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Libre de tout contrat depuis la relégation de Châteauroux en National, Landry Bonnefoi n’en demeure pas moins très actif. Dans l’attente d’une proposition intéressante, le portier passé par la Juventus de Turin s’entraîne quotidiennement avec la réserve castelroussine et a également pris l’initiative d’entraîner les jeunes gardiens du club. Nous sommes allés à sa rencontre afin d’en savoir davantage sur ses envies, ses ambitions et l’orientation qu’il souhaite désormais donner à sa carrière.

Tout d’abord Landry comment allez-vous ?

Plutôt pas mal, bien que ma situation ne soit pas simple, j’essaye de positiver et de rester concentré sur mon travail afin d’être prêt physiquement le jour où un club viendra taper à ma porte. J’espère d’ailleurs que cela interviendra le plus tôt possible car le goût de la compétition me manque.

Depuis votre fin de contrat avec la Berrichonne avez-vous eu des contacts ou des offres concrètes de clubs ?

En France j’ai eu des contacts avec des clubs de L1 pour être doublure, mais cela n’a finalement pas abouti. J’ai aussi reçu indirectement une offre d’un club de première division portugaise, mais là encore les choses n’ont pas pu se finaliser. Enfin, j’ai eu des touches avec des club roumains mais soit le challenge sportif n’était pas intéressant, soit les clubs n’apportaient aucune garantie financière, j’ai donc préféré décliner leur propositions. Le bien-être de ma famille et le challenge dicteront dans tous les cas mon choix futur.

Avez-vous pris part au stage UNFP destiné aux joueurs sans contrat ?

Non, car malgré mon statut de joueur prioritaire j’étais à ce moment là en contact très avancé avec un club , et je n’ai pas souhaité prendre le risque de me blesser, ce qui aurait pu faire capoter l’affaire. D’autre part , la Berrichonne m’a offert la possibilité de continuer à m’entretenir avec le groupe professionnel durant la phase de préparation. J’ai donc retrouvé Eric Leroy, l’entraîneur des gardiens avec lequel j’avais pris énormément de plaisir à travailler la saison passée.

Quelle serait pour vous la destination idéale ?

En France, je suis ouvert à tout Ligue 1, Ligue 2, National : j’aimerais bien sûr avoir du temps de jeu, néanmoins, si un club de Ligue 1 se manifeste pour me faire signer en tant que doublure j’ étudierai avec attention l’offre qui me sera faîte. En ce qui concerne le National, je ne refuserai pas d’emblée, en revanche, je serai tout de même très attentif au projet sportif. Enfin, je suis à l’écoute de toutes les offres venant de l’étranger, toutefois, je le répète, je prêterai particulièrement attention au cadre de vie pour ma famille, au challenge sportif ainsi qu’aux garanties financières des clubs intéressés.

J’ouvre Nice-Matin et je lis dans la rubrique sports « Landry Bonnefoi à la Juventus »

Votre carrière est plutôt atypique pouvez-nous nous la résumer brièvement ?

J’ai commencé à l’AS Cannes ou j’ai joué jusqu’à mes dix-sept ans, puis un jour de 2001 , j’ouvre Nice-Matin et je lis dans la rubrique sports « Landry Bonnefoi à la Juventus« , j’étais complètement abasourdi et je me suis même demandé s’il ne s’agissait pas d’un homonyme. J’ai immédiatement appelé mon agent qui m’a confirmé que des tractations étaient bien en cours, mais qu’il n’ avait pas voulu m’en parler afin de ne pas me déstabiliser. Je suis parti là-bas faire un essai qui s’est parfaitement déroulé , et à son terme les dirigeants turinois m’ont proposé un contrat de cinq ans que j’ai immédiatement paraphé. J’ai tout d’abord évolué avec la Primavera, j’ai d’ailleurs été élu meilleur gardien du championnat cette saison là. Puis, lors de la seconde saison j’ai intégré le groupe professionnel.

