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Dans une période où les affaires extra-sportives du football tricolore font couler plus d’encre que leur niveau de jeu ou l’Euro à domicile, il fallait bien cette « invention » pour garder les jeunes dans le droit chemin. Car si les « adultes », si on peut leur prêter ce nom, se font remarquer sur Periscope ou sur Twitter,  pourquoi  ne pourraient-ils eux aussi pas le permettre ?

Nouvelle idée de la FFF, le « carton bleu » ne concerne que le comportement sur le terrain ainsi que ce qui l’entoure. Quand on a envie de « cogner », comme beaucoup de grands l’ont fait, pourquoi s’en passer surtout quand les stars que l’on adule se le permettent ? C’est sur toutes ces questions que repose l’initiative de la FFF.

Le principe : permettre aux jeunes de gagner en maturité

Si ce mouvement a survolé la France durant un week-end, c’est bien pour prouver aux jeunes joueurs qu’un comportement irréprochable est bien plus bénéfique qu’un match à la Joey Barton.

Du simple cadeau à la place pour un match de l’Euro en France, c’est pour certains la première fois qu’ils entreront dans un « vrai » stade de foot, comme le dit Fede sur L’Equipe. C’est d’ailleurs à son match que se trouvaient les deux précurseurs du carton bleu : Thierry Braillard et Luis Fernandez.

Un secrétaire d’État chargé des sports et une ancienne gloire du football français, notamment champion de France et vainqueur de l’Euro joué à domicile en 1984. Alors, certes, c’est un immense honneur pour ces jeunes de jouer un match devant deux « stars » françaises. Participer à ce projet, prouver qu’ils sont et seraient de bons footballeurs capables d’incarner l’exemple, voilà aussi ce qui les a sûrement poussé à se comporter avec beaucoup d’exemplarité sur les pelouses de tout l’hexagone. Même plus, se montrer au près d’émissaires qui pourraient profiter de cette journée pour approcher les talents de demain. Mais une question reste tout de même en suspens autour de ce week-end, celle de sa réelle efficacité.

Uniquement une « politique de la carotte » ?

Voilà le grand danger de cette initiative, dans des régions où les jeunes n’ont pas l’habitude de rester « gentleman » sur le terrain. Alors la solution, pour ne pas avoir de surprises lors de leur déplacement, les représentants de l’État et de la fédération l’ont trouvé : offrir des cadeaux et des surprises au joueur recevant le fameux carton bleu, le sésame de tout jeune évoluant entre la U12 et la U15.

Mais une fois ces deux jours passés, quelle garantie que les matchs se dérouleront toujours dans un respect mutuel et une discipline parfaite ? Quelle garantie que les tribunes resteront calmes, que des noms d’oiseaux ne descendront pas de celles-ci ? Car même si ce projet a pour but de responsabiliser les jeunes, il ne semble pas viser qu’eux. Car au-delà des joueurs, il y a un encadrement : le plus souvent la famille.

Pour avoir sur le terrain des hommes respectueux et éduqués, et non pas des pantins qui découperaient à tout va les jambes adverses, il faut un passage de témoin entre les deux générations. C’est certainement pour cette raison que ce sont des parents du club qui ont été chargés de nommer les participants qui auront l’honneur de recevoir le ticket, en association avec les arbitres. Mais revenons au point de départ. Quelle garantie donc, que lors de ce match tendu, en plein milieu de l’hiver, qui déterminera la suite de la saison, les jeunes ne craqueront pas et ne feront pas dégénérer le match, en faisant passer le côté sportif au deuxième plan ? Ce projet relève-t-il de la politique à court terme, celle qui ne fait finalement pas avancer les choses, qui fait seulement illusion et se vêtit d’une parure d’or pour impressionner mais ne possède rien en-dessous mais pouvant à long terme changer la donne ?

