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N’avez vous jamais entendu cette phrase d’une tierce personne s’y connaissant – soit disant – en ballon rond : « le football, franchement, c’était mieux avant« , en donnant des arguments plus ou moins bateaux ? Le sport, comme la société, n’est pas immuable et connaît des changements significatifs au fil des décennies et d’événements marquants. Le football ne déroge pas à cette règle et évolue tant bien que mal avec tout l’argent qui l’entoure, du football populaire nous sommes passé au football business actuel.

Notre Raymond national, détenteur à vie du plus grand nombre de buts inscrits lors d'une coupe du monde

Just Fontaine, détenteur du plus grand nombre de buts inscrits lors d’une Coupe du monde

Ainsi, nous semblons résignés à voir presque tout le temps les mêmes équipes sur le toit de l’Europe, ou en tête de leur championnat. Mais qu’est ce qui a tant changé ? Quelles en sont les causes ? Peut-on aussi simplement juger et dire que le football était mieux avant ?

 

La cérémonie du Ballon d’Or, une hérésie ?

La dernière cérémonie du ballon d’or nous a sorti ce 11 de l’année avec 8 joueurs de Liga, 1 de Serie A, 1 de Ligue 1, 1 de Bundesliga…et aucun de Premier League. Pourtant la Premier League est l’un des seuls championnats que les passionnés suivent avec intérêt, car les stades sont pleins, les matches spectaculaires et souvent équilibrés car il y a beaucoup de bonnes équipes, où même le dernier peut se payer un joueur de 10-15 millions d’euros grâce aux droits télévisés. Cela risque d’ailleurs de poser des problèmes à ces équipes d’outre manche dans la conquête de la Champion’s league. Quand vous jouez chaque week-end contre un grosse écurie et que vous ne pouvez pas vous permettre de faire tourner l’effectif, il se peut que des forces soient laissées en route contrairement au PSG et Bayern, et même en Espagne, où si le Barça, Réal et Atletico luttent pour le titre, certaines équipes sont vraiment faibles et il est alors possible de faire souffler les cadres.

Léo le magnifique

On se pose souvent la question de l’utilité du Ballon d’Or dans une discipline collective (dédicace à Wenger), d’autant plus qu’avec les nouvelles modalités d’attribution des votes, nous sommes résignés chaque année à avoir des attaquants remporter le graal. Cela fait 8 ans que nous retrouvons Ronaldo et Messi en haut de l’affiche, avec le seul suspense de connaître le 3ème meilleur joueur de l’année, et nous pensons qu’après leur règne, le jeune Neymar s’emparera du trophée pour un moment. Il n’y a même plus de surprise, le palmarès collectif importe peu, les performances internationales n’ayant plus le même impact sur les votes qu’avant (on pense notamment à vous monsieur Iniesta).

Au final, la cérémonie du Ballon d’Or se résume plus à une copie conforme des Oscars, dans laquelle ce ne sont plus des sportifs qui sont présents, mais des stars hyper médiatisées, faisant le bonheur des plus jeunes, et le dégoût des plus vieux, qui essaient de se rappeler la dernière fois que le football a eu des valeurs authentiques.

Il y a surtout un avant et un après arrêt Bosman

Il suffit de voir la liste des clubs qui ont gagné la Ligue des Champions (Steaua bucarest, Aston Villa, Hambourg, Olympique de Marseille, Etoile rouge de Belgrade…) pour se rendre compte de l’évolution du football en Europe. Depuis l’arrêt Bosman en 1995, permettant aux clubs d’avoir un nombre infini de joueurs étrangers dans leurs effectifs, plus aucun « petit » club n’a remporté la coupe aux grandes oreilles, et le constat est encore plus flagrant ces dernières années (Barcelone, Real Madrid, Bayern de Munich et Chelsea ont remporté les 5 derniers trophées). Autrement dit, seuls des clubs riches gagnent, de quoi donner espoir aux supporters du PSG et de City.

L’arrêt Bosman a malgré lui entraîné le déclin de plusieurs championnats européens. Le niveau actuel de la Ligue 1, de la Serie A, ou de l’Eredivisie ont largement diminué et sont ainsi beaucoup moins médiatisés. Hormis le PSG en France, aucun club n’a les moyens de se payer de très bons joueurs. Aux Pays-Bas nous retrouvons le même phénomène. Des équipes comme l’Ajax, le PSV, le Celtic, Porto ou l’Inter pourront réaliser des parcours honorables en Europa League, mais il leur est impossible d’espérer rivaliser avec les plus grands d’Europe en Champion’s League. Cela peut créer une certaine nostalgie chez les supporters, qui ont connu leur club glaner des titres dans le passé, mais qui ne peut plus rien faire aujourd’hui face aux Barça et Bayern qui semblent intouchables pour plusieurs années. D’ailleurs, dès qu’un jeune talent éclate dans un des championnats européens, il est immédiatement approché par les clubs les plus riches.

