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Mercredi 6 avril, Hugo Lloris est attendu par une dizaine de lecteurs de France Football pour répondre à leurs questions. Le contexte est exceptionnel. Quatre jours avant, la France entière a entendu pour la première fois la voix grave du gardien lyonnais, piégé par les cameras de Canal+ dans les vestiaires de Nice. On parlait d’Hugo pour autre chose que pour ses arrêts reflexes surprenants. Combien de temps allions nous attendre pour parler de cela ? Mais aussi de son avenir a Lyon et en Equipe de France ?

Il est 14h quand Hugo arrive sans retard. Habillé comme un lycéen lambda (apparence corporelle comprise), Hugo a l’air fatigué mais aussi enthousiaste a l’idée de venir échanger avec nous. Avec son air accessible et vraiment sympathique, Hugo est définitivement un extra-terrestre dans la Planète Foot « bling-bling ». Tout le monde sait bien que des questions vont fâcher. En amont, une seule parole nous unissait : « c’est le moment rêvé pour interroger Hugo ». Tout le monde a préparé ses questions, parfois axées sur l’origine de sa technique exceptionnelle, parfois sur ses relations avec ses coéquipiers, souvent sur son avenir.

Le marathon a duré presque 2 heures, sans interruption. L’interview a abordé dans l’ordre son club, l’Olympique Lyonnais, puis son avenir en Bleu.

A Lyon, « nous avons perdu notre esprit guerrier »

La carrière d’Hugo au sein du club rhodanien a occupé la plus grande partie du débat. Les questions-pièges n’ont pas tardéa fuser. La première traite de son avenir a Lyon, qu’il se refuse de dévoiler. Aucune piste, aucune préférence, Hugo dit vivre « au jour le jour », « sans se projeter ». Personne n’est dupe et comprend qu’une prolongation serait synonyme de départ. La technique semble rodée et Hugo n’hésite pas a renvoyer toutes les personnes abordant le point dans les cordes. Très proche de Joël Bats, qu’un lecteur assimile – non sans humour – à un facteur déterminent pour son départ. Si sa priorité semble être le renouvellement de son contrat, qu’il base sur des critères d’ambition et d’ambiance (c’est pas gagné), on lit entre les lignes une certaine lassitude qu’on attribue au contexte. Dimanche dernier, Hugo n’était pas loin de dévisser sa défense.

Alors que tous les intervenants à la discussion essaient de lui faire comprendre que le gardien est en train de franchir un pallier (pour l’étranger ?) dans son apprentissage continu du métier, on a presque l’impression que le gardien international s’excuse de son comportement, « qui n’est pas dans sa nature ».

Durant l’entretien, son agacement sur les errements d’éléments trop jeunes pour ce club en perte d’ambition commence à le ronger. Sur l’ambiance dans le vestiaire, Hugo assure qu’elle est « excellente ». Difficile à croire alors que les comportements aux entrainements de la veille ont fait débat. Comparé aux années précédentes, il estime que les résultats en déclin sont sans doute dus à « l’âme de guerrier qui a quitté le vestiaire ». Il n’estime qu’il n’y a plus de vrai leader dans le vestiaire, sauf quand on lui rappelle le rôle de Rémy Vercoutre. Evoluer à ses côtés lui est très bénéfique et Rémy reste un des anciens qui a connu aussi bien les bons comme les mauvais moments lyonnais.

Hugo Lloris : "nous n'avons plus cet esprit guerrier"

Hugo Lloris a toujours la tête à Lyon… pour l’instant

Bleus : « Pourvu que ça continue »

Le bilan en Equipe de France d’Hugo Lloris est excellent. Titulaire incontesté devant le marseillais Mandanda, il estime qu’il n’y a pas de concurrence à ce poste et que la situation est claire, que cela soit entre eux comme pour le sélectionneur, « qui ne nous a pas convoqué en particulier à sa nomination ». En effet, le poste de numéro un au poste de gardien étant souvent revenu sur le tapis sous l’ère Domenech, on aurait pu penser que l’ancien bordelais allait convoquer les portiers pour une mise à plat. Au lieu de ça, il a fait parler le terrain.

Le nombre de lyonnais en Equipe de France se réduit à vue d’œil, ce qui s’explique à la vue des résultats de l’équipe rhodanienne, ce qui nous permet d’aborder son confrère Toulalan, qu’il côtoie tous les jours à l’entrainement. Il respecte les choix du nouveau sélectionneur en soutenant son coéquipier qui a su prendre ses responsabilités. Pour rappel, Toul’ avait ouvertement critiqué le fantôme France 98 sur les mentalités.

