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Saison faste pour la Juventus, qui confirme encore sa suprématie sur le football italien. Les hommes d'Allegri n'ont pas souffert du départ de Conte, et ont remporté leur 4e titre consécutif. Mais les Bianconeri n'ont pas été les seuls à briller cette saison. Qui faut-il féliciter à l'issue de cette cuvée 2014/15 ?

La Juventus manque de concurrence

Favorite pour sa propre succession, la Juventus a remporté son 4e titre consécutif. Les recettes sont connues depuis quelques saisons et fonctionnent toujours : la meilleure défense d'Italie peut s'appuyer sur l'expérience de Buffon, Bonucci et Chiellini, tandis que l'attaque la plus prolifique du championnat compte essentiellement sur les fulgurances de Tevez. Entre les deux, l'empire du milieu se partage entre Pirlo, Marchisio, Pogba et Vidal. Ces quatre joueurs n'ont que rarement été disponibles en même temps, mais ce n'est presque pas plus mal pour Massimiliano Allegri, qui n'a pas eu à froisser les egos en privilégiant l'un ou l'autre. Le départ d'Antonio Conte n'a pas perturbé l'effectif turinois, bonifié par l'expérience d'Evra et l'envie de bien faire de Morata.

Si le suspense n'a pas été au rendez-vous, c'est aussi parce que les poursuivants n'ont pas été à la hauteur. Séduisante mais trop souvent incapable d'assurer le résultat, la Roma n'a pas encore les armes pour rivaliser. La Lazio ne peut pas faire mieux non plus, car son effectif ne suffit pas, aussi bien au niveau de la qualité que de la quantité. Mieux équipés, Naples et la Fiorentina ont déçu cette saison. La surprise vient des 2 clubs de Gênes, qu'on n'attendait pas à ce niveau. La déception vient des 2 clubs milanais. Si la crise empêche réellement ces deux institutions de retenir ou attirer les meilleurs joueurs du continent, l'un comme l'autre avait largement les moyens de mieux faire.

Pour les nostalgiques, cette saison restera aussi celle qui a vu la faillite de Parme, ancienne terreur des années 90.

Le meilleur joueur : Tevez, l’homme à tout (bien) faire

Sans être mauvais, Pirlo n'a pas eu le même rayonnement que lors des derniers championnats. Qu'importe, car un autre joueur a su porter le costume de patron. a été l'homme à tout faire de la Juventus, n'hésitant pas à participer au jeu, à défendre très bas pour un attaquant, et bien sûr en marquant de nombreux buts. Sur ces 20 réalisations, il y en a pour tous les goûts : tête, pied droit, pied gauche, coup franc, et surtout ce bijou inscrit face à Parme, suite à un rush de 50 mètres et un grand pont sur le dernier défenseur. L'Argentin ne tire pas la couverture sur lui pour autant, puisqu'il a un don pour bonifier son partenaire d'attaque, notamment Morata. Comme Robben ou Ibrahimovic, il fait partie de ces joueurs toujours au bon endroit puisqu'il a remporté le titre de champion dans chaque pays où il a évolué. Joueur de classe internationale depuis une dizaine d'années, il n'a jamais paru aussi fort qu'aujourd'hui, à 31 ans.

Le coup de cœur : Luca Toni, quand Papy fait de la résistance

Ne pas le voir fouler les pelouses brésiliennes l'été dernier était une hérésie. Au vu de son efficacité toujours intacte, je vais presque croire qu'il pourra postuler à une place en sélection pour l'Euro 2016. Oui, Luca Toni a déjà 38 ans. Mais il est le meilleur buteur de Série A avec 22 réalisations. Ce chiffre, indispensable pour ceux qui ont besoin de quantifier chaque argument, ne suffit même pas pour expliquer à quel point le vétéran de Vérone est meilleur que chacun de ses homologues italiens. Pour qu'il fasse parler la foudre, il suffit de balancer le ballon devant, un peu au petit bonheur la chance, puisqu'il se charge du reste. Son jeu dos au but est monstrueux, sa capacité à se mettre en position de frappe et à se retourner rapidement détonnent au vu de sa taille, et son jeu de tête est toujours de classe mondiale. Capable de faire remonter le bloc par sa conservation de balle, point d'appui idéal, le puissant numéro 9 a illuminé la Série A, dans une équipe où les passeurs ne sont évidemment pas les plus habiles du championnat. Le Transalpin ne semble pas vouloir prendre sa retraite, et c'est une bonne nouvelle pour le football !