Moins de spectacle ou un spectacle différent ?

Tout a changé dans le football moderne. En commençant par l’évolution constante des systèmes de jeu. Il est loin le temps du 4-2-4 et du célèbre WM mis en place par Arsenal dans les années 20. L’attaque était la tactique la plus importante. Aujourd’hui, et notamment avec le 4-5-1 que prône une grande majorité des équipes, les entraîneurs recherchent un équilibre entre la défense et l’attaque. Donc qu’est ce qui a réellement changé ?

  • Le rythme du jeu : les joueurs modernes ont un entraînement et une capacité physique à répéter des efforts que n’auraient pas pu réaliser leurs ancêtres, ce qui pouvait expliquer parfois un certain « laxisme » dans les systèmes de défense, notamment lorsque l’on voyait les échappées de Pelé qui donnaient l’impression d’avoir de véritables plots en face.
  • La vitesse des joueurs : il est fini le temps des footballeurs hyper techniques qui ne prennent pas forcément de vitesse et qui avaient seulement une excellente vision du jeu. Maintenant vous avez des Rooney, Ribery, Hazard, Ronaldo ou Messi qui sont non seulement très techniques, mais qui en plus créent des espaces de part leur spontanéité dans leur prise et leur conduite de balle. Ces joueurs sont ainsi beaucoup plus complets que nos anciennes gloires. Il est actuellement impossible pour eux d’avoir le temps de contrôler, de lever la tête tranquillement et de faire ce qu’ils veulent sans avoir un pressing constant, chose que n’avaient pas forcément un Di Stefano à son époque.
  • L’influence du banc : Autrefois, vous n’auriez jamais entendu parler de transfert à des millions d’euros d’un entraîneur, des recrues dans les staffs etc… C’était les joueurs qui réalisaient des actions en fonction de leur propre analyse du jeu, ce qui est beaucoup plus contrôlé à l’heure actuelle notamment à cause de la fréquence du travail tactique à l’entraînement. Les joueurs deviennent formatés à certaines situations de jeu, laissant moins de place pour leurs intuitions.

On pouvait également diviser les footballeurs en 2 catégories : les créateurs et les destructeurs. D’un coté nous avions la magie brésilienne, avec notamment l’équipe championne du monde à Mexico en 1970. Les Pelé, Gerson, Jairzinho, Rivellino et Tostao n’ont jamais autant dominé une Coupe du monde du début à la fin, encore plus forte que la Hongrie de Puskas en 1954 qui chuta en finale alors qu’elle menait 2 à 0… ou comme le « football total » pratiqué par les Néerlandais qui ont vu leur rêve s’effondrer face aux Allemands en 1974 et en 1978 face aux Argentins.

Ils avaient quand même de la gueule nos anciens

Ils avaient quand même de la gueule nos anciens

Nous avions ces génies (Cruyff, Platini, Maradonna, …) qui devaient faire face à des bouchers, période durant laquelle les tactiques défensives (notamment le fameux catenaccio italien), axées sur le physique et la malice, s’imposent avec le plus d’efficacité. Il faudra une Coupe du monde 1990 catastrophique en terme de jeu et de violences pour voir les premiers changements et les premières sanctions se mettre en place. Rares sont les joueurs violents à l’heure actuelle, qui n’ont plus la cote auprès des grosses écuries.

Le déclin des différents championnats entraîne un certain désintérêt des supporters, qui se ressent sur le remplissage des stades, car en dehors des grosses affiches, de nombreux clubs ont du mal à remplir leur stade, et ce malgré des prix faibles. La question va se poser en France, à savoir comment remplir ces stades qui ont été rénovés ou construits pour l’Euro et qui éprouvent des difficultés à trouver un public nombreux et fidèle.

Le football n’était pas forcément mieux avant en matière de football à proprement parler, mais il y avait une certaine authenticité et fidélité chez les joueurs qui nous donnaient d’avantage envie de les suivre et de nous déplacer au stade, avec notamment des valeurs différentes, plus proches de celles du public.

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