AvideceWopyBalab

Petite analyse et rétrospective de la carrière de l'actuel attaquant des Corinthians, , qui enfile les buts dans son nouveau club. Un attaquant admiré, critiqué mais clairement passionné.

Je me rappelle de la première fois où j'ai pu voir Ronaldo, c'était en 1994. C'était pendant une célébration, celle du quatrième titre mondial de la Selecao, aux dépends de l'Italie lors d'une séance de tirs au but interminable. Je voyais alors un jeunot – il devait avoir 17 ans à l'époque – posant devant les objectifs tout en restant un peu dans l'ombre des gloires de l'époque, les Taffarel et autres Dunga, ou . Si mes souvenirs sont bons, il n'est pas entré une seule fois en jeu pendant le tournoi, occupant le poste si convoité de « joker de luxe », à faire rougir un Bernard Diomède, expert dans ce rôle ingrat.

Quatre ans plus tard, c'était lui qui était sous les projecteurs. Leader d'une équipe que toute la planète football voyait déjà courir vers un énième titre somme toute logique au vue de leur aisance technique et physique. La suite, on la connait très bien.

Le parcours de Ronaldo aurait pu continuer comme ça a commencé. « Amour, gloire, beauté et travestis » si on peut dire. C'était sans compter sur ses tendons rotuliens. Musclé trop vite il parait. D'autres ont dit que ce sont les produits utilisés pour son développement musculaire qui l'ont trahi. Les fans murmuraient que ce n'était pas de chance, tout simplement. Une carrière sacrifiée. Trop de joueurs auraient arrêté avec une telle blessure. Les rares qui auraient pu s'en sortir n'auraient jamais retrouvé leur niveau.

Peu soutenu par un Inter Milan qui s'occupait de ses finances plus que de ses joueurs, l'ancien attaquant barcelonais se morfondait dans les hopitaux – français, cocorico – dans l'attente d'un contrat. D'un club reconnaissant, tout simplement.

A ce moment, même s'il filait le parfait amour avec sa footballeuse de femme (elle jouait en D1 italienne), il ne cachait pas sa crainte de raccrocher.

Elle était loin cette époque où la moindre touche de balle faisait trembler les défenseurs adverses, comme cette chevauchée face au PSG en finale de la Coupe des Coupes 1997 qui se termina par un pénalty transformé par ses soins.

Mais c'était du côté de Santiago Bernabeù qu'il décidait de montrer qu'il n'avait rien perdu. L'ennemi juré de son ancien club, Barcelone. Comment lui en vouloir ? Un joueur de cette classe ! C'est comme si des parisiens en voulaient à Ronaldhino de venir jouer au Vélodrome. Les monuments, ça ne se critique pas, ça s'admire.

L'Inter, malgré les apparences, n'a pas fait de chichis avec ce départ. On aurait pu craindre une adaptation difficile avec Raul, l'enfant du pays. Un joueur qui ne veut pas partager le gâteau. Un joueur qui veut être calife alors qu'il l'est déjà. Sale mentalité, bref.

Eh bien non, les buts s'enfilent comme des perles, bien aidé par l'argent et les relations de Florentino Perez, en les personnes de Beckham, Zidane et Figo. La Coupe du Monde 2002 est la Coupe du Monde « Ronaldo », alors qu'à l'inverse on attendait la Coupe du Monde « bleu-blanc-rouge ».

Un sourire, une classe, un style.. une vista qui fait mouche. La « touche Ronaldo », la vraie. Celle qui fait que ça va vite et que c'est cadré.

Mais voilà, après une Ligue des Champions remportée face à Leverkusen, l'empire merengue s'effondre. Et proportionnellement, le poids de Ronaldo augmente. A tel point que les tabloïds en font leur « une ». A croire qu'ils n'ont que ça à faire, à défaut de s'occuper de leur propre poids.

Et tout le monde lui tombe dessus au moindre match non prolifique.

La Coupe du Monde 2006 approchant, on le dit fini, à 30 ans, en surpoids, et plus intéressé par sa vie extra-sportive que par le terrain. La réponse, c'est justement sur le terrain qu'il va la donner. Comme un professionnel. Meilleur buteur de l'histoire de la Coupe du Monde, après un passement de jambes sur le gardien ghanéen qui doit encore chercher la balle à l'heure qu'il est. Volte-face des journalistes. « Gronaldo » devient « Ronaldor ». Comme par hasard. Ronaldo savoure sa victoire, que lui et lui seul est allé chercher. Le Milan AC, qui cherche à rajeunir son effectif qui flirte avec l'âge limite de l'arbitrage international, lui fait les yeux doux. Après tout, pourquoi ne pas revenir à ses premiers amours, la capitale lombarde, mais sous le maillot ennemi ?

