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José Mourinho était revenu pour ça, le voici champion d'Angleterre à nouveau. Chelsea a dominé une Premier League décriée cette saison, en raison des résultats de ses représentants en Coupe d'Europe. Et si le spectacle a été au rendez-vous, l'absence de suspense a rendu la saison moins haletante qu'à l'accoutumé.

Derrière Chelsea, le néant ou presque…

La presse est souvent dure avec ce Chelsea, qu'on taxe volontiers de gagne-petit. Autant le dire franchement : sur les 3 derniers mois de compétition, les Blues ont joué pour assurer le résultat, contrairement à une première moitié de saison où l'équipe était plus portée vers l'avant. En 2015, le champion a gagné par la plus petite des marges 9 fois sur ses 15 victoires, car une victoire par le plus petit écart rapporte aussi 3 points. Mais comme le dit Mourinho pour défendre son équipe que le public juge ennuyeuse, Chelsea est la deuxième meilleure attaque du Royaume, et la taxer d'équipe défensive serait un peu réducteur.

Le vrai problème n'est pas que ce Chelsea soit champion, mais plutôt que personne n'ait pu suivre la cadence et entretenir le moindre suspense. Manchester City s'est toujours appuyé sur Kompany, Touré, Silva et Aguero. Seul le dernier a évolué à son niveau durant l'ensemble de l'exercice, et les seconds couteaux n'ont pas su prendre le relais. Arsenal n'a pas attaqué la saison du bon pied, avec un rythme d'équipe de milieu de tableau jusqu'à la 15e journée, avant un réveil intéressant, mais trop tardif. Manchester United a passé les trois quarts de l'année à se chercher une équipe-type. Liverpool n'a pas su se relever après le départ de Suarez. Enfin, Southampton a logiquement fini par craquer, mais on peut difficilement leur en vouloir car ils n'ont pas les mêmes moyens. Même remarque pour Tottenham ou Everton, même si eux n'ont même pas réussi à entretenir la moindre illusion.

De manière générale, cette Premier League aura été moins spectaculaire que d'habitude, aucun choc entre membres du traditionnel Big Four et le nouveau riche City n'ayant tenu toutes ses promesses, occasionnant même des matches assez pauvres. C'est finalement l'invraisemblable Tottenham-Chelsea qui aura été le match le plus stunning de la saison.

Le meilleur joueur : Aguero était trop seul

Il peut occuper tout le front de l'attaque ou être associé à un autre joueur, sans que cela n'impacte son rendement. Ses petits appuis, sa capacité à se démarquer dans la surface, à prendre la profondeur au bon moment, et son sang froid devant le but en font l'attaquant du Royaume le plus prolifique. Je parle bien sûr de Sergio Aguero, l'ancien gendre idéal de Maradona. L'Argentin n'a pas démérité, surnageant même lorsqu'il n'était pas aussi bien soutenu que d'habitude par ses coéquipiers, et inscrivant 26 buts en championnat, record personnel. Je ne suis pas fan des stats, ou plutôt de l'importance qu'on leur donne, mais son absence dans les nommés pour le titre de meilleur joueur de la saison m'interpelle encore aujourd'hui. Car au-delà de ses buts, son apport dans le jeu est énorme.

Le coup de cœur : Terry ne meurt jamais

Triple champion d'Angleterre et vainqueur de la Ligue des champions avec son club de toujours, pourrait être adulé par tous. Mais contrairement à Gerrard, Totti, Maldini ou Xavi, ces autres capitaines d'un seul navire, dont on loue la fidélité, on ne retient de Terry que son agressivité parfois mal maitrisée, son aventure avec la femme de son coéquipier et ami Wayne Bridge, ou ses insultes racistes à l'encontre d'Anton Ferdinand, frère de Rio, son ancien alter ego en équipe nationale. C'est bien dommage, car on parle d'un monument du football moderne. Trois fois élu meilleur défenseur européen de l'année, l'Anglais a encore prouvé cette saison qu'il était un grand joueur, loin d'être lassé par plus de 15 ans de carrière, et toujours capable de rendre plus solide sa défense. Le capitaine n'a pas un jeu suffisamment élégant pour faire rêver, mais sa motivation et son niveau de jeu, à son âge, suscitent mon admiration.

