Après Pep Confidential, Marti Perarnau nous replonge dans la galaxie Guardiola à travers Pep Guardiola, The Evolution. Cette fois, il nous fait découvrir comment ce bourreau de travail a su s’adapter au football allemand sans rien oublier de son passé barcelonais
Nous connaissions le Pep travailleur, méticuleux, passionné, avide de nouvelles connaissances. Nous ne connaissions pas encore ce Pep à la capacité d’adaptation hors pair. Tout commence à la fin de la saison 2012. Guardiola quitte le Barça, le sentiment d’avoir apporté la touche finale à son chef d’œuvre. Fatigué, il décide de se ressourcer un an avec les siens entre Catalogne et New-York. Pourtant, il prépare déjà méticuleusement sa prise de fonction au Bayern. Il prend des cours intensifs d’allemand afin d’être en mesure de s’intégrer au mieux à un Bayern à l’ADN très fort. Guardiola l’a bien compris, l’institution Bayern est plus forte que ses 14 titres avec le Barça. Là est le point de départ de son évolution.
Interrogé par Marti Perarnau, le directeur de la préparation physique du Barça, Paco Seirul.lo, indique qu’un tel choc culturel ne peut être que bénéfique pour progresser : » Le début d’une telle aventure est forcément toujours un peu difficile. Mais bénéfique sur le long terme car vous développez inconsciemment de nouveaux modèles de pensées […] Pep a maintenant plus de cordes à son arc […] Il est certes plus flexible qu’auparavant mais son mantra demeure inchangé. Tout est question de passion, passion et encore passion « . Cette dernière déclaration de Paco Seirul.lo pourrait résumer à elle seule le message que Marti Perarnau veut nous transmettre à travers son livre. Un Guardiola de moins en moins idéologue, réceptacle de toutes les idées pouvant le faire progresser. En réalité, Guardiola n’a jamais vraiment été un idéologue, comme aime à la souligner l’auteur. Pep se décrit lui-même comme un ultra-pragmatique. Son seul but, la victoire. Au Bayern, la palette de joueurs à sa disposition fut plus importante qu’au Barça. Un gardien qui n’a pas d’égal pour le jeu au pied (Neuer), des ailiers explosifs (Roben, Ribéry, Coman), un couteau suisse (Lahm), etc… Une force qui lui a demandé des capacités d’adaptation. En Bavière, il a joué avec cinq, quatre, trois voir seulement deux défenseurs. Au contraire il a parfois aligné une équipe avec cinq attaquants, créé des compositions asymétriques selon les faiblesses de l’adversaire, ou bien même changé son système de jeu jusqu’à cinq fois durant un match. Marti Perarnau ajoute : “ Comment pourrait-on décrire le plan de jeu de Guardiola? En un mot : changement“.
On reconnaît un grand entraîneur à sa capacité d’influencer ses pairs, de provoquer une rupture dans un pays ou un championnat. Guardiola fait partie de ceux-là. Il a importé en Allemagne le jeu de position hérité de son mentor Néerlandais Yohan Cruyff. Tobias Escher, observateur reconnu en Allemagne, explique en ces termes l’apport de l’entraineur catalan : « Avant que Guardiola ne débarque en Allemagne, nous ne connaissions rien au jeu de position, car contrairement à la Catalogne et aux Pays-Bas, ça n’a jamais fait partie de notre culture. En Allemagne, le terme « taktik » (tactique) est souvent utilisé pour désigner la défense. Un match dit « tactique » est donc un match défensif où les deux équipes « garent le bus ». Ancien entraîneur du Borussia, Thomas Tuchel semble être aujourd’hui le plus à même de porter cet héritage, selon Pep lui-même.
Guardiola: "Tuchel lives football. He has this passion, this will to know about everything…"
— Alex Truica (@AlexTruica) May 19, 2016
Pep Guardiola, The evolution est une magnifique bible pour apprendre à connaître de nouvelles facettes de l’entraîneur catalan tant les exemples sont légions. Marti Perarnau nous offre en bonus un aperçu de son adaptation à la Premier League lors de ses premiers matchs à Manchester City.