme beaucoup d’équipes d’Eredivisie, le NAC Breda de Rémy Amieux en a fait les frais. « A l’aller, je me souviens avoir fait jeu égal en première mi-temps même si on perdait 1-0 à la pause », raconte le défenseur. « Mais en deuxième période ils ont accéléré en un quart d’heure et c’était plié, avec deux coups-francs de Depay. Au retour, ils ont pris un rouge après 28 secondes jeu, et au final ils nous ont quand même dominé tout le match, même à dix contre onze. Ils ont une facilité technique et un sens tactique au-dessus de la moyenne. Leur plan était complètement tombé à l’eau avec le rouge mais il n’y a pas eu de différence ensuite, ils ont eu le ballon tout le match. On était un de plus sur le porteur à chaque fois mais ils s’en sortaient tout le temps. Ils se trouvent super bien, au milieu de terrain ça joue vraiment bien ».

Alors qu’il marche sur le championnat néerlandais, le PSV n’a pas su confirmer sur la scène européenne, éliminé par le Zénit Saint-Pétersbourg en 16es de finale de Ligue Europa. Mais les supporters n’en ont que faire, eux qui se préparent à revivre la sensation enivrante d’un titre dont ils sont privés depuis 2008. Eindhoven devrait redevenir la capitale du football hollandais, après quatre années de domination de l’Ajax, comme elle l’a été lors des années 2000 avec sept titres glanés lors de cette décennie. Avant de retrouver la Ligue des Champions la saison prochaine.