Peut-on donc parler réellement de « responsabilisation » du joueur ? Dans ce jeu, ce sport du peuple, la pièce peut retomber du bon côté, comme du mauvais, et cela ne tiendrait pas à grand-chose. Dans un monte utopique, cette expérience pourrait influencer leur comportement et le changer pour toujours. Dans un monde dystopique, elle pourrait aussi n’être qu’une parenthèse ensoleillé dans ce monde morose, celui du football. Ce monde qui fait rêver la jeunesse, mais qui n’en couronnera qu’une partie, toute petite. Dans le monde lambda, qui n’a rien des deux précédents, cette initiative n’aura peut-être aucun impact. Alors, lequel de ces trois mondes vaincra ?

Pour ceux qui auraient encore des questions, restées en suspens après cet article, voici les réponses de Lionel Boland, président de la Ligue de Football Amateur.

Pourriez-vous définir « carton bleu », ainsi que l’objectif réel de cette initiative ?

Lionel Boland : « Carton bleu », c’est la volonté du ministère des sports et de la Fédération Française de Football de promouvoir les valeurs du football avec le soutien de plusieurs partenaires et à l’occasion de l’accueil en France de l’UEFA Euro 2016 L’objectif : tourner le projecteur sur l’une des belles actions citoyennes de la FFF.

Avec ce mouvement qui ne dure finalement qu’un week-end, n’y a-t-il pas un danger que l’effet de l’action disparaisse avec le temps ?

L’EURO 2016 est un événement exceptionnel et on a fait une opération exceptionnelle car le « carton bleu » est une adaptation du « carton vert » : une opération qui s’inscrit tout au long de l’année dans le programme éducatif fédéral de la Fédération. Il a ainsi été proposé cette saison sur la catégorie U15 tout au long de l’année dans 14 Districts et 6 Ligues.

En parlant de cadeaux, quelles sont les chiffres et les résultats de cette opération avant et après le tirage au sort ? Combien de cartons ont-été distribués ?

6 000 équipes ont participé à l’opération. 1000 jeunes ont été tirés au sort et pourront assister à un match de l’UEFA EURO 2016 avec un accompagnateur. On n’a pas récompensé l’attitude normale mais bien l’attitude exemplaire. Ce n’est donc pas une course aux chiffres.

Est-ce que d’autres opérations sont prévues sur le territoire, pour continuer à promouvoir la formation et à montrer le bon chemin aux jeunes ?

Le carton vert, baptisé carton bleu pour cette opération s’inscrit dans un programme plus large : le Programme éducatif Fédéral. Déployé dans plus de 5 000 clubs il leur permet d’assurer leur mission éducative et citoyenne de la plus belle des manières. Considéré comme le 3ème lieu éducatif, complémentaire de l’autorité parentale et de l’apprentissage scolaire, le club dispose grâce au PEF de supports pédagogiques de qualité pour sensibiliser ses licenciés et leur entourage sur les valeurs fondamentales du football.

La FFF propose ainsi un panel d’outils qui doivent permettre de mener des actions sur les terrains, en match ou à l’entraînement, mais également en dehors, avec des supports ludiques et dématérialisés :

  • Un classeur composé de fiches pédagogiques et de fiches de références sur les 6 thématiques inscrites dans le PEF (Santé- Engagement citoyen- Environnement – Fair-play – Règles du jeu et arbitrage-  Culture Foot)
  • Une charte d’engagement qui marque la volonté du club de s’inscrire dans  le programme.
  • Les Incollables du Foot, à forte connotation ludique et pédagogique comprenant plus de 200 questions/réponses en lien avec les thèmes du « PEF ».
  • Une plate forme « Programme Éducatif Fédéral », qui a vocation à créer de l’interactivité autour du PEF en proposant un support pour « jouer à tester ses connaissance » au cours d’une séance en salle organisée par les éducateurs ou dirigeants du club.

Si les jeunes ne devaient retenir qu’un seul message de ce week-end pour avancer et progresser en tant que joueur et en tant qu’homme, quel serait-il ?

Porter nos valeurs PRETS sur le terrain tout au long de la saison : Plaisir, Respect, Engagement, Tolérance, Solidarité