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Quatrième volet de notre rubrique tactique : nous allons imaginer comment optimiser les forces de l’effectif du Borussia Dortmund. Avec Sancho et Haaland, Favre dispose de 2 des plus belles promesses du football mondial, mais également de joueurs confirmés pour les encadrer. Sans prétendre faire mieux que lui, on explique ce qu’on aimerait bien voir, sur le plan théorique.

Comment assembler les meilleurs ?

Si on regarde les 12 derniers mois, voire les 24 derniers, Favre a fait jouer son équipe dans 2 dispositifs bien distincts : le 3-4-2-1 et le 4-2-3-1. Le premier système avait pour objectif principal de masquer les lacunes défensives des latéraux, Guerreiro et Hakimi (Meunier aujourd’hui), mais aussi de permettre à Zagadou de prendre des risques avec le ballon, ce que le Français réussit très bien. Pour aligner les meilleurs joueurs ensemble, Brandt était sacrifié en jouant dans un double pivot avec Witsel qui l’éloignait des buts, mais c’était la seule solution pour le titulariser aux côtés de Sancho, Hazard, Reus puis Haaland. Puis, Can est arrivé, la crise sanitaire a redistribué les cartes, et l’équipe a manqué de continuité, mais l’idée était là : trouver un moyen d’aligner des cadres, quitte à ne pas les mettre dans une position où ils peuvent donner la pleine mesure de leur talent.

Cette saison, toujours dans l’optique de faire jouer tous les meilleurs éléments, Can a parfois joué en défense. Sans être catastrophique, il n’a pas été emballant. Malgré son jeune âge, Bellingham a bénéficié de beaucoup de temps de jeu, au détriment de joueurs plus expérimentés comme Brandt, Delaney ou Dahoud. Ces dernières semaines, Favre a encore changé de fusil d’épaule pour revenir au 4-2-3-1 qui lui avait permis d’être dauphin du Bayern lors de sa première saison en Bundesliga (avec un Paco Alcacer alors en feu).

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De notre côté, nous privilégions un 4-2-3-1 avec Brandt dans sa meilleure position. L’Allemand paye sa polyvalence depuis qu’il est à Dortmund, et s’il n’est pas du genre à se plaindre, il mériterait de la continuité au même poste, dans le cœur du jeu, et déchargé en partie de la récupération, ce qui n’était pas le cas lorsqu’il formait un double pivot avec Witsel. Aucun joueur axial de ce onze de départ n’est très rapide, mais ce ne sera pas forcément un problème selon la hauteur du bloc défensif (voir plus bas). Sur le côté droit, on a privilégié le vétéran Piszczek car il compensera les montées de Guerreiro, pour que Dortmund puisse avoir des airs de 3-2-1-3-1 en phase offensive. Reus pourrait ainsi se recentrer ponctuellement devant Brandt, et combiner avec lui. Piszczek apporte plus d’équilibre que Meunier, trop absorbé par l’attaque, sans être efficace comme l’était Hakimi.

Bloc bas de combat

Sans ballon, le Borussia Dortmund, avec le onze de départ qu’on imagine, a tout intérêt à évoluer en bloc bas. Ainsi, le manque de vitesse de Hummels, Witsel et Can sera largement compensé, puisqu’il n’y aura pas de profondeur à exploiter pour l’adversaire. En phase de transition offensive, il faudra aller se replier très vite, ce qui constitue sans doute la partie la plus énergivore d’un tel plan de jeu. Le gegenpressing permettrait de rester haut, mais Sancho, Reus et Brandt sont-ils capables de mettre de l’intensité dans les duels défensifs ? Si on prend l’exemple de Brandt, lorsqu’il était dans le double pivot du milieu, on constate qu’il faisait bien les courses, mais qu’il récupérait peu de ballons, puisqu’il n’avait pas la même faculté/faim qu’un récupérateur. Si cela peut se travailler, comme pour Mané à Liverpool par exemple, il n’est pas dit que Favre arrive à transcender ses joueurs sur cet aspect.

