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Le mois de décembre arrive enfin et il est temps pour nous de vous gâter en vous laissant ouvrir les cases de notre calendrier PKFoot. A chaque date, un nouveau souvenir, un retour en arrière sur la dernière décennie.
C’était la belle histoire footballistique de la saison 2013-2014. Loin des lumières d’une Ligue 1 qui retrouvait des couleurs grâce aux investissements parisiens et monégasques, un petit club de l’Ariège faisait sensation dans le championnat National. Cependant, la belle histoire avait rapidement viré au cauchemar. Jusqu’à devenir la plus grande injustice du football français.
« Petit par la taille, grand par le talent », Luzenac ou le conte parfait
Alors oui, le proverbe d’usage est facile à l’emploi quand il s’agissait d’évoquer le Luzenac Ariège Pyrénées. Et pourtant, ils ont été nombreux à aller dans son sens. Petite commune d’à peine 600 âmes, Luzenac n’évoque, sinon rien, qu’une ville de passage sur la route d’Andorre où le talc est roi. Pourtant, c’est bien son club de football qui a participé à sa renommée. Pensionnaire de la troisième division française depuis 2009, le LAP réussit à se maintenir confortablement chaque saison dans l’antichambre du football professionnel malgré ses moyens très, très limités.
Pour la saison 2013-2014 – sa cinquième d’affilée en National, le LAP part avec l’objectif initial de s’installer dans le top 10. Il va aller au-delà de toutes les attentes. Entraînés par Christophe Pélissier, les « Rouge et Bleu » se sont offerts une saison d’anthologie pour accéder à la Ligue 2. Le cocktail est parfait et certains acteurs vous disent forcément quelque chose. Nicolas Dieuze, Khalid Boutaib, Quentin Westberg, Jérôme Hergault ou encore Ande Dona Ndoh – devenu meilleur buteur de l’Histoire des Chamois Niortais par la suite, tous ont fait partis de l’aventure.
Et c’est le 18 avril 2014 que la rêve devient réalité. À l’occasion de la 29e journée de championnat, le LAP dispose de l’US Boulogne pour s’assurer une place sur le podium du National et donc un ticket pour la Ligue 2. Un ticket dont ils ne verront jamais la couleur
4 septembre 2014, la déclaration de disparition
Si Luzenac est parvenu à composter son billet sur le terrain, il lui reste à passer les « douanes » du football français pour goûter à la Ligue 2. C’est le début de la descente aux enfers. Délocalisé à Foix depuis la saison 2012-2013, le club ariégeois a toujours rencontré des soucis administratifs avec son enceinte. Dès la validation de l’accession, les responsables de la LFP et de la FFF avaient montré leur défiance vis-à-vis du stade de Foix. Les dirigeants du LAP s’empressent alors de trouver une solution pour pouvoir recevoir l’ESTAC lors de la première journée de L2 et un accord est trouvé avec les Amis du Stade Toulousain pour évoluer à Ernest-Wallon. À une heure trente de route, mais en Ligue 2, comme voulu. Pourtant, la DNCG va refuser la montée à Luzenac, faute de garanties financières.
C’est le début du tourbillon médiatique et judiciaire. Le club de Fabien Barthez, alors directeur général du club, joue son va-tout pour conserver sa montée acquise sur le terrain. CNOSF, tribunal administratif, ministère des Sports, le LAP tente tout pour se faire entendre et parvient finalement à obtenir un avis favorable de la DNCG, le 7 août. Que le conseil d’administration de la LFP rejette le lendemain. En urgence, la ville de Toulouse se déclare prête à accueillir le petit Poucet au Stadium.
« Le job, on l’a fait sur le terrain. On dit que l’important, c’est de participer, eh bien, là je ne m’y retrouve pas. Maintenant, on ne lâche pas, on y croit depuis le début ». Fabien Barthez, à l’Équipe, le 13 août 2014
Malgré l’aval du CNOSF au cours du mois d’août, Luzenac ne parvient pas à se démêler de ses galères administratives. Et c’est le 4 septembre 2014 que la sentence tombe. Luzenac dit adieu à la Ligue 2. Pire, le club ne peut pas réintégrer le championnat National et refuse de redémarrer en CFA2 – aujourd’hui N3. Les joueurs sont libérés, la réserve passe en première ligne sauvant ainsi le club de la disparition. Le 10 septembre 2014, Luzenac n’est plus un promu, c’est un déchu.
Un redécollage progressif, mais…
Après avoir échappé de peu à la disparition, Luzenac aspire aujourd’hui à oublier son cauchemardesque été 2014. Après une parenthèse d’une saison en N3 en 2017-2018, le LAP a retrouvé la DH. Quelques années après, les joueurs ont encore du mal à digérer. Certains ont réussi à se relancer ailleurs comme Ande Dona Ndoh, Khalid Boutaib ou Quentin Westberg, vice-champion de MLS cette saison. D’autres ont tout perdu.
Cinq ans après la plus belle saison de son Histoire, le LAP continue à se battre par la voix de ses anciens et de ses dirigeants. Sur le terrain judiciaire, ces derniers ont finalement obtenu gain de cause. En juin 2019, le tribunal administratif de Bordeaux a en effet reconnu que Luzenac devait jouer en L2 en 2014-2015. Si le deuxième échelon du football français parait utopique aujourd’hui, le président Jérôme Ducros n’a pas abandonné l’idée de ré-intégrer le National 1 voire le National 2, plus de cinq ans après le verdict. « Ils pourraient encore faire un geste, se servir du capital sympathie dont bénéficie ce club pour redorer leur blason! Tout cela peut bien durer quelques années encore. » déclarait Nicolas Dieuze au Parisien en septembre dernier.
Football : La justice donne raison à Luzenac qui aurait dû jouer en Ligue 2 https://t.co/VMyaZAH2AJ
— rakan (@illlrek493) August 31, 2019
Les dirigeants ariégeois se sont notamment rapprochés de leurs homologues de Rodez pour étudier la possibilité de jouer au Stade Paul-Lignon en cas de réintégration dans les divisions supérieures. Malgré son statut de « mastodonte » dans le groupe B de R1 Occitanie, Luzenac, qui a conservé sa SASP pour mener le combat judiciaire, souffre toujours financièrement.
La montée de FC Chambly en L2 en avril dernier pouvait laisser présager un nouvel épisode similaire. Pourtant, le club de l’Oise a réussi à composter son ticket. Et Chambly n’est pas devenu le nouveau Luzenac.
Une éternelle quête de reconnaissance, un feuilleton sans fin, un rêve anéanti.
https://www.youtube.com/watch?v=LVMj9m0YuFM