Comment avez-vous été accueilli par le vestiaire composé d’une pléthore de stars ?

Très bien, Lilian Thuram et David Trezeguet ont facilité mon intégration mais tout le groupe dans son ensemble a été très sympa avec moi, j’ai énormément appris en côtoyant quotidiennement des joueurs de ce calibre, ils ne lâchent rien et ne laissent pas de place au hasard. La gagne rien que la gagne, voilà leur moteur. D’autre part, j’ai également eu le privilège d’être sous les ordres de techniciens tels que Marcello Lippi et Fabio Capello.

Comment s’est déroulée la suite et la fin de votre aventure turinoise ?

J’ai été prêté en 2002/2003 à Messine où j’ai peu joué, puis je suis revenu à la Juve où au fil du temps j’ai réussi à devenir numéro 2 dans la hiérarchie des gardiens, ce qui m’a permis d’être très régulièrement sur la feuille de match. Cependant, après plusieurs saisons comme celle-ci, j’ai compris que Buffon était indéboulonnable et qu’il était important pour moi d’avoir du temps de jeu. Je suis donc parti pour Metz en prêt lors de la saison 2006/2007 mais je n’ai quasiment pas joué car les résultats de l’équipe étaient très bons et le gardien en place Christophe Marichez était lui aussi performant. Par la suite, j’ai signé deux ans à Dijon en L2 où j’ai tout d’abord été la doublure de Barel Mouko car je revenais de blessure, puis la seconde saison j’ai été mis en concurrence avec Florent Perraud, au final j’ai joué avec le DFCO une petite trentaine de rencontres. J’ai eu ensuite l’opportunité de rejoindre Amiens où j’ai connu trois saisons pleines en Ligue 2 et en National avant de rejoindre en 2012 le SC Bastia qui était alors promu en Ligue 1, club avec lequel j’ai joué huit rencontres.

Il y a deux ans lorsque vous avez signé votre contrat avec la Berrichonne, quel a été le discours tenu par les dirigeants ?

J’arrivais du Sporting Club de Bastia ou j’avais joué une petite dizaine de matchs, on m’a fait comprendre que je partais avec un statut de numéro 1 et que l’objectif du club était de figurer dans la première partie de tableau. Ayant le souhait d’accumuler du temps de jeu, j’ai répondu favorablement à cette offre.

Landry Bonnefoi : "Le goût de la compétition me manque"

Revenons un peu sur ces deux dernières saisons à Châteauroux, au terme desquelles vous avez chaque fois fini en position de relégable…

Ce fût en effet deux saisons très délicates sur le plan sportif, durant cette période j’ai connu quatre entraîneurs différents Didier Tholot, Jean-Louis Garcia puis la saison suivante Pascal Gastien et Cédric Daury. Chacun avait sa manière de travailler et une conception et une vision du football parfois très différente. Il a donc fallu s’adapter aux exigences de chacun d’entre eux. La première saison, nous avons connu un début de saison très compliqué, nous étions en queue de peloton et plus le championnat avançait plus l’écart avec les non-relégables se creusait, la situation devenait très alarmante. La direction du club a donc choisi fin octobre 2013 d’évincer Didier Tholot et d’introniser Jean-Louis Garcia. Celui-ci a connu dès son premier match une victoire 3-0 à domicile face à Clermont, chose qui n’était plus arrivée à l’équipe depuis un bon moment. Garcia s’est attelé à construire une assise défensive solide qui nous permette d’être moins perméable dans l’optique de grappiller des points face à des équipes qui normalement nous étaient supérieures. Les arrivées d’Alexis Peuget, de Pierre-Yves Polomat et de Marvin Esor durant le mercato hivernal avaient également ce même objectif. Petit à petit nous avons refait notre retard et nous sommes même sortis de la zone de relégation durant plusieurs journées. Malheureusement, Polomat s’est rapidement blessé ce qui l’a contraint à mettre prématurément un terme à sa saison et Christopher Maboulou -notre meilleur buteur- a été suspendu pendant une longue période. Nous avons ensuite perdu des points bêtement, ce qui nous a amené à jouer notre maintien lors de la dernière journée à Brest, un match que nous avons perdu 3-0 et qui a entériné notre descente en National.

