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Passé par Lorient, Cannes, Avranches ou encore par le Stade Lavallois, Diaguely Dabo signe à Kilmarnock en janvier. Le désormais nouveau pensionnaire du club écossais nous parle de son parcours.

« Pour commencer, tu peux te présenter à nos lecteurs? »

« Diaguely Dabo, d’origine française, je viens de Paris. 28 ans, milieu défensif et aujourd’hui joueur de Kilmarnock. »

« Quand est-ce que tu as commencé le foot et dans quel club? »

« J’ai commencé à Saint-Denis au SDUS (Saint-Denis Union Sport) en benjamin donc quand j’avais à peu près 9 ans. J’y ai joué jusqu’en U13 avant de partir à Sarcelles en U14 fédéraux où j’ai joué un an. Ensuite je suis parti à Saint-Leu dans la région parisienne également où j’ai été surclassé en U16 national. Suite à ça, j’ai été recruté par le FC Lorient où j’ai fait quatre ans, j’y ai joué depuis la catégorie U16 avant de rejoindre la réserve. Sur les dernières années j’ai même eu le chance de m’entraîner avec les pros ! Après ça, je suis « sorti du circuit », j’ai signé à Cannes en CFA pour une année. Ensuite j’ai enchaîné les clubs un petit peu, je suis parti un an à Moissy, à Beauvais, à Dieppe, à Epinal, au Stade Lavallois avant d’atterrir à Avranches. Là je suis arrivé au Royaume-Uni, d’abord en Angleterre à Stevenage en Football League 2 puis dernièrement à Kilmarnock en Ecosse. »

« Tous ces changements de club ce sont des choix sportifs ou alors tu ne te sentais pas à ta place? »

« J’ai toujours cherché à jouer au meilleur niveau possible donc on va dire que je cherchais des tremplins. Même si enchaîner les clubs n’est pas forcément la meilleure chose à faire, le mieux c’est de se poser avec un club. Pour moi, quand j’étais à Cannes j’allais y rester un moment, j’avais beaucoup aimé là-bas ! Même à Laval, j’avais apprécié y jouer, c’était un bon club professionnel, très bien structuré avec de belles ambitions, principalement une montée en Ligue 2. Malheureusement ça ne s’est pas fait donc je suis parti pour, comme je l’ai dit précédemment, atteindre le plus haut niveau possible. Donc dès que j’ai eu une ouverture en Angleterre je me suis dit qu’il valait mieux prendre de l’expérience là-bas et je m’y suis retrouvé. Je ne regrette pas tous mes choix, même si c’était dur de chaque année devoir reprouver dans chaque nouveau club. C’est fatiguant au final mais aujourd’hui je ne regrette rien. »

« Quand tu arrives en Angleterre, est-ce que tu as ressenti des changements par rapport à la France? »

« Oui ! Déjà, c’était une arrivée brutale parce que je suis arrivé, je me suis entraîné deux jours et on m’a fait signer un contrat pour un seul match, JUSTE POUR UN MATCH ! Je sortais de cinq six mois sans jouer et on me lance dans le bain directement, on me dit « Là, c’est ta chance ! ». Malheureusement pour le club j’ai terminé meilleur joueur de la rencontre avec de nombreuses interceptions, je fais vraiment un gros match. Après ça, je signe un gros contrat, j’enchaîne tous les matchs, je joue tous les trois jours. Je suis arrivé je n’ai même pas eu le temps de me poser des questions. Le rythme était fou, j’étais vraiment fatigué mais en même temps tellement content de pouvoir rejouer avec de l’intensité que j’ai foncé tête baissée, je n’ai pas réfléchi. Mais c’est clair que ça change comparé à la France, en Angleterre c’est moins tactique, c’est plus attaquer, attaquer, attaquer… Même si on mène 3-0 ! »

« Et toi tu préfères quel championnat ? »

« Franchement, avec le recul je dirais que les deux se valent. J’aime cet aspect technique qu’il y a en France, on cherche la solution, on prend le temps pour aller marquer, mais en Angleterre j’aime le fait d’être percutant, d’aller constamment vers l’avant, de briser les lignes, c’est speed ! Mais en soi, je n’ai pas vraiment de préférences. »

« Toi tu joues milieu défensif mais est-ce que plus jeune tu avais un milieu défensif comme toi à qui tu voulais ressembler ? Ou même un autre poste? »

« Ronaldinho ! Pour te dire, j’ai commencé défenseur et je mettais des roulettes, des rateaux, je mettais même des sombreros dans la surface ! Au bout d’un moment, on m’a dit « Toi tu vas monter d’un cran, tu prends trop de risques ! » donc je suis passé milieu défensif. Mais il y a beaucoup de milieux que j’aimais beaucoup comme Abou Diaby, Patrick Vieira. On me disait que j’avais le même profil que ces joueurs là, je les regardais jouer et je m’inspirais d’eux. »

« Ce qui t’inspirait le plus, c’était leur style de jeu ou leur mentalité? »