Depuis la nomination de Laurent Blanc, la génération 98 a repris le dessus sur la gestion sportive et médiatique de la nouvelle équipe de France. Dorénavant, nous ne parlons plus des exploits d’un Lloris ou d’un Mandanda à l’entrainement mais plutôt de la présence de Fabien Barthez pour prodiguer des conseils chers mais de qualité. Lloris avoue « apprécier » ces moments, même quand on leur impose un champion du monde… de handball comme Thierry Omeyer au contact duquel il a appris et rigolé, avant d’affronter la Croatie.

Juillet dernier, Hugo fait partie des rebelles du bus de Knysna. Epargné par les médias et par le public français, il avoue que l’épisode a été marquant pour ses coéquipiers et pour lui-même. Il a ainsi « appris de ses erreurs » et a « vite rebondi ». Il estime qu’il ne sert à rien de ressasser ce passé si douloureux pour les français mais bien de profiter des moments présents. Maintenant que la page est tournée, il espère que la bonne passe actuelle continue.

La blessure de Mexes (une rupture des croisés du genou qui le laissera 4 mois sur le flanc, ndlr) a beau avoir fragilisé le dispositif de Laurent Blanc, Hugo n’est pas inquiet quant au joueur qui le remplacera, sans en citer un avec qui il pourrait avoir des affinités. Pour rappel, deux joueurs tiennent la corde pour épauler Rami (si Rami il y a) : Sakho et Koscielny.

Sur son capitanat express avec les Bleus, lors du match amical contre l’Angleterre, il estime ne pas être trop jeune pour l’avoir honoré, en sortant même grandi. Nous étions déjà en effet en période de repérage du capitaine en puissance. Laurent Blanc n’avait pas commenté cette nomination.

Hugo Lloris : "nous n'avons plus cet esprit guerrier"

Hugo était très disponible pour les lecteurs

« Poussin Meslin »

Des questions plus générales sont venues conclure cette interview. Il se dit faire son chemin et ne porter que peu d’attention aux commentaires présents sur les nouveaux media qui prennent tant de place dans la vie des joueurs.

Certains lecteurs, très malins, sont revenus sur son transfert hypothétique et ont tenté la porte dérobée : « quel club appréciez-vous dans votre enfance ? »« quel maillot portiez-vous étant petit ? »« à quel gardien vous identifiez-vous ? ». Indirectement, Hugo est tombé dans le piège. Il se dit adorer Cantona, avoir toujours eu comme modèle Peter Schmeichel (entre autres) et tenir comme référence l’épopée de Manchester United en 1999. Un indice sur sa destination future ?

Hugo a réussi à se livrer pendant 2 heures. Même s’il était évident qu’il n’allait pas encore sortir de ses gonds comme à Nice, nous avons trouvé le Hugo que toute la Ligue 1 apprécie : vrai, nature. Un Hugo sans doute heureux de pouvoir s’expliquer directement à des lecteurs plutôt qu’à des médias à la recherche du scoop. Le scoop, c’est sur un sujet inattendu qu’il le fournit. A la question « quel est le joueur qui vous a déjà impressionné dans votre (courte) carrière ? », il sort des noms improbables au milieu de la star logimque (Lisandro) : Christophe « Poussin » Meslin, Cyril Rool, … Etonnement et sourires dans la salle. On comprend vite que ces vieux briscards rencontrés lors de sa formation niçoise sont ceux qui lui ont appris à être aussi efficace. Ce garçon respectueux n’oublie pas non plus qu’il doit sa success story à la détection de Dominique Baratelli à l’âge de 10 ans dans un quartier niçois, qu’il apprécie même si les contacts sont rares.

Ce que nous avons compris de cet entretien, c’est que nous n’avons plus le même Hugo. Et le Hugo 2011 nous plait encore plus que le précédent. Pour preuve, le champion a passé plus de 20 minutes à poser et à signer des autographes, exténué par l’entretien. Une voix simple nous remercie pour l’entretien. Hugo, c’est vraiment un extra-terrestre.

Hugo Lloris : "nous n'avons plus cet esprit guerrier"

Hugo Lloris / PKFoot : la rencontre

PKFoot remercie France Football et l’OL pour cet entretien.