  • Di Natale, moins efficace que d'habitude, mais toujours aussi admirable quand on sait qu'il aura 38 ans cette année
  • Le déclin relatif mais réel de Pirlo a permis à Pogba et Marchisio de prendre plus d'importance, et de montrer de belles qualités
  • Si son apport dans le jeu n'est pas énorme, son efficacité fait d'Icardi un élément indispensable à l'Inter Milan, et le meilleur buteur d'Italie, à égalité avec Toni
  • A l'inverse, Théréau et Pasloschi ne marquent pas beaucoup, mais ils fluidifient énormément les offensives de l'Udinese et du Chievo Vérone
  • Pas toujours récompensées, les équipes de Sassuolo, Parlerme, Torino et la Fiorentina ont montré de belles choses dans le jeu

L'espoir : Felipe Anderson, la touche de folie de la Lazio

C'est évidemment plus facile de briller quand on bénéficie du travail de Biglia. Il n'empêche : Felipe Anderson a explosé cette saison, à coup de chevauchées plus folles les unes que les autres. Sa capacité à changer de direction plus vite que son ombre lui a permis de slalomer dans les défenses italiennes, pour le plus grand bonheur des fans de la Lazio. Physiquement au point, puisqu'il multiplie les rushs, il arrive globalement à garder la lucidité nécessaire pour servir ses partenaires à la sortie de ses raids solitaires, ou à se mettre en position de frappe. Le milieu offensif aurait largement mérité de jouer la Copa America. S'il aura du temps de jeu en amical en juin, et deviendra ainsi international brésilien, Dunga a déjà annoncé qu'il ne l'amènera pas au Chili. Et je vous avoue ne pas comprendre pourquoi…

https://twitter.com/BrazilStats/status/605770303478702081

Dybala et Berardi ont également été bons, mais moins réguliers que Felipe Anderson.

La recrue de l’année : Ménez, seul contre tous

Si on s'en tient uniquement aux chiffres, on peut évidemment parler de bonne affaire. Arrivé libre, a inscrit 16 buts pour l'AC Milan. En Angleterre, on s'est amusé à calculer le prix du but de Falcao, cela n'arrivera pas pour le Français, très rentable. Après un début de saison tonitruant, l'ancien Parisien a connu un léger coup de mou, avant de reprendre sa marche en avant, puis de s'écrouler. Mais les deux tiers de son championnat sont excellents, dans des conditions difficiles, puisqu'aucun de ses coéquipiers n'a été en mesure de l'aider sur la durée. Souvent, le numéro 7 a été obligé de faire la différence seul, sans compter sur l'aide de quiconque. Et si les détracteurs souligneront le nombre élevés (6) de penalty dans son compteur, il ne faut pas oublier qu'il en a provoqué une bonne partie via ses dribbles déroutants. Au sein de cette triste équipe, Ménez aura souvent été l'unique rayon de soleil.

Le flop : Milan ne sourit plus

Pippo Inzaghi bénéficie de son statut d'ancien buteur mythique, et évite ainsi des critiques trop sévères. Beaucoup disent que n'importe quel entraineur ne pourrait être champion avec cette équipe. C'est sans doute vrai, mais ce qui est sûr, c'est que l'effectif milanais a quand même de la qualité, et n'a rien à faire en milieu de tableau. L'inexpérimenté coach avait un plan de jeu très simple : jouer bas pour miser sur la vitesse de ses flèches devant, à savoir Ménez, et Honda. Si cette tactique a marché ponctuellement, engendrant quelques coups d'éclat, elle n'avait plus aucun sens face à des formations regroupées. Sans plan de rechange, Inzaghi a souffert de l'indisponibilité récurrente d'El Shaarawy, de la méforme de Honda qui n'aura joué que les 3 premiers mois de la saison avant de s'effondrer, des décevants Torres et Cerci qui se sont succédé, et n'aura pas su faire confiance à Pazzini. Sans leader en défense ni au milieu, l'équipe n'a jamais donné l'impression de maitriser son sujet, même lors des ses victoires. Fan de l'équipe, j'ai regardé beaucoup de ses matchs, et n'ai que rarement apprécié le jeu développé. Correcte sans être souveraine à San Siro, mauvaise hors de ses bases avec le onzième bilan de Série A, plus mauvaise défense du top 10 : la reconstruction promet d'être longue, et une autre année (au minimum) de transition semble nécessaire avant de revoir ce club au sommet du football transalpin. Au grand dam des supporters, qui ont déployé un tifo humain avec le message équivoque « Basta ».