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27 février 2016, Andy Wilkinson entre sur la pelouse du Britannia Stadium de Stoke City et reçoit une standing ovation du public anglais. Le joueur a 31 ans et est l’un des chouchous des supporters pour ses quatorze ans passés au club et son esprit de combattant. Oui mais voilà, aujourd’hui, Andy leur dit au revoir après avoir précipitamment mis un terme à sa carrière pour une commotion cérébrale dont il ne se remet pas depuis plus d’un an.

Le défenseur s’était sacrifié sur une reprise de volée, lors d’un match face à Blackburn en FA Cup, un an auparavant. « J’ai été frappé directement sur la tempe. Ça m’a étourdi et j’ai vu noir. J’avais complètement perdu ma vision périphérique du côté droit. Je suis reparti jouer, je voulais continuer alors je n’ai rien montré à mes coéquipiers mais j’ai joué la plupart du match sans pouvoir voir du côté droit« .

Un problème que le staff médical aurait dû détecter puisque depuis 2014, l’UEFA ordonne qu’un joueur ayant subit un choc à la tête sorte pour se faire examiner, la décision finale concernant la poursuite du match revenant au médecin et non au staff technique. Une mesure prise après le choc terrible reçu par Hugo Lloris en 2013 et la décision insensée de lui laisser finir le match.

Car si l’enjeu du match peut être important, la vie future du joueur est surtout en jeu. « J’ai toujours des problèmes avec mon cerveau, ma vision, mon cou … plein de différents symptômes. Et même si au final ça ira et que les médecins ont dit que je pouvais éventuellement rejouer, ils ont aussi dit que le risque était bien trop grand. »

D’importants problèmes de santé

Andy va plus loin et nous raconte en détails l’étendue de ses séquelles : « Avec le temps, j’ai développé d’autres choses comme des vertiges, des nausées, des problèmes d’équilibre, des problèmes mentaux comme des accès de colère et de dépression« . Si le joueur est allé plusieurs fois rendre visite à des spécialistes américains, on se rend tout de même compte de l’importance des dégâts causés.

Ma perception de l’espace, ma position et celle des objets, est différente d’avant. Je dois ré-entraîner toute mon oreille interne.
Andy Wilkinson

On peut imaginer que c’est le choc front-ballon qui cause ces dégâts mais c’est en fait le choc cerveau-boîte crânienne et le déplacement du cerveau qui créé des commotions, limitant ainsi même l’efficacité d’un casque comme celui de Petr Cech aujourd’hui.

Les commotions cérébrales inquiètent le monde du foot

Petr Cech porte un casque depuis sa fracture du crâne en 2006 (crédit: Getty Images)

Ainsi, les joueurs les plus exposés sont les attaquants et les gardiens, de par leurs rôles sur le terrain. Mari Carmen, responsable d’un institut de neuro-science, rassure plus ou moins en attestant qu’il « n’y a pas de lien direct entre jouer un ballon de la tête et une lésion cérébrale, mais un simple impact peut en produire une. » Rappelons que l’ancien joueur de West Brom Jeff Astle est décédé en 2002 d’une maladie du cerveau provoquée par le jeu de tête et les ballons de l’époque. Il avait 59 ans et ne se rappelait même plus d’avoir été footballeur. Si les chocs dans le football sont souvent légers, ils ne sont pas à négliger et la procédure appliquée dans les sports américains est un bon exemple à suivre.

Les commotions cérébrales inquiètent le monde du foot

Une description des mouvements du cerveau au football (Marca)

L’exemple du sport US

Là encore, c’est Andy Wilkinson qui en parle le mieux :  » Ils ont une technologie là-bas qu’ils incluent dans le sport et qui fait la différence. Ils font des tests lors de chaque pré-saison et sur les bords de touche auxquels aucun joueur ne peut se soustraire et s’ils détectent un problème alors tu ne joueras pas ». Les sports US ont pris très au sérieux le problème, de par la nature du sport en lui même (foot US notamment) mais pas que. La prévention est mise en avant chez les jeunes footballeurs avec l’interdiction de jouer un ballon de la tête pour les joueurs de 10 ans et moins et la limitation du jeu de tête pour les U11 et U13 lors des entraînements. Une décision qui fait parler puisque l’Angleterre se pose également la question et attend plus de données statistiques.

Des chiffres mériteraient d’être recueillis afin de déterminer l’importance de ces traumatismes. En attendant, le comportement de chacun (joueurs, arbitres et staffs) doit être exemplaire sur ces situations dangereuses, comme cela a été le cas par exemple le weekend dernier lors de la finale de la Capital One Cup avec la sortie de Mamadou Sakho par Klopp.

En bonus (ceci n’est pas un post sponsorisé) :

Mercredi 9 mars sort le film Seul contre tous, retraçant l’histoire du neuro-chirurgien ayant découvert l’encéphalopathie traumatique chronique, une affection cérébrale liée à la pratique du sport professionnel et qui touche notamment un grand nombre de joueurs de NFL.