Fast and furious

En transition offensive, il n’y a pas de doute à avoir, il faut foncer. Witsel et Can savent sortir de la pression adverse, Hummels peut casser des lignes avec ses ouvertures de l’extérieur du pied, Brandt se régale entre les lignes, Guerreiro peut se projeter efficacement, tandis que Reus et surtout Sancho et Haaland brillent lorsqu’ils peuvent attaquer la profondeur. Quand on regarde l’effectif, les joueurs sont suffisamment bons techniquement pour jouer en attaque placée face à un bloc bas, au moins sur le papier. Mais force est de constater qu’ils n’y parviennent pas (ou très peu) depuis au moins 2 saisons. On invite donc le Borussia à se montrer patient, quitte parfois à reculer pour attirer l’adversaire (comme peut parfois le faire Arsenal) pour mieux piquer la profondeur.

Comment améliorer l’effectif ?

L’effectif est excellent dans certains secteurs, et déficient dans d’autres. Le poste de gardien est très bien fourni : Hitz, qui a largement le niveau pour être titulaire dans un club de « niveau Ligue Europa« , est une doublure de choix qu’on avait même conseillé au Real Madrid. En défense, tous les postes sont doublés, et on garde évidemment Schmelzer, historique du club et apprécié du vestiaire, même s’il ne joue que très peu. Au milieu, c’est très triste de voir Dahoud, excellent à Gladbach et aux portes de la sélection à ce moment-là, jouer les utilités… Pour son bien, il faudrait mieux partir. Même s’il ne figure pas dans l’équipe A ou l’équipe B qu’on a concocté, on garde le jeune Passlack, qui peut être utile.

L’embouteillage d’ailiers est invraisemblable. C’est pourquoi on replace Reyna dans le cœur du jeu, en doublure de Brandt. L’Américain, bien que très jeune et encore tendre, a l’intelligence de jeu et le sens de la passe pour jouer partout, surtout lors des matchs « normaux », c’est à dire en dehors des grosses affiches. Hazard, parmi les joueurs en vu du championnat, est remplaçant sur le papier, mais il a tout pour prendre la place de Reus. Le capitaine, loin du niveau qui devrait être le sien, a toujours un sens du but qui le rend intéressant, mais sa présence dans le onze de départ suscite le débat. En attaque, derrière Haaland, c’est le vide intersidéral, au point que Favre utilise tour à tour Brandt, Hazard, Reus voire même Reinier récemment pour jouer en pointe. Un bricolage indigne d’un club ambitieux qui aurait pourtant été facile de compenser. On parle du jeune Moukoko, mais cela reste une inconnue à ce niveau.

S’il n’est plus le buteur qu’il était, Higuain aurait été une bonne doublure, apportant expérience à un groupe jeune, en plus d’être fiable pour faire souffler Haaland. Moins ronflant, Mariano ne joue plus du tout au Real Madrid, et aurait pu servir. Son style de jeu est très limité, il a tendance à tirer à tout-va sans regarder autour de lui, mais sa hargne aurait pu faire du bien à une équipe qui en manque parfois. L’OL, qui dispose de Dembélé, Toko Ekambi, Kadewere voire Depay pour jouer en numéro 9 aurait sans doute accepter une bonne offre pour l’un d’eux, notamment Toko Ekambi. Plus mobile et polyvalent que Higuain et Mariano, il aurait été parfait par sa capacité à prendre la profondeur, et son faible taux de conversion aurait été compensée par le nombre d’occasions créées. Plus statiques, mais sans doute tout aussi complémentaires avec les milieux offensifs de l’équipe, Dzyuba était en fin de contrat en juin dernier, et Diallo était accessible pour 15 millions d’euros. D’ailleurs, il n’a eu besoin d’aucun temps d’adaptation pour déjà marquer avec Strasbourg. Evidemment, aucun de ces joueurs n’est Kane ou Lewandowski. Mais quand on voit Favre sortir Haaland pour faire entrer Reinier face au Bayern, on se dit que chacun aurait apporté quelque chose.