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« Le service de presse du BATE Borisov a décidé d’appliquer une discrimination par la profession. Toutes peuvent participer librement à la rencontre avec les joueurs, sauf les journalistes qui doivent demander une autorisation du club. Nous n’avons pas eu cette autorisation, mais nous n’y avions pas beaucoup compté », a écrit le journaliste Aliaksandr Ivulin dans son article, suita à la rencontre à laquelle il a pu assister… après s’être déguisé.

Le média sportif le plus populaire au Bélarus, Tribuna, est connu pour ses articles critiques. Certains d’entre eux touchent beaucoup les clubs, au point que ceux-ci vont jusqu’à instaurer des « règles du jeu » très limitantes pour les journalistes. En ce début de saison du championnat biélorusse, Tribuna a décidé de ne pas accepter ces conditions, notamment puisqu’elles permettent au club de mettre la presse à l’amende.

Concrètement, les médias accrédités par le club ne peuvent pas divulguer « des informations négatives qui contiennent la critique non-fondée de ses employés« , « doivent respecter le secret commercial des activités du club et ne pas diffuser toute sorte d’information concernant les employés et joueurs du club qui leur soit connue, sans l’accord préalable du club« . Ou encore, ne diffuser aucun média (photo, vidéo) pris par un tiers (du journaliste d’un autre média au spectateur lambda qui a enregistré une vidéo de tifo, de débordements ou autre fait marquant) sans que le club ne le valide. Enfin, la culmination de ce document : pour le non-respect de ces points, une responsabilité financière est prévue et les médias peuvent être sanctionnés à hauteur de 1 000 €.

Le BATE Borisov a mal pris cette décision de Tribuna et a rédigé, à son tour, une déclaration qui critique le travail du média, notamment « la mauvaise qualité des articles et fautes de grammaire », « des rumeurs lors du mercato qui ne correspondent pas à la réalité », « l’absence de volonté de la part du média de faire une meilleure modération de commentaires ». D’après cette déclaration, le club se posait également la question de savoir s’il ne devait pas rompre sa relation avec le média.

Suite à ces événements et n’ayant pas obtenu l’autorisation officielle de la part du BATE Borisov pour une rencontre avec les représentants et joueurs du club ouverte au public, le journaliste de Tribuna, Aliaksandr Ivulin n’y a pas renoncé.

Pour assister à la rencontre, il a fait appel à la contribution de ses collègues en terme de vêtements, ainsi qu’à une maquilleuse professionnelle pour un relooking complet.

Il a donc pu facilement entrer dans la salle en disant bonjour à un steward qu’il connait déjà bien et écouter ce qui se disait. A un moment de la rencontre, le président du club Anatoly Kapski s’est montré critique envers le média, en demandant « s’il y a dans la salle des représentants de Tribuna ? » et en ajoutant que « heureusement qu’ils ne sont pas là, puisque, le cas échéant, ils seraient envoyés à Zakopane (une station de ski en Pologne, un jeu de mot avec le verbe « zakopat’ » = enterrer – ndlr) par les supporters du BATE Borisov ».  

« Mes rêves d’avoir des vacances d’hiver improvisées au sein d’une station de ski ont failli se réaliser », raconte Ivulin dans son article.

Il a cependant décidé de prolonger son expérience d’infiltration à cette rencontre grand public du BATE Borisov, côtoyer plusieurs représentants du club qui ne se sont pas rendu compte de rien, mais également échanger et se prendre en photo avec les joueurs interviewés par lui-même plus d’une dizaine de fois !

« Nous ne comprenons pas très bien ce qui se passe. Nous respectons le droit des autres de s’offusquer, mais aussi notre droit de travailler. Nous comptons continuer à parler de la meilleure équipe du pays, malgré tout. Il est possible de le faire même maintenant, même sans accréditation et lorsqu’on nous met des bâtons dans les roues », a précisé le média.

(c)Photos : www.by.tribuna.com