AvideceWopyBalab

La crise financière ne semble pas être le seul problème de la Grèce. Depuis des années, le vieux pays fait face à de graves problèmes de fond que la crise est venue enfoncer. Le derby Olympiakos-Panathinaïkos est venu confirmer cette dérive. Analyse d’un football en voix de disparition.

Des hooligans qui prennent le dessus

Pour les grecs, le football est devenu une échappatoire dans ces temps difficiles. Le 18 mars dernier, de violents affrontements, initiés par les supporters du Pana mené 1-0 par l’Olympiakos, ont amené l’arbitre à arrêter le match à 10 minutes du terme. Bagarres avec les forces de l’ordre, stade envahi et cocktails molotovs ont poussé la fédération grecque à infliger une amende de plus de 252 000€ à un club d’Athènes déjà étranglé par les dettes. Les 4 matchs à huit clos et les 5 points de moins au championnat (dont 2 dès l’année prochaine), déjà joué, ne sont plus qu’une anecdote. En conséquence, l’ensemble du conseil d’administration du club au trèfle a démissionné au bout d’une réunion de trois heures.

L’année dernière, le match de Coupe nationale entre le PAOK Salonique et l’AEK Athènes a aussi été arrêté après seulement 20 minutes suite à un envahissement du terrain des supporters locaux. Avant cela, ils n’avaient rien trouvé de mieux que de pointer des lasers dans les yeux du gardien de l’AEK et de lui lancer un fumigène dans le dos.

Mais le problème de l’hooliganisme en Grèce n’est pas une nouveauté. Tout le monde se souvient du derby joué par Djibril Cissé qui a fini de le convaincre de quitter la Grèce à la fin d’une saison. Même des personnes qui pourraient représenter « l’ordre et la morale » ont ainsi dérivé vers un fanatisme footballistique sans nom. L’église a ainsi du sanctionner un pope, Christos, fervant supporter du PAOK, pour l’éviter de devenir l’icone d »un club qui n’hésitait à scander des chants à sa gloire. Les supporters n’avaient pas hésité à créer une pétition contre l’église orthodoxe. Entre football et foi, les grecs ont fait un choix.

A l’AEK Athènes, les joueurs avaient du se déplacer en taxi pendant un temps suite à de cinglantes défaites et une poussée de la violence de leurs propres supporters qui n’ont pas hésité à lancer des bouteilles de gaz dans les fenêtres de leur président.

La corruption, réflexe culturel

Nous vous avions déjà fait découvrir la belle vie de Larissa. Depuis, Kavala, Volos et Asteras ont été envoyés dans les divisions inférieures avec de fortes amendes à la clé suite au gros scandale des matchs truqués grecs, même si la plupart des observateurs s’accordent à dire que l’efficacité de ce « coup de balai » n’est que très relative. La police, avide d’une légitimité qu’ils peinent à imposer durant cette crise, avaient sorti les grands moyens : plus de 93 000 pages d’écoutes téléphoniques.

Entre 2008 et 2011, plus de 40 matchs ont été déclarés comme « suspects » par l’UEFA, qui a ouvert des enquêtes. Si la plupart des matchs se déroulaient en divisions inférieures, le nombre de matchs étranges dans le championnat fanion explose.

Et le financier maintenant ?

Les finances du Panathinaïkos méritent un livre à elles seules. Depuis le début de la saison, les salaires des joueurs du club sont payés au compte-goutte. Hasard du calendrier ou non, une partie d’entre eux ont été versés en amont du match contre l’Olympiakos, comme une ultime carotte dans un championnat perdu d’avance.

Cédric Kanté le prend plutôt pas mal : « Les dirigeants n’ont pas essayé de nous cacher les problèmes et nous donnent régulièrement des nouvelles des finances, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. C’est pas l’idéal mais on n’est pas traumatisé, on leur fait confiance ». D’autres ne sont visiblement pas patients. Jean-Alain Boumsong se demande encore pourquoi il n’a pas fait comme Cissé : « Un report des salaires? On devait être payé en Novembre, puis Janvier, et là Juillet. On est pris en otage. Les actionnaires sont fautifs ». Du coup, Boumsong, Katsouranis et Karagounis songent à filer en douce. Ninis, la perle du milieu du Pana, partira libre à la fin de la saison. Pas de quoi rassurer le comptable du club.

Chez les actionnaires, la fuite semble aussi être la solution privilégiée. En attendant un généreux investisseur, Viardino Zammis, l’un des quatre actionnaires actuels, a déjà annoncé qu’il allait plier bagages dès la fin de la saison.

L’AEK Athènes fait aussi partie de la liste des clubs à la dérive. Fin janvier, leur match contre l’OFI Crète a du être reporté, la police voulant éviter la colère des supporters n’ayant pas pu avoir leurs tickets pour le match. Le club d’Athènes n’avait en effet pas les moyens de financer leur impression…

« Le football grec a creusé sa propre tombe à coups de violence et de corruption. Notre tâche n’est pas de lui offrir une pierre tombale mais de l’aider à se remettre. Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition, à commencer par le financement des équipes, qui pourrait être réduit si les choses ne vont pas mieux » lançait déjà le ministre des sports grec, Pavlos Geroulanos.

Le football grec est devenu incontrôlable

Tout va bien en Grèce