Plus en odeur de sainteté à Madrid, qui lui préfère le gaucher Van Nistelrooy, il y signe avec le maillot 99. Un signe. Deux numéros « 9 » en 1. En contrat avec une célèbre marque de soins capillaires, il change encore de look mais garde un léger embonpoint. Il reste adoré de tous, dans tous les clubs où il passe. Cela ne l'épargne pas des blessures, dont la plus terrible, en février 2008. Encore le tendon rotulien. Encore une descente aux enfers. Ses cris ont marqué tout le monde. Des cris partagés entre la douleur de la blessure et la crainte de devoir raccrocher les crampons. 32 ans, après tout, c'est assez vieux pour arrêter.

Dans cette logique, plusieurs clubs se mettent dans les starting-blocks. Le PSG, qui croit au Père-Noël, se renseigne. L'Inter, qui voudrait faire une opération marketing, aussi. La Major League Soccer n'en demandait pas tant et proposait un pont d'or vers ce championnat où les joueurs jouent au ralenti.

Au Brésil, c'est l'ébullition. On entend des rumeurs disant que l'enfant prodige reviendrait au pays, chez les Corinthians. C'est alors que sa vie privée repasse devant sa vie publique. On entend des témoignages comme quoi il reposerait son genou avec des travestis. On voit des photos, montrant un Ronaldo pratiquement obèse, lourd.

Il signe aux Corinthians, comme prévu. Certains en rigolent, parlant de « préretraite ». D'autres applaudissent, mettant en avant le fait qu'il revienne avec deux genoux rongés par la douleur. Je ne voudrais pas être à sa place dans 50 ans avec des genoux comme ça. Des cicatrices comparables à des autoroutes sur sa jambe.

Et comme un pied de nez à la vie qui s'acharne sur son corps, il marque. Que dis-je ? Il enchaine. 7 buts en 11 matchs. Des buts faciles, certes, mais des buts qui font gagner, alors nous n'allons pas faire nos difficiles.

Ronaldo, c'est un palmarès à faire pleurer le moindre petit écolier qui devrait le recopier comme punition tellement il est long. Meilleur buteur dans pratiquement tous les championnats où il est passé, il a pour objectif de le redevenir dans le championnat où il se trouve et où on a bien voulu encore l'accueillir.

La sélection ? Plus d'actualité. Plusieurs personnes pensent à lui en donner quelques unes, surtout à la vue de la qualité de l'attaque actuelle de la nationale brésilienne. Un Adriano dépressif, un Robinho qui pleure de tout son corps d'avoir signé à City, … De la place il y en aurait pour lui.

Mais ne lui parlez pas de dernière sélection « pour l'honneur ». Il lui reste encore des années pour montrer aux jeunes générations ce qu'est l'amour du football. Le vrai, celui fait de blessures, de trophées et de « come-back »…

Palmarès

  • Ballon d'or France Football en 1997 (Inter Milan), 2002 (Real Madrid)
  • Joueur FIFA en 1996 (FC Barcelone), 1997 (Inter Milan), 2002 (Real Madrid)
  • Vainqueur de la Coupe du Monde en 2002 (BRESIL)
  • Meilleur buteur de la Coupe du Monde en 2002 (BRESIL)
  • Vainqueur de la Copa America en 1997, 1999 (BRESIL)
  • Vainqueur de la Coupe Intercontinentale en 2002 (Real Madrid)
  • Vainqueur de la C2 en 1997 (FC Barcelone)
  • Vainqueur de la C3 en 1998 (Inter Milan)
  • Champion d'Espagne en 2003, 2007 (Real Madrid)
  • Meilleur buteur du Championnat d'Espagne en 1997 (FC Barcelone), 2004 (Real Madrid)
  • Meilleur buteur du Championnat de Pays-Bas en 1995 (PSV Eindhoven)
  • Vainqueur de la Coupe d'Espagne en 1997 (FC Barcelone)
  • Vainqueur de la Coupe de Pays-Bas en 1996 (PSV Eindhoven)
  • Finaliste de la Coupe d'Italie en 2000 (Inter Milan)