« Les deux, ces mecs là étaient des bosseurs, des joueurs complets, bons offensivement, défensivement, ils sont athlétiques, à l’aise techniquement ! Ils étaient l’exemple parfait ! »

« En juillet 2020, ton aventure en Football League 2 s’arrête. A quoi est due cette rupture? »

« Au COVID. De base je devais rester encore une année, mais la saison a été arrêtée, nous étions mal classés, le club devait descendre donc j’ai décidé de casser mon contrat avant ça. Je me suis donc retrouvé sans club et dès qu’ils ont été repêchés j’ai essayer de revenir sauf qu’à cause de soucis au niveau des salaires (impactés par le COVID) ça n’a pas collé. Donc j’ai cherché autre chose. »

 

« Ce autre chose, c’est Kilmarnock, comment tu y es arrivé ? »

« Mon agent avait des contacts avec le club. Et l’ancien coach avait eu de bons échos sur moi. De plus, le coach de Stevenage, qui m’aimait beaucoup a suggéré à Kilmarnock de me laisser leur montrer de quoi j’étais capable. Ils avaient besoin d’un milieu, ils ont commencé à s’informer sur moi, à regarder mes matchs. Ils m’ont fait venir une semaine, et elle a été concluante donc j’ai signé ! »

« Même si les championnats sont proches géographiquement, est-ce qu’il y a une différence entre le championnat anglais et le championnat écossais? »

« C’est très similaire. Il n’y a pas de grande différence. Là sur les séances d’entraînement, je trouve qu’il y a un peu plus de qualité que quand j’étais à Stevenage mais mis à part ça c’est pratiquement la même chose, ça va vite vers l’avant, on se bat beaucoup plus de fait du nombre de duel qui est assez important et le jeu long est privilégié ! »

« En dehors du football, qu’est ce qui change entre l’Angleterre et l’Ecosse? »

« Je ne saurais pas trop te dire, je ne sors pas beaucoup à cause du COVID. Une journée type c’est entraînement et retour à la maison. Pour moi les deux pays sont similaires. Leur accent est différent, j’ai plus de mal à les comprendre. »

https://twitter.com/KilmarnockFC/status/1348006517920980993?s=19

« Quels sont tes nouveaux objectifs avec Kilmarnock? »

« Dans un premier temps, je dirais avoir le plus de temps de jeu possible d’ici la fin de saison. Ensuite j’aimerais me remettre en jambe parce qu’à deux reprises j’ai fait une demie saison sans jouer. Je commence à prendre mes marques, j’essaie de prendre du temps de jeu et on verra par la suite. On verra si on se maintient en première division, si je peux continuer mon aventure avec le club, mais d’ici la fin de saison je veux vraiment prendre le plus de temps de jeu possible. »

« On va parler un petit peu de sélection. Tu as la double nationalité, française et malienne. Si un jour tu devais choisir entre la sélection française ou la sélection malienne, sous quel maillot tu te verrais le mieux? »

« J’irais au Mali. Je pense qu’aujourd’hui avec tous les joueurs qu’il y a au milieu de terrain en équipe de France, je n’ai pas trop ma place. Le Mali reste plus accessible pour moi. »

« C’est un objectif pour toi? »

« Pourquoi pas. Il faudrait que j’aille chercher un club plus huppé, que je sois titulaire indiscutable parce que même au Mali il y a de sacrés joueurs, c’est pas donné ! »

« Qu’est ce que tu entends par club plus huppé, tu as des exemples? »

« Les Celtics ou les Rangers, je pense qu’avec un club comme ça c’est plus facile d’atteindre la sélection nationale. »

« Avant de rentrer sur le terrain, tu es plus du style à avoir de la pression ou rentrer libéré? »

« Déjà avant de rentrer sur un terrain, je fais quelque chose qui surprend tout le temps tout le monde, je lâche un cri de viking pour évacuer. Je ne calcule pas trop la pression, j’essaie d’assurer mes premiers ballons, de remporter mes duels et après ça va tout seul. Vu mon jeu qui est basé sur la prise de risque, si je commence à me laisser submerger par la pression c’est là que mon jeu est moins propre. Il y a toujours une pression, mais j’essaie de la transformer en motivation. »

« Tu as toujours eu cette tradition du cri avant les matchs? »

« Ah oui ! Depuis que je suis jeune je fais ça, ça fait un bail que c’est devenu une routine d’avant match ! »

« Si on prend un peu de recul, tu as joué dans trois championnats différents. Dans lequel tu te verrais le plus finir ta carrière? »

« Soit l’Angleterre ou la France. En France j’ai comme un goût d’inachevé, moi qui voulait jouer au plus haut niveau, je pense avoir les qualités pour. Un retour en France est toujours dans un coin de ma tête. De même pour l’Angleterre, je veux viser encore plus haut que la Football League 2 , je veux gratter encore quelques étages, pourquoi pas atteindre la deuxième division, ce serait top ! »

« Aujourd’hui, quand tu regardes derrière toi, quand tu regardes ton parcours, tu es fier de ce que tu as accompli ou tu regrettes quelques choix? »

