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Les tifosi de Novara avaient tout prévu. Lors de la réception de l’Inter mardi soir, l’étendard déployé en tribune « Siete gia alla canna del Gasp » laissait présager ce que toute l’Italie attendait pour mercredi matin : le licenciement de Gian Piero Gasperini. Réflexion prémonitoire pour les supporters du club piémontais ayant pu se rendre compte que l’Inter était bel et bien au bout du rouleau avec Gasp (ndlr : surnom de Gasperini). Pour leur plus grand bonheur et une victoire 3-1 sans appel. Dernier acte d’une rencontre ratée entre un entraîneur ambitieux et un club où la moindre défaite peut être celle de trop.

Les prémisses d’un échec

Lorsque le 1er juillet, Massimo Moratti officialise l’arrivée de Gasperini, l’attente est grande. Les Nerazzurri viennent de réaliser une saison décevante, malgré le titre remporté au Championnat du Monde des Clubs, Rafael Benitez a été remercié au bout de six mois et Leonardo a, certes redonné de la vie dans ce groupe, mais aussi terminé derrière le rival et champion Milanais, et a piteusement échoué en quart de finale de Ligue des Champions contre Schalke 04. Le titre de Champion de Série A vient d’échapper au club pour la première fois depuis quatre ans, cinq si l’on compte l’année du Calciopoli. Or, Moratti s’est habitué au confort de la victoire, et décide donc de relancer la machine avec un technicien prônant un football spectaculaire.

Gasperini n’était pas le premier nom sur la liste de Moratti. Avant lui figuraient André Villas Boas et « El Loco » Marcelo Bielsa. Tous deux ont refusé. Dans l’urgence d’une pré-saison sur le point de débuter, le patron choisit Gasperini, quatre ans au Genoa derrière lui et une certaine idée de jeu offensif. S’appuyant sur la caution Allegri, débarqué de nulle part (Cagliari) pour finir champion avec le Milan, Moratti prend un risque mais couvre déjà ses arrières.

Adepte du 3-4-3, Gasperini espère recruter des joueurs correspondants à son schéma. Pour cela, il faut dégraisser, un impératif souligné par le Big Boss Moratti. Alors, Eto’o et Pandev s’en vont. Gasperini réclame des fonds qu’on ne lui donne pas. Il souhaite se séparer de Sneijder pour pouvoir recruter. En effet, le néerlandais, Trequartista, et quelles que soient ses qualités, n’est pas un joueur de 3-4-3. Pour le remplacer, Gasp’ veut Palacio (qu’il a entraîné au Genoa) et Lavezzi. Il voit arriver Forlan et Zarate pour une bouchée de pain. Dès lors, l’entraîneur italien comprend qu’on ne fait pas tout pour que son plan se réalise et que Moratti conserve la main « au cas où », comme s’il sentait l’échec arriver. Et il arriva. Un point en trois matchs de Série A, une défaite en Supercoupe d’Italie contre le voisin de l’AC Milan, une autre à domicile face à Trabzonspor en C1, et surtout, aucune victoire.

Pire, sous la pression de son président, Gasperini abandonne un temps sa défense à 3 face à la Roma, mais la relance trois jours plus tard à Novara. Un véritable fiasco. Les joueurs n’adhèrent pas au système. Les sénateurs ne veulent pas de cette nouvelle tactique et le font savoir. A Novara, Cambiasso est pris par les caméras à l’échauffement en train de dire à Ranocchia qu’ils joueront à quatre derrière, et non pas à trois comme le souhaite Gasperini. Le point de non-retour est atteint. Moratti n’a pas le choix et vire Gasperini.

Ranieri, pompier de service

Pour faire son retard, Moratti appelle Ranieri qui n’attendait que cela pour reprendre du service après son départ de la Roma en mai dernier. Celui qui est plus un « coach mental » qu’un véritable tacticien, est le quatrième entraîneur en deux ans pour le club Lombard. Le 17ème de l’ère Moratti, débutée en 1994, une moyenne d’un changement par an. Ranieri a signé un contrat de deux ans. Risqué quand on sait que sa première année se passe toujours très bien et la seconde se termine (presque) toujours par un échec. Car Ranieri tire sur la corde mentale jusqu’à ce qu’elle rompe.

Spécialiste des situations compliquées et désespérées, Ranieri est passé maître dans l’art de redonner confiance à un groupe, de lui faire croire en ses qualités, et de faire correspondre ce travail psychologique à des bons résultats, sans pour autant toucher du doigt un titre majeur. Mais qui peut encore penser aujourd’hui au titre de champion à l’Inter ?

Pour sa première à l’entraînement hier après-midi, Ranieri a fait son boulot. Il a beaucoup parlé, expliqué que « l’Inter avait tout ce qu’il fallait pour remonter au classement et l’ADN pour croire à nouveau en ses qualités » et ajouté que le feeling entre joueurs et entraîneur était obligatoire pour retrouver le chemin de la victoire. Un feeling qui n’était pas passé avec Gasperini et que Ranieri n’aura aucun mal à trouver, en titillant ses nouveaux joueurs, à commencer par le train de sénateur, comprenant Zanetti, Cambiasso, Lucio ou Stankovic. Car cette vieille garde détient la clé : intégration des nouveaux, explications de l’ADN du club, maintien de la discipline collective, relais de l’entraîneur auprès du groupe et surtout acceptation de l’entraîneur lui-même.

Pour son premier match à la tête de Nerazzurri, Claudio Ranieri défiera Bologne au Meazza avec l’idée d’arracher la première victoire de la saison. Un succès et la machine sera lancée espère t-on à Appiano Gentile, centre d’entraînement de l’Inter. Avec une défense à 4, Sneijder en meneur de jeu, un duo Forlan-Pazzini et un adversaire en situation délicate, l’Inter a tout pour contenter ses supporters samedi en début de soirée et surtout calmer une presse déchaînée. Quant aux objectifs, Ranieri préfère ne rien promettre, conscient que son CV ne parle pas pour lui…

Inter-Gasperini, rejet de la greffe

Rigoni, sosie officiel de Pagis, avait scellé le sort de Gasperini en 4 minutes