Mais aussi

  • , élu meilleur joueur du championnat anglais, après avoir reçu la même récompense en France à deux reprises, est définitivement un joueur spécial
  • Alexis Sanchez, pour sa première saison réussie en Angleterre
  • , qui montre qu'un regista peut aussi exister en Premier League
  • Morgan Schneiderlin, encore une fois énorme avec Southampton
  • Aaron Cresswell, pour sa première saison en Premier League réussie, et qui méritait selon moi de figurer dans l'équipe-type du championnat
  • Leicester et Crystal Palace, équipes enthousiastes, qui ont amplement mérité le maintien

Le joueur qui a le plus progressé : Sterling et Coutinho, frères jumeaux

Le départ de Suarez, la blessure de Sturridge, et l'incapacité de Balotelli et Lambert à s'imposer en attaque, ont forcé Raheem Sterling et Coutinho à prendre leurs responsabilités cette saison. L'Anglais et le Brésilien ont rempli leur rôle à merveille. S'ils sont encore perfectibles, notamment au niveau du dernier geste, les deux pépites n'ont eu cesse de créer des brèches dans les défenses adverses, à force de courses, de dribbles et de frappes lointaines. Insouciants, toujours provocateurs malgré les échecs, Sterling et Coutinho n'ont pas pu mener leur équipe à une qualification en Ligue des champions, mais auront au moins eu le mérite d'égayer chaque match d'une saison particulièrement difficile. Et c'est déjà pas mal.

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L’espoir : Kane, l’invité surprise

Personne ne l'attendait vraiment, pas même les supporters des Spurs. Harry Kane a explosé cette saison, reléguant au rang de remplaçants des joueurs accomplis comme Adebayor et Soldado. Le buteur anglais, devenu international cette saison, a encore beaucoup à prouver, mais son profil est très intéressant puisqu'il sait tout bien faire, et que son entente technique avec Eriksen saute aux yeux. Sa faculté à se mettre très vite en position de frappe a surpris plus d'une équipe cette saison. Reste maintenant à confirmer, mais l'avenir s'annonce radieux pour celui qui ne devrait pas faire de vieux os du côté de Tottenham…

La recrue de l'année : Costa, le chaînon manquant

L'an dernier, Mourinho avait le choix entre Ba, Eto'o et Torres. Le Portugais s'est débarrassé de ces trois joueurs, et les a remplacés par Drogba, Rémy, et surtout Diego Costa. Bien servi par Fabregas, Hazard et Oscar, l'Espagnol (ou Brésilien, ça dépend) a empilé les buts, rapportant de nombreux points aux nouveaux champions d'Angleterre. Point de fixation idéal en attaque, assez costaud pour jouer dos au but et mobile pour prendre la profondeur, Costa s'est également attiré beaucoup d'ennemis, en raison de son jeu particulièrement engagé. Mais il est indubitablement la recrue qui a eu le plus d'impact cette saison en Premier League, et mérite toutes les félicitations.

Le flop : Di Maria, adaptation manquée pour le moment

Egalement attendu pour jouer les premiers rôles, Angel Di Maria aura vécu une saison compliquée. Après de très bons débuts, il a sombré dans l'anonymat. La faute à plusieurs prestations quelconques, et à une expulsion face à Arsenal qui finira par le condamner : c'est lors du match suivant que van Gaal finira par trouver la recette la plus efficace, sans son joueur argentin. Recruté à prix d'or après une dernière saison stratosphérique avec le Real Madrid et une bonne Coupe du monde, Di Maria ne s'imaginait probablement pas vivre les derniers mois de compétitions sur le banc.

A lui de prouver qu'il ne s'agit que d'une transition nécessaire à l'adaptation en Angleterre, et qu'il est digne de porter le mythique numéro 7 de Manchester United.

A moins qu'il ne parte dès cet été, la presse lui prêtant un mal du pays exacerbée depuis le cambriolage dont il a été victime. Cela ferait de lui un des plus gros gâchis financier de l'histoire du football, car Di Maria, recruté pour 75 millions cet été, a disputé moins de 10 matches de championnat dans leur intégralité cette saison.

Mais aussi

  • Sturridge et Benteke sont intrinsèquement 2 des meilleurs attaquants en Angleterre, encore faut-il que les blessures ne les empêchent pas de le montrer
  • Falcao et n'ont pas réussi à s'imposer à United
  • Mangala déçoit pour le moment à Manchester City, surtout au vu du montant de son transfert. Le Français devait devenir le parfait complément que cherche Kompany (également en difficulté) depuis plusieurs saisons
  • Newcastle a vécu une première partie de saison médiocre, avant une seconde partie cauchemardesque qui a failli lui être fatale