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Nigel de Jong est un boucher. Tout le monde le dit, tout le monde le sait. Mais essayons d'aller plus loin que les apparences. Et si au fond Nigel, comme le dit la chanson, avait toujours voulu être un artiste ? Et si son histoire n'était que le drame d'un destin contrarié ? A vous de démêler le vrai du faux dans cette bio-fiction qui vous est offerte par George Worst.

Le petit Nigel de Jong né le 30  novembre 1984 à Amsterdam, au Pays Bas. Fils d'un footballeur professionnel, Nigel, étrangement, ne se décidera pas tout de suite à suivre le sillon paternel. Il faut dire que comme pour beaucoup de brutes et de psychopathes, De Jong a connu une enfance difficile. Son père Jerry de Jong, était déjà un beau déglingo dans son genre. International néerlandais à 3 reprises, il était un défenseur central brutal, réputé pour son agressivité et ses tacles ravageurs. Jerry passa la majeure partie de sa carrière au PSV Eindhoven, en oubliant pas de faire une pige d'une saison à Caen, sans doute pour visiter le mémorial de la paix. Mais hélas, Jerry aura plus marqué l'histoire du football pour ses déboires extra-sportifs. Son principal fait d'armes étant d'avoir volé la carte bleue d'un coéquipier pour rembourser ses dettes au jeu. Flambeur addictif, Jerry laissera à son fils le souvenir d'un père absent et fuyant ses responsabilités.

Aîné d'une famille de 5 frères, Nigel doit donc assumer le rôle de patriarche. D'autant plus que sa mère, malade, est régulièrement hospitalisée. C'est donc pour échapper à son dur quotidien que Nigel se lance dans le patinage artistique. Gracieux, félin, Nigel enflamme les patinoires dès son plus jeune âge. Il a l'espoir de mener une belle carrière. Mais le patinage artistique, ça ne paie pas vraiment (demandez à Candeloro) et Nigel doit s'occuper de toute une famille. Frustré, il est remarqué par un recruteur de l'Ajax alors qu'il est entrain de décapiter un pigeon avec ses patins. Le geste est sec, précis, fluide, beau comme un tacle à la carotide. L'Ajax de l'époque est soucieux de muscler son légendaire jeu léché, et l'on voit voit en ce jeune sociopathe un potentiel concurrent à Mark Van Bommel, qui fait alors les beaux jours du rival Eindhoven.

Mais encore une fois, Nigel va prendre tout le monde à contre-pied. Son père en tête. Nigel ne veut décidément pas marcher dans ses traces : fin techniquement, porté vers l'offensive, le patineur déchu se rêve en artiste du ballon rond. Son idole à l'époque ? . Il débute donc sa carrière pro en 2002, comme attaquant, ou comme meneur de jeu. Il s'illustre notamment en Ligue des Champions, en plantant son premier but sous le maillot de L'Ajax contre Arsenal. Une petite balle piquée juste au dessus de la tête de David Seaman, tout en finesse. Un exploit qui fera malheureusement beaucoup moins de vues sur youtube que son High Kick sur .

Devenu indésirable à l'Ajax où il est trimballé à tous les postes sans trop réussir à peser sur le jeu, Nigel de Jong évolue dans sa carrière et rejoint l'Allemagne, et Hambourg, en 2006. Il apprendra là bas, qu'il le veuille ou non, que les chiens ne font pas des chats. Rattrapé par son lourd héritage, le félin de l'Ajax va devenir un pitbull de l'autre coté du Rhin. Jugé trop inefficace offensivement par son entraîneur Huub Stevens, Nigel recule d'un cran sur le terrain. A lui désormais les tâches obscures, les basses besognes. A lui le pourrissage du jeu, les tacles assassins. Son nouveau modèle s'appelle . Nigel s'imaginait artiste, il deviendra l'architecte de la destruction.

Surnommé la tondeuse par les supporters allemands, il attire l'attention des clubs anglais qui on le sait, aiment entretenir leurs pelouses. Le championnat anglais est physique, très physique. La preuve, à la télé, dès qu'il y a une faute, les commentateurs nous assènent avec une certitude satisfaite « Ca, dans le championnat anglais, ça serait jamais sifflé » , et on les croit. Nigel rejoint donc Manchester City en 2009. Il devient un des joueur essentiel du dispositif de Roberto Mancini. Ses performances lui permettent de s'imposer en sélection nationale, qu'il a traversé par intermittence depuis 2004. Il débute le Mondial sud-africain en titulaire, aux cotés de… Mark Van Bommel. Une Coupe du Monde qui lui permettra enfin d'exploser aux yeux du Monde.

