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Dans Immortel (Hugo Sport), l’Anglais Duncan Hamilton raconte avec passion la grandeur et la décadence de la première rock star du football : George Best.

« Génial ? Il était plus que cela. Durant cinq ans, du début de 1966 à la fin de 1970, il semblait envoyé par Dieu sur Terre tant il survola le reste du monde de sa classe ». Le journaliste anglais Duncan Hamilton ne lésine pas sur les superlatifs et résume les qualités observées par les chanceux qui ont vu George Best jouer : « Ils parlaient de buts magnifiques inscrits dans des angles impossibles, de frappes enveloppées, de ballons caressés et de tirs surpuissants. Ils parlaient avec révérence de gestes techniques surnaturels qui marquaient les esprits, de slaloms entamés au milieu de terrain et qui ne s’arrêtaient qu’une fois devant le but, gagnant en vitesse à mesure qu’il se rapprochait de la surface. Ils parlaient de son allure sur le terrain et de son sens de l’équilibre inhumain. Ils parlaient d’une force incroyable, capable de le faire résister à des tacles qui s’apparentaient à des agressions caractérisées. C’était un joueur ambidextre, capable de tacler comme un défenseur, bon dans les airs et avec une excellente vision de jeu. Et c’était aussi un sacré filou ».

Pardon pour cette longue citation mais, faisant partie « des autres« , ceux qui n’ont pas vu jouer George Best, je suis incapable de qualifier cette légende du foot avec autant de brio que l’auteur d’Immortel, publié à l’occasion du dixième anniversaire de la mort de l’idole de Belfast, le 25 novembre 2015. Car la star de Manchester United (181 buts sous le maillot des Red Devils) n’a pas seulement marqué son sport, il a laissé son emprunte sur son époque : « Il était l’une des personnalités les plus influentes des années 60. Mieux : il était les années 60. Ce n’était plus seulement un footballeur mais une icône pop, un mannequin et un sex-symbol. Par son look et autant que par le sentiment de liberté qu’il dégageait, il était l’étendard charismatique de la jeunesse de l’époque ».

Ces deux paragraphes peuvent déjà vous suffire à arrêter de lire cette chronique pour courir acheter le livre sur celui qu’on pourrait qualifier d’hybride entre Messi (pour la vitesse et les dribbles chaloupés), Cruyff (pop star), Gascoigne (goût pour l’alcool) et de Cantona (star de MU adepte des citations). Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur le troisième membre de la Sainte Trinité (avec Bobby Charlton et Denis Law), sachez que vous apprendrez tout sur George Best, l’adolescent de Belfast devenu la star de Old Trafford. Un passionné de football qui se comparait non pas à Di Stefano pourtant un de ses héros, mais à Zorro, insaisissable et tournant en ridicule ses adversaires. Pas matérialiste mais vite submergé d’argent grâce à des contrats publicitaires qui dépassaient largement ceux de ses coéquipiers (5000 livres par semaine en 1969), le Ballon d’or 1968 cultivait son image de flambeur en conduisant des Jaguar et collectionnait les conquêtes.

Outre le portrait de l’homme, de ses frasques et de ses états d’âme, on se replonge avec plaisir dans les moments marquants de sa carrière, comme la finale de la coupe des champions contre Benfica (4-1). Best y marqua le deuxième but de MU après avoir dribblé le gardien pendant les prolongations. Ce succès tant attendu par le nord-irlandais et son coach Matt Busby fut l’apogée de leur carrière et le début du déclin du numéro 7. Et c’est dans l’alcool que George Best se consola. La suite de sa vie est plus pénible à lire (quasiment toute la deuxième moitié du livre) tant sa décadence semble pathétique et ce n’est pas l’image qu’on souhaite garder en tête. Car, même sur le déclin, même à 35 ans, George Best était capable de fulgurances comme sur ce but après un slalom fantastique pour l’équipe américaine de San José :

La plus belle biographie de George BestRoi de la punchline, on attribue autant de citations cultes George Best que de buts fantastiques. Petit florilège :

  • « Je suis né avec un talent pour lequel d’autres auraient été prêts à mourir »
  • « J’avais une maison au bord de la mer. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer… »
  • « J’ai dépensé 90% de mon argent dans l’alcool, les filles et les voitures de sport – le reste, je l’ai gaspillé »
  • « Si on m’avait donné le choix entre faire tomber quatre mecs de Liverpool et claquer un but des 30 mètres ou coucher avec Miss Monde, j’aurais eu du mal à me décider. Par chance, j’ai déjà fait les deux. »
  • « Mon rêve, c’était d’éviter la sortie du gardien, de m’arrêter juste avant la ligne de but, de me mettre à quatre pattes et de pousser le ballon de la tête dans le but. J’ai failli le faire contre Benfica en finale de la Coupe d’Europe 1968. J’avais dribblé le gardien mais, au dernier moment, je me suis dégonflé. J’ai eu peur que le coach fasse une crise cardiaque ! »

Quoi de mieux donc qu’une citation pour lui rendre hommage : Maradona good, Pelé better, George Best.