AvideceWopyBalab

Mission accomplie pour Guardiola qui remporte l’Angleterre après l’Espagne et l’Allemagne. Engagée, intense, la Premier League n’a pas toujours atteint des sommets de qualité technique, mais a su s’inscrire dans la tradition du football anglais.

Manchester City sur une autre planète

Au FC Barcelone, il jouissait d’une génération dorée. Au Bayern Munich, tout le monde peut gagner. Avec Manchester City, Guardiola faisait face à son plus grand défi en tant que coach, et ses détracteurs se régalaient l’année dernière. Plus maintenant. En gardant ses idées, le Catalan a réussi à faire de Manchester City un champion ultra-dominateur, avec 100 points dans la besace, un collectif rôdé et pas dépendant des individualités, puisque même Agüero ou Silva pouvaient prendre place sur le banc, et des farandoles offensives.

Derrière lui, personne n’a su faire illusion. Le champion Chelsea a chuté, Conte semblant ne plus être en phase avec son groupe. Séduisants, Tottenham et Liverpool ont montré leurs limites, tandis que Manchester United n’a pas su transformer quelques matches nuls en victoires. Derrière ce groupe, Arsenal est le premier de cordée d’un ventre mou où on attendait quand même mieux de certains, comme Everton et West Ham, sans parler de Southampton qui s’est mis en danger. Cette édition de Premier League, vierge de tout suspense pour le titre, n’aura pas été aussi incroyable que le laissait espérer le casting sur le banc (Guardiola, Mourinho, Klopp, Pochettino, Conte, Wenger). On attend la prochaine cuvée.

Le meilleur joueur : De Bruyne est devenu le patron

Meilleur passeur de Premier League, De Bruyne a également été le meilleur joueur de Manchester City cette saison. Le Belge est devenu le patron de la formation de Guardiola, assumant le rôle de dépositaire du jeu auprès de David Silva. Toutes les attaques passent par lui. Mais si sa qualité de passes est similaire à l’Espagnol, sa mobilité, son volume de jeu et sa frappe sont bien meilleurs. Capable d’aider à la récupération, d’assurer la première relance, de combiner ou de casser des lignes balle aux pieds, De Bruyne a été monstrueux de régularité, rendant ordinaire l’excellence. Si Guardiola sait mettre sur le banc des historiques de ce club, comme Yaya Touré et Agüero, ce n’est pas le cas de De Bruyne, qu’il fait débuter dès qu’il est disponible.

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La meilleure recrue : Salah porte les rêves de Liverpool

On aurait pu le citer pour le titre de meilleur joueur, mais on a préféré le mettre ici pour la simple et bonne raison que son rapport qualité/prix est tout simplement imbattable. Recruté pour moins de 45 millions à la Roma, Salah en vaudrait plus de 2 fois plus si Liverpool décidait de s’en séparer cet été. Le feu-follet des Reds a passé une saison à marcher sur l’eau, battant au passage le record de buts inscrits en une saison de Premier League, devant Shearer, van Nistelrooy, Henry, Suarez ou Ronaldo. L’Egyptien n’a pas changé de style pour autant et ne se contente pas de la finition : il est toujours aussi actif dans le jeu, avec de nombreux appels difficiles à suivre qui épuisent la défense adverse, et une participation active dans les combinaisons offensives même s’il ne finit pas lui-même.

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 Le joueur qui a le plus progressé : Sterling, nouveau cobaye de Guardiola

Drôle d’oiseau que ce Guardiola, capable de transformer plusieurs joueurs confirmés en leur confiant un rôle insolite, comme Lahm, Kimmich ou Alaba pour ne parler que du Bayern Munich. Sous ses ordres, Sterling, auteur de 18 buts en championnat, a beaucoup progressé cette saison. Ce n’est pas dans la finition, où son bilan comptable masque d’énormes lacunes pas encore corrigées, mais bien au niveau tactique qu’il régale. Sous demande de Pep, il n’a pas été rare de le voir décrocher, chercher le ballon dans l’axe pour brouiller les pistes, et ainsi devenir une arme fatale pour Manchester City. Alors que sa vitesse le prédisposait à un rôle d’ailier, ou de pointe qui prend la profondeur, Guardiola a su voir en lui un électron libre qui aide ses meneurs (Silva et De Bruyne) en leur proposant des solutions et en leur ouvrant des espaces dans l’axe. Dans ce rôle, Sterling est surprenant et vaut son pesant d’or. Et dire que Sané suit la même courbe de progression…

L’espoir : 50 nuances de Gray

Davison Sanchez et Christensen ont retenu l’attention du public par leur solidité défensive. Mais de façon subjective, on préfère mettre en avant Gray car il a marqué les esprits avec son jeu spontané et volcanique. Bluffant de vitesse, le joueur de Leicester n’est pas toujours très lucide en bout de course, mais il est peut-être bien le joueur le plus déséquilibrant de la Premier League. S’il peut ne jamais complètement exploser et se contenter d’une bonne carrière, à l’image d’un Walcott, son potentiel est bien trop important pour ne pas aspirer à mieux.

Le coup de cœur : le festival de Kane

Dans la mesure où les clubs anglais ont du mal à exister face au Real Madrid, la Juventus, le FC Barcelone et le Bayern Munich en Ligue des champions, on a tendance à remettre en question le niveau de la Premier League. En outre, Tottenham n’est pas le club où des performances individuelles sont le mieux valorisées. Ces 2 raisons font que le grand public aura toujours tendance à minimiser le rendement de Kane, pourtant énorme. Le buteur anglais, auteur d’une 4e saison à plus de 20 buts en championnat, a signé 30 réalisations cette saison, en étant toujours plus complet et décisif. Pied droit, pied gauche, tête, jeu en pivot : il est une référence au poste de numéro 9 en Europe. Sa capacité à se mettre facilement en position de frappe, et le fait qu’il puisse déclencher un tir sans beaucoup le préparer, le rendent très difficile à suivre pour les défenses adverses. Et particulièrement intéressant à regarder pour le spectateur lambda.

Le flop : Old Trafford sombre dans l’ennui…

Certains vivent avec les chiffres, les statistiques. Aussi, Manchester United est le dauphin de Manchester City, et devance donc Tottenham, Liverpool, Chelsea ou Arsenal. Puis, il y a les spectateurs : ceux qui regardent les matches en entier, non pas pour un résultat, mais aussi et surtout pour vivre des émotions. Pour eux, la saison des Red Devils ne peut décemment pas être satisfaisante. Avec un effectif pourtant pétri de qualités, Mourinho n’arrive pas – ou ne veut pas – faire bien jouer son équipe, qui se contente trop souvent de fermer les espaces, en espérant une étincelle devant via le talent de ses individualités. En termes de combinaisons, d’idées directrices, on repassera. L’arrivée de Sanchez, qui tente 20 louches par match pour n’en réussir que 2, n’a rien arrangé. Et des talents comme Martial ou Rashford sont loin de bénéficier du même environnement que Sterling, Sané ou Gabriel Jesus. Le seul à vouloir faire jouer les autres, à savoir Mata, est souvent mis au placard par son manager, qui privilégie le volume de jeu de Lingard. Alors oui, cette stratégie fonctionne, et United ne se prendra jamais de raclée face à un autre gros cador. Mais Old Trafford, autrefois connu comme le Théâtre des Rêves, roupille depuis bien trop longtemps.