Quel a été le discours des dirigeants à votre égard à l’issue de cette saison, et étiez-vous personnellement prêt à retrouver le National ?

Les dirigeants m’ont tenu un langage très clair, si je trouvais un club à un échelon supérieur ils étaient tout à fait disposés à me libérer, dans le cas contraire je pouvais rester au club et honorer ma dernière année de contrat. En ce qui me concerne, j’ai été à l’écoute d’éventuelles offres mais rien de bien concret ne s’est présenté à moi, je me suis donc mentalement préparé à retrouver le National. Jean-Louis Garcia et le club ont annoncé leur séparation et la Berrichonne a nommé dans la foulée Pascal Gastien, un entraîneur réputé pour faire pratiquer à ses équipes un football de qualité.

Nous avons donc commencé la préparation dans l’idée que nous allions évoluer en National, même si des rumeurs faisaient état d’un possible repêchage. Quelques jours plus tard nous avons appris que nous étions officiellement repêchés car la montée de Luzenac était invalidée. Le fait de savoir que nous repartions en Ligue 2 m’a définitivement convaincu de rester une saison supplémentaire au sein du club. En outre, le recrutement effectué me semblait cohérent, les arrivées de joueurs comme Gregory Thil, Laurent Bonnart ou Sébastien Roudet et aussi de joueurs rompus aux joutes de la Ligue 2 comme Damien Plessis ou Distel Zola m’ont laissé penser que quelque chose de positif allait advenir. Malheureusement, la suite fût très vite bien moins réjouissante, malgré de bonnes intentions dans le jeu, nos résultats n’ont jamais été à la hauteur et nous nous sommes lentement englués dans la zone de relégation. Nous avons enchaîné les mauvais résultats et l’arrivée de Jérôme Leroy au mercato hivernal n’a pas eu l’impact escompté. Le club a finalement choisi de limoger Pascal Gastien fin février et de nommer en remplacement Cédric Daury. Ce choix a sans doute été trop tardif car la situation était déjà catastrophique voire même déjà compromise. Pour son premier match face à Nancy Cédric Daury a assisté à un véritable naufrage collectif puisque nous nous sommes inclinés 6-0 à Marcel Picot. Suite à cette déroute l’entraîneur a fait le choix de m’écarter au profit de Louis Souchaud. Malheureusement malgré la très bonne performance de Louis pour son premier match au niveau professionnel, l’équipe s’est de nouveau inclinée. A partir de ce moment, nous savions que la messe était dite et qu’il n’y avait plus d’espoir de maintien en Ligue 2. L’entraîneur m’a finalement aligné lors des derniers matchs de la saison et en tant que professionnel j’ai donné le meilleur de moi-même alors même que la cause était déjà entendue.

On imagine que la Berrichonne ne vous a pas proposé de prolonger ?

Non, en effet aucune offre ne m’a été soumise, le club a souhaité faire confiance à ses deux jeunes gardiens Louis Souchaud et Jonathan Millieras, ce que je conçois tout à fait. Malgré ces deux saisons difficiles je souhaite le meilleur à Châteauroux et malgré leur classement actuel j’espère qu’ il redresseront rapidement la tête pour viser à terme une remontée en Ligue 2.

Vous comptez plus de deux cent matchs professionnels , comment voyez-vous la suite de votre carrière et que peut-on vous souhaiter ?

J’espère jouer le plus longtemps possible, dans l’immédiat je souhaite retrouver un challenge sportif intéressant et stimulant, si possible avec du temps de jeu, et si je pars à l’étranger un cadre de vie qui soit épanouissant et agréable pour ma famille.

Photos : Le Parisien