« Je n’ai pas vraiment de regrets. J’ai appris de mes erreurs, j’ai fait des mauvais choix que je ne regrette pas sans ça je n’en serais peut-être pas là aujourd’hui. Il y a beaucoup de joueurs hyper talentueux qui n’ont même pas la chance de jouer ne serait-ce qu’en CFA, moi j’avais les qualités pour mais j’ai eu quelques échecs, des moments où j’ai voulu tenter des choses qui n’ont pas fonctionné mais je ne regrette pas. J’étais persuadé, à ce moment précis, que c’était le bon choix. Aujourd’hui malgré ma « sortie de circuit », j’ai réussi à remonter la pente, et aujourd’hui je suis fier de moi. »

« Tu as déjà voulu arrêter ta carrière? »

« Oui, une fois. Après Cannes. Quand je finis la saison et que je dois jouer en CFA 2, ça a été dur. C’est à partir de ce moment là que j’ai décidé de remonter la pente.  J’ai failli arrêter, tout lâcher. Je me suis dit que je sortais d’un centre de formation, j’étais bien à Cannes pour moi c’était un grand club et je me retrouve en CFA 2, j’étais vraiment pas bien. Au cours de la saison je m’entraîne, je joue les matchs mais sans grande motivation mais après ça j’arrive à rebondir à Beauvais et c’est là que je me suis dit « Bon allez, c’est reparti, on va remonter la pente ! » et c’est ce que j’ai fait. »

« Qu’est ce qui t’a motivé à continuer et à ne pas lâcher? »

« Une prise de conscience. Mes frères et mes amis très proches me disaient que je ne me rendais pas compte de l’opportunité que j’avais. J’avais besoin d’un déclic dans ma tête, ce serait trop facile d’abandonner. Beaucoup de bons conseils de mes parents et de mes proches également. »

« Sans ça, tu penses que tu aurais arrêté? »

« Je ne pense pas. Parce que quand tu es passionné, tu as toujours envie que ça dure encore et toujours. Encore aujourd’hui je me vois bien aller jusque 40 ans, je ne me vois même pas arrêter. Même si c’est pour continuer à un niveau inférieur ! »

« On ne te le souhaite pas bien évidemment, mais si ta carrière venait à se stopper, qu’est-ce que tu ferais? »

« J’encadrerais des jeunes, j’aimerais bien entraîner, partager toute mon expérience, ce que je fais un peu avec des petits du quartier que je prends avec moi quand je rentre. J’essaie de partager avec eux mon savoir. Tout ce que je peux donner, je donne. »

« D’où te vient cette volonté de partager? »

« D’où je viens on est beaucoup dans cette notion de partage. J’ai des petits frères qui font du foot aussi et je veux qu’ils réussissent. Eux aussi on beaucoup de potes qui me suivent, j’essaie d’être leur exemple. Sur le terrain je suis un peu un leader naturel, un peu moins ici puisque j’ai du mal avec la langue, mais ça me vient tout seul. J’aime bien entraîner des gens dans ma passion et ma vision des choses. »

« Comment on se sent quand on rentre chez soi et que tout le monde nous reconnaît en parle de nous un peu comme une star? »

« Je ne me considère pas vraiment comme une star mais c’est vrai que certains jeunes ont des étoiles dans les yeux en me voyant. Mais je veux rester le plus humble possible pour que lorsque eux joueront à haut niveaux ils gardent la tête sur les épaules. Je n’ai pas de quoi faire la star, je reste naturel. »

« C’est compliqué de ne pas se prendre pour une star quand on obtient une certaine notoriété? »

« Non. Après je ne suis pas MBappé, les joueurs comme lui doivent avoir plus de mal à rester humble. A mon niveau rien ne change, je joue juste à un certain niveau. »

« Quand tu étais plus petit, et même aujourd’hui est-ce que tu as un club de cœur? »

« Le PSG ! Notamment grâce à Ronaldinho, je me disais moi aussi je veux jouer au PSG. Il m’a vraiment inspiré, après je le vois au Barça je me dis que moi aussi je vais y aller. Et au final, aujourd’hui je suis pour le Real Madrid. Arsenal aussi j’aimais beaucoup avant. »

« Qu’est ce que tu souhaites le plus dans ta carrière? »

« La longévité, je veux être un Cristiano, un Zlatan, jouer à haut niveau jusque 38-39 ans. »

« Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite, ramener des trophées avec Kilmarnock, intégrer une plus grosse écurie européenne? »

« Intégrer une plus grosse équipe, et même faire des exploits avec Kilmarnock c’est dans un coin de ma tête. Je veux des trophées à mon actif et je vais tout faire pour ! »

« Qu’est ce que tu dirais aux jeunes qui ont le potentiel pour jouer à haut niveau mais qui ont envie de lâcher le football? »

« Ne lâchez pas, le foot va super vite dans les deux sens. Plus on est positif, plus les résultats positifs viennent. On a toujours des périodes où on a envie de tout arrêter et d’abandonner. L’essentiel c’est de garder le cap ! »