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La saison est terminée en , après un sprint final haletant au niveau du maintien, beaucoup moins au niveau de la course au titre, facilement remportée par le Bayern Munich. Que faut-il retenir de ce championnat d'Allemagne ?

Le Bayern Munich encore trop fort

Les dernières semaines de compétition, un peu plus délicates pour le Bayern Munich, ne suffiront pas à entacher l'image du champion, qui a encore écrasé la concurrence. L'ogre bavarois, pas épargné par les blessures, dispose d'un effectif suffisamment fourni sur les plans quantitatif et qualitatif pour présenter, à chaque journée, une équipe compétitive.

Sur ces 25 victoires en championnat, le Bayern Munich en a remporté 11 par au moins 3 buts d'écart.

Si on excepte les points perdus lorsque le titre était déjà acquis, les hommes de Guardiola n'auront connu que 2 revers cette saison en Bundesliga, face à Wolfsburg et Gladbach, mais toujours avec une marge de manœuvre suffisante pour relativiser. Meilleure défense, attaque la plus prolifique, leader incontesté : cette équipe est la plus forte en Allemagne, et a logiquement remporté le titre.

Derrière, s'il n'y a pas eu de suspense pour le Graal, les places européennes se sont arrachées par de valeureuses équipes. Et si on excepte l'invité surprise Augsbourg, l'identité des prétendants à l'Europe était déjà connu en début de saison, même si on les attendait dans un autre ordre. Le Bayern mis à part, le niveau de la Bundesliga est homogène, et rend le championnat intéressant. Pour faire un schéma, on peut dire que Wolfsburg, Gladbach, Leverkusen, Schalke ou Dortmund ont un effectif assez talentueux pour figurer en demi-finales de Ligue Europa, là où le Bayern Munich joue la victoire finale en Ligue des champions. A noter que la lutte pour le maintien a également été spectaculaire et indécise jusqu'au bout, avec de nombreux coups de théâtre.

Le meilleur joueur : De Bruyne, à défaut de Robben

Il avait surpris, en critiquant ouvertement Mourinho pour le faible temps de jeu qu'il bénéficiait à Chelsea. Sûr de lui en dehors du terrain, Kevin De Bruyne affiche également une certaine assurance sur le pré, où sa vitesse d'exécution, sa vision de jeu, sa frappe de balle et sa précision de passe font des merveilles. Dans la mesure où Arjen Robben, définitivement meilleur joueur de Bundesliga, a manqué trop de matches cette saison pour cause de blessures, il est le joueur qui a retenu mon attention. Offrant caviar sur caviar à ses coéquipiers, notamment à Bas Dost, le Belge a pris une autre dimension cette saison. Les plus grands clubs se l'arrachent, tandis que son club a eu la bonne idée de recruter Max Kruse pour le remplacer. Il a rempilé au bout de la saison pour près de 10M€/an.

Le coup de cœur : Bellarabi, dribbleur invétéré

Il n'est pas le meilleur joueur du championnat, et n'est peut-être même pas l'élément le plus important de sa propre équipe. Mais une chose est sûre : , par son insouciance balle aux pieds, sa prise de risques constante, et son envie d'aller toujours de l'avant, rend le jeu beaucoup plus intéressant et spectaculaire. Devenu international allemand cette saison, le milieu offensif du Bayer Leverkusen a brillé toute la saison, et s'est également permis de faire parler la poudre, avec 12 buts inscrits en championnat, record personnel. Si beaucoup diront qu'il n'est pas encore décisif ou qu'il fait encore beaucoup de mauvais choix, d'autres préfèreront souligner que son approche presque innocente de son sport est un régal, et qu'il n'y a rien de plus plaisant que de voir un tel talent continuer à considérer le football comme un jeu.