Pourquoi Nigel de Jong est la plus belle histoire du foot mondial ?

Nigel a définitivement fait une croix sur sa vie d'artiste, ses rêves de bohème. Mais il n'a pas pour autant abandonné l'idée de laisser sa trace dans l'histoire. Il avait bien songé à s'exercer de nouveau au Triple Axel pour remporter le concours des célébrations de buts de Coca-Cola, mais il savait bien qu'il n'aurait sans doute pas l'occasion d'en marquer un seul. Alors il a opté pour une autre façon de briller. En compagnie de MVB, qui ne partage avec Van Basten que les initiales, De Jong va former le duo le plus destructeur depuis Terrence Hill & Bud Spencer. Les bouchers oranges. Mark, c'est le fourbe, le subtil. Un pied qui traîne par là, un coup de coude par ici, un « Mais monsieur l'arbitre… ! » avec les bras levés au ciel. Nigel, nettement moins discret, est le porte flingue. Tacle par derrière, semelle, croche pied, planchette japonaise, roundhouse kick, uchi mata ou encore coup de la corde à linges, il maîtrise tout.  Un festival d'art et d'assauts ponctués par un mémorable coup de pied en plein dans la cage thoracique de Xabi Alonso lors de la finale de la World Cup. Une légende est née. Comme il le dit lui-même:  « La finale de la coupe du monde n'a pas été vue qu'aux Pays-Bas mais dans le monde entier. Maintenant, tout le monde sait qui est Nigel de Jong. »

Mais qui es tu vraiment Nigel de Jong ? Un joueur qui s'est enfermé dans l'image qu'il a bien voulu se créer, peut être. Nigel veut être celui que vous aimez détester. Il sait trop bien que souvent, dans les films, on se souvient plus des méchants que des gentils. Alors NDJ continue son World Tour of Destruction. Dernière victime en date, . Jambe cassée pour le petit prodige. Pour les médias, c'est la goûte de sang qui fait déborder le calice: on commence même à se demander si Nigel de Jong ne devrait pas être crucifié et banni du football. L'Olympique de Marseille, encore propriétaire de Ben Arfa à l'époque, l'attaque même en justice. On lui ressort également les vieux dossiers, comme la jambe cassée de l'américain Stuart Holden – un événement dont tout le monde se foutait à l'époque, pourtant. Le sélectionneur batave Bert Van Warwijk, cède à la pression médiatique et annonce que son milieu de terrain est désormais « banni indéfiniment » sous le maillot orange. Inflexible, Nigel continue sa partition de bad guy. Il ne s'excuse pas. C'est le jeu. «  Je suis un joueur qui cherche toujours les limites. Parfois, je les dépasse ».

Ce que Nigel n'aura pas réussi à dépasser, c'est l'héritage paternel. Il n'aura pas « tué le père ». Comme de Jerry, on se souviendra de Nigel comme d'un joueur violent, surtout rendu célèbre pour ses actions en dehors terrain, la plupart de ses chefs d'oeuvres ayant plus à voir avec la pratique du free fight que du football. Mais Jerry se moque de l'image qu'on se fait de lui. Car derrière le boucher, se trouve un jeune homme avec la tête sur les épaules, finalement loin des excès de son père. Titulaire d'une licence d'économie, Nigel a préféré investir son argent dans les affaires que dans les casinos. Moins bête et méchant qu'il en l'air. Peut être même, si on y regarde de plus près, bien meilleur footballeur qu'on ne le croit. Mais ça, le grand public ne s'en rendra peut être jamais compte. Peu importe ! Le seul rêve de Nigel désormais c'est, une fois sa carrière terminée, de rechausser les patins. Il se verrait bien dans un spectacle, façon Holyday On Ice, où il pourrait enfin exprimer sa créativité. Son rôle de prédilection ? Celui de feu David Carradine dans la série Kung Fu, bien sur !