AvideceWopyBalab

Oubliés, les affrontements entre hooligans russes et anglais à Marseille. Oubliées, les rivalités entre clubs. Oubliée, l’animosité entre nations. Tout est oublié (même la main de Thierry Henry). Car, à l’heure où je vous parle, on est tous copains. Mon père, son voisin, le vieux monsieur devant lui, la jolie fille devant moi, l’enfant excité qui met des coups de pied dans mon siège, sa mère, son oncle, et puis cet homme en vert tout là-haut : On est tous copains. Comment en être sûr ? Les regards ne trompent pas et les gestes ne mentent pas. Des sourires, des larmes, des rires, des soupirs… Tous avons vécu des émotions communes et pourtant si différentes. Il y a nous, vêtus majoritairement de bleu, qui nous félicitons de la victoire comme si nous l’avions acquise à la sueur de notre front. Puis il y a eux, aux visages verts de peinture, qui plongent tantôt leurs têtes dans leurs bras, tantôt dans leurs maillots floqués Shane Long… Mais il y a surtout nous, bleus et verts, blancs – blacks ou beurs, qui venons d’assister à un spectacle universel.

« Le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités. »
– Albert Camus.

Aujourd’hui, j’ai pris une énorme claque au visage. Elle fut violente mais si douce. J’ai appris que par temps de guerres, de conflits d’intérêts politico-économiques, d’oppositions idéologiques… le football demeure l’opium du peuple, grâce auquel chaque passionné vient partager son amour du ballon rond dans un lieu qui nous rassemble tous : le stade. Plus de virages, plus de frontières. Plus de clivages, plus de barrières.