  • Bas Dost ne sait pas dribbler, et ne marque qu'après une ou deux touches de balle. Buteur à l'ancienne, son arme n'est pas la vivacité mais la pertinence de son placement. Un homme qui s'est trompé d'époque, mais qui ravit les nostalgiques
  • Hermann-Kruse-Raffael, le trio infernal de Gladbach a fait mal aux défenses allemandes. Malheureusement, le second nommé a signé à Wolsfburg, et on ne verra pas les trois mousquetaires ensemble sur la plus grande scène européenne l'an prochain
  • n'est pas le plus connu, mais il est peut-être le meilleur tireur de coup franc actuellement en Europe… Lucarne gauche, lucarne droite, avec un défenseur sur la ligne : peu importe quand on a la précision de l'Autrichien
  • David Alaba est le nouveau monstre de Guardiola. Comme Lahm, il peut jouer partout. Sauf que lui est capable de rentrer des coups francs de 30 mètres…
  • Le football allemand jouit d'une bonne réputation, et elle n'est pas usurpée. Chaque week-end, la Bundesliga propose plusieurs matchs plaisants à regarder

L’espoir : Sané, un grain de folie bienvenu

Boateng ne joue que lorsqu'il en a envie. Huntelaar a manqué de confiance cette saison. Draxler est presque toujours indisponible. Cette année, le sourire de Schalke est venu d'un gamin qu'on n'attendait pas : . Le jeune milieu offensif se balade dans les défenses adverses avec une assurance et un culot qui rappellent les débuts de joueurs comme Robben ou Messi. Si rien ne dit que le jeune allemand connaitra une aussi belle carrière, il n'en reste pas moins admirable dans son approche, lorsqu'il se permet de jouer face au Real Madrid en Ligue des champions de la même façon que s'il disputait un match de quartier. Encore un peu trop adepte du geste superflu, Sané prouve que la fougue de la jeunesse est particulièrement belle quand elle s'accompagne d'une bonne grosse dose de talent. Son aisance technique, sa faculté à créer le danger de nulle part, et son envie de toujours provoquer son adversaire direct ont amené un peu de baume au cœur des supporters de Schalke, dont la saison n'a pas été facile.

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La recrue de l’année : Calhanoglu, super investissement

Le peuple turc peut se targuer d'une spécialité : le meneur de jeu de qualité. Après Scholl, Bastürk ou Ozil, la Bundesliga vibre désormais au rythme des inspirations d'. Le numéro 10 a pris en main le jeu du Bayern Leverkusen, devenant le patron technique qu'il manquait pour poser le jeu quand il le faut, là où Bellarabi ou Son l'accélèrent constamment. Balle aux pieds, Calhanoglu sait tout faire, et ne rate que rarement un contrôle, une passe, ou une frappe. C'est d'ailleurs l'aspect le plus spectaculaire de son jeu. Lorsqu'on lui laisse le temps d'armer, le jeune meneur de jeu ne se prive jamais pour allumer la mèche. Cette qualité de frappe s'exprime également sur coup franc, dont il est devenu une référence. S'attacher les services d'une telle pépite de 21 ans pour 15 millions d'euros est un immense coup de la part du Bayer. Sa valeur marchande a déjà doublé en une saison. Enfin, il n'est pas dit que le club essaie de vendre un tel joyau.

Le flop : saison compliquée pour Dortmund

Cette saison devait être la bonne. Dortmund, rival le plus dangereux du Bayern Munich, allait mettre fin à l'hégémonie bavaroise. La Supercoupe d'Allemagne, en lever de rideau de la saison, était une première annonce. Efficaces en Ligue des champions, le Borussia a connu un début de saison cauchemardesque en Bundesliga avec seulement 7 points après 10 journées. Et si les blessures n'ont pas épargné l'équipe, de nombreux points ont été perdus en route cette saison, malgré la présence sur le terrain d'éléments talentueux comme Hummels, Reus ou Kagawa. Dans la grisaille, Aubameyang aura été le seul à tenir son rang toute la saison, que Jurgen Klopp le place sur l'aile ou dans l'axe. Et même si le Gabonais est un joueur que j'adore, le fait qu'il soit le joueur le plus fort de l'équipe n'est pas bon signe quand on souhaite rivaliser avec le Bayern Munich. Au-delà des déceptions individuelles, c'est surtout le jeu risqué de Dortmund qui s'est retourné contre lui. Occuper une position aussi haute permet de marquer de nombreux buts, mais laisse également beaucoup d'espaces derrière. Ce style n'est pas adapté à une équipe qui doute, et ne pas avoir de plan B aura empêché le Borussia de limiter les dégâts. Heureusement, après avoir été relégable, le club a repris sa marche en avant. Mais un tel effectif ne peut se satisfaire d'une 7e place.