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Quatre ans avant la main de Dieu, un petit argentin d’un mètre soixante dix s’était retrouvé coincé entre l’Argentine et l’Angleterre pour des raisons politiques alors qu’il n’était qu’un joueur de football. « Le pays dans lequel j’étais né était en conflit avec le pays qui m’avait adopté ». Voici l’histoire d’Osvaldo Ardilès, champion du monde 78 avec l’Argentine et légende des Spurs de Tottenham. Retrouvez la première partie ici.

Le Tottenham version 81/82 est donc en route vers les sommets

Un énorme grain de sable va malheureusement venir dérégler la machine : le 2 Avril 1982, le général Galtieri, « président » de la nation argentine lance la guerre des Malouines. Mesure suffisamment populaire dans l’opinion publique argentine pour calmer la grogne naissante. Pour les anglais, il s’agit bien sur d’une attaque de la souveraineté nationale même si comme le concède les compositeurs de « Ossie’s Dream » : « la plupart des britanniques ne savaient même pas que l’on possédait les Falklands». La guerre est déclarée, bien orchestrée par des médias opportunistes. Dès le lendemain du lancement des hostilités, Tottenham joue sa demi finale de Cup face à Leicester à Villa Park. Ils remportent le match mais perdent leur joueur clé touché par les sifflets des fans adverses à son encontre. Les Spurs, le soutiendront comme ils peuvent avec cette magnifique banderole : « Vous pouvez garder les Malouines, nous, on garde Ossie ».

Vous pouvez garder les Malouines. Nous, on garde Ossie.
Les fans de Tottenham

Mais le mal est fait, le petit argentin concèdera rétrospectivement avoir été à cette époque complètement perdu. Dans tous les cas, il était convenu de longue date qu’il quitterait son club afin d’aller rejoindre sa sélection en préparation du Mundial 82’. Les anglais profitent de ce départ pour lui coller l’image de déserteur et considèrent cela comme un acte montrant sa « true color » eut égard à tout ce bordel. Comme d’hab’ en temps de guerre, les raccourcis populistes sortent de leur tanière. Ricky reste à Londres mais est mis au ban de l’équipe première pour la finale de la FA Cup.

Osvaldo Ardiles : l'Argentine peut garder les Malouines

Ardilès avec la réserve des Spurs.

Eliminés en demi finale de C2 par le barça, finalement quatrième en championnat, seule la légendaire Cup vient adoucir le sentiment de gâchis que représente cette équipe. Qui n’aura pas vraiment de lendemain avec Ardilès. Harcelé par les médias argentins et anglais, chacune de ses déclarations se retournent contre lui. Traître en Argentine, traître en Angleterre. Il est temps de s’exiler.

Mort de son cousin, exil, PSG, la fin

Le Mundial 82’ est un échec retentissant pour l’Albiceleste rapidement éliminée. Pire, durant la compétition, il apprend la disparition de son cousin José Ardilès, mort au combat pour ces satanées îles. Il lui est désormais impossible de revenir jouer en Angleterre. Une décision plutôt bien prise par les fans anglais dans leur majorité comprenant le dilemme auquel devait faire face Ossie. Direction donc le PSG en prêt pour un an avec option d’achat. L’aventure parisienne est un fiasco.

Osvaldo Ardiles : l'Argentine peut garder les Malouines

Ardilès, présenté en même temps que… Safet Susic. Pas le même destin.

Je n’ai jamais si mal joué dans ma vie. Mentalement, j’étais détruit.
Osvaldo Ardilès

Retour donc à Tottenham dès Janvier 83, la guerre est finie. Les cicatrices quelques peu refermées et il manque grandement à sa famille d’adoption. « La sympathie pour Ardilès, pas seulement venant des fans de Tottenham mais des fans de foot généralement n’a jamais été remise en doute. Et lorsqu’il est revenu en Angleterre, il y avait quelque chose comme une reconnaissance de l’atout qu’il était pour notre jeu que nous voulions à nouveau, en partie pour son style de jeu mais aussi pour sa personnalité en tant qu’homme » explique Patrick Barclay.

Le retour est difficile pour l’homme mais tout le club est derrière lui, admiratif. Une vraie légende du foot à l’anglaise. Celui d’avant Premier League.

Les Malouines, pas loin de se transformer en cimetière pour lui…

Il aidera le club à remporter la coupe de l’UEFA en 1984 et réalisera quelques autres saisons honorables pour les Spurs avant de se terminer footballistiquement entre Blackburn, QPR et Swindon Town.

Il fera bien un retour à Tottenham en tant que coach mais le joueur Ardilès était bien meilleur que l’entraîneur Ardilès. Aujourd’hui ambassadeur du club, il représente un pan entier de son histoire. De celle de l’Angleterre et de l’Argentine des 80’s également. Bref, un symbole précieux à l’heure de la globalisation dans le monde du foot. Agüero et tous les autres lui doivent sans aucun doute une fière chandelle !

Comme lors de la première partie, on termine en vous parlant de l’excellent documentaire ESPN White, Blue and White (dont nous tirons toutes les citations de cet article). L’équipe du film avait pour l’occasion organisée un voyage aux Malvinas pour la doublette argentine. Comme un symbole, lors de celui-ci, un terrible accident de voiture ne fut pas loin de causer la mort de notre petit Argentin et de l’équipe l’accompagnant ! Plus de peur que de mal finalement. Un point final à cette histoire qui permit malheureusement à Ossie de mettre des sensations physiques sur ses cicatrises morales liées à cet archipel.

https://www.youtube.com/watch?v=DzslzWiMSCU