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Vous connaissez peut-être Mon Petit Gazon, le site qui permet de créer son équipe et d’être en compétition dans un championnat en fonction des résultats réels. Un principe très bon enfant et qui permet de se confronter gentiment à ses amis.On appelle ça une fantasy league. Et bien ce principe est en train de tourner en un business pesant des centaines de millions de dollars de bénéfices grâce aux daily fantasy leagues. Et l’Europe est bientôt sur le point de tomber.

Un business monstrueux

Tout d’abord, un peu de contexte. Les fantasy leagues permettent de choisir une équipe sur la durée d’une saison entière et ainsi établir un classement final. Avec les daily fantasy leagues, vous pouvez choisir une équipe pour 1 jour, 1 semaine, 1 mois … comme bon vous semble. On se débarrasse donc de la gestion à long terme de l’effectif. On entre ensuite dans des ligues en payant un droit d’entrée, et le champion remporte une partie de ces mises (qui vont de quelques centimes à des milliers de dollars, multipliés par le nombre de joueurs).

Aux États-Unis, deux sociétés ont pris une part énorme de ce juteux marché : DraftKings et FanDuel. Ces entreprises ont brassé, l’année dernière, respectivement 304 et 622 millions de dollars de droits d’entrée et sont évaluées à plus d’un milliard de dollars! Le tout en exploitant une faille de la loi américaine qui autorise les petits paris entre amis. En effet, les USA sont encore dans l’attente d’une décision claire sur la nature de ces sociétés : est-ce un jeu basé sur la chance ou sur la technique ? Car c’est cela qui déterminera si ces fantasy leagues doivent être considérées comme un jeu d’argent ou non (comme au casino par exemple, ce qui nécessiterait une réglementation plus stricte). Eric Schneiderman, Sénateur de l’État de New-York, a récemment porté plainte contre ces sociétés, puisque les jeux d’argent sont interdits dans cet État.

L'artisant d'un succès : Nigel Eccles, CEO de FanDuel

L’artisant d’un succès : Nigel Eccles, CEO de FanDuel

Ces entreprises se défendent bien évidemment d’être dans l’illégalité et ne cessent d’affirmer qu’ils ne proposent pas un jeu basé sur la chance mais sur des analyses … tout en affirmant que n’importe qui peut gagner. En fait, 91% des gains ont été remportés par seulement 1,3% des joueurs et 85% des inscrits sont perdants. Une vision bien différente de celle que ces nouveaux acteurs veulent nous faire croire. En plus de l’attractivité du gain, ces sites mettent en place une communication très agressive, avec l’an dernier un spot de publicité TV toutes les 90 secondes aux USA ! Mais l’autre stratégie préconisée, c’est le sponsoring.

Toujours aux USA (on va y venir à l’Europe), en plus de diffuser des publicités, les chaînes sont partenaires de ces entreprises et possèdent parfois des actions. ESPN a, par exemple, signé un contrat d’exclusivité de deux ans avec DraftKings pour un montant de 250 millions de dollars. Pour deux ans ! Les ligues n’échappent pas à cette déferlante, puisque la NBA a signé avec FanDuel, la MLB et la MLS avec DraftKings et les équipes NFL ont également des contrats avec ces sites. On passe encore sur la boxe et autres championnats de poker. Ce qui est sûr, c’est que l’Europe est la prochaine sur la liste.

L’Angleterre ouvre ses portes

L’Angleterre est sur le point de tomber. Avec déjà un acteur sur le marché (Mondogoal), les deux ogres lorgnent vers une expansion européenne. DraftKings a déjà signé des partenariats avec Liverpool, Arsenal et Watford après avoir obtenu une gambling licence (tiens donc … ) depuis quelques semaines et a dors et déjà annoncé d’autres partenariats à venir pour la saison prochaine. FanDuel est en attente d’obtention de cette licence et nul doute qu’ils seront les prochains à investir lourdement dans le football européen.

DraftKings a profité de ses relations avec FSG pour signer Liverpool

DraftKings a profité de ses relations avec FSG pour signer Liverpool

Au final, si les obstacles judiciaires sont franchis par ces compagnies, on peut s’attendre à un ras de marée de sponsoring de la part de ces géants américains. Cependant, la législation très stricte de l’Europe risque de les obliger à modifier leur modèle économique ainsi que leur communication. Une chose est sûre, on a pas fini d’entendre parler de fantasy leagues.