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Dans une semaine exactement, le 18 septembre, les Ecossais voteront pour leur indépendance ou leur maintien dans le Royaume-Uni, un résultat qui pèsera dans la possibilité de voir les Celtic et Glasgow Rangers rejoindre un jour la Premier League.

Quand Bafetimbi Gomis a changé son profil twitter pour annoncer son transfert à Swansea cet été, tout le monde s’est moqué de lui car il avait indiqué Angleterre et non Pays de Galles comme localisation (Cardiff, l’autre club gallois phare où évolue l’ancien lorientais Bruno Ecuele-Manga est redescendu en championship, NDLR).

Erreur de géographie ou volonté de dire qu’il rejoignait le championnat anglais ? Lui seul le sait, mais en tout cas, il a corrigé depuis. En revanche, si un footballeur français fait de même en rejoignant l’Ecosse, le doute ne sera pas permis car le pays du tartan (étoffe utilisée pour les kilts) a son propre championnat. Et ce, malgré l’envie exprimée de plus en plus forte par les deux clubs de Glasgow : les Rangers et le Celtic de rejoindre les voisins de MU, Liverpool, Arsenal, City, Chelsea…

Pourquoi ces géants du foot écossais veulent-ils rejoindre la Premier League ?

Premièrement pour tromper l’ennui car ils se partagent les titres nationaux depuis 1985 et le sacre de Sir Alex Ferguson avec Aberdeen. Un manque de suspens d’autant plus flagrant depuis la descente aux enfers du club protestant (les Rangers) pénalisé de 10 points en 2012 puis placé en liquidation et contraint de repartir en quatrième division. Déjà de retour en Scottish Championship (la D2) cette saison, les Rangers ne manquent pas d’ambition. Pendant ce temps-là, le club catholique (Celtic) a trusté la première place, finissant le dernier championnat avec 99 points, soit 29 d’avance sur Motherwell.

Sir-Alex-Ferguson

Si le Celtic s’était réjoui des déboires des Rangers, le manque de concurrence est nuisible pour le club à long terme (lire l’attitude inacceptable du Celtic). Le fameux derby Old firm manque certainement au foot écossais qui s’affaiblit, malgré l’honorable parcours du Celtic en Ligue des Champions il y a deux ans (défaite en huitièmes contre la Juventus). Cette saison 2013/14, le club écossais aurait du être éliminé dès le deuxième tour qualificatif, surclassé par le Legia Varsovie (4-1 et 0-2 au Celtic Park), mais sauvé par une victoire sur tapis vert car les Polonais ont commis l’erreur de faire participer à la fête un joueur qui aurait dû être suspendu. Ce n’était que partie remise car les Ecossais ont été éliminés en barrages par les Slovaques de Maribor et se retrouvent donc en Europa League où ils seront les seuls représentants de leur pays car Aberdeen, Saint Johnstone et Motherwell ont été éliminés durant les tours préliminaires.

L’Ecosse est la 24e nation à l’indice UEFA, derrière Chypre (17e), Israel (19e) ou encore la Biélorussie (20e).

La compétitivité par l’argent

C’est aussi une des raisons avancées par l’entraîneur Neil Lennon quand il a annoncé son départ du Celtic à la fin de la saison dernière.

Les droits TV de la Ligue écossaise sont de 14 M£ (17,5 M€). Ils s’élèvent à 1 milliard de livres sterling (1,24 milliard d’euros) en Premier League anglaise. Nous connaissons l’importance de notre club, mais si une équipe se maintient dans la Premier League anglaise, cela lui rapporte entre  60 et 70M£. Si nous gagnons un titre en Ecosse, il vaut à peine de 4 millions de livres. Le problème est que les ligues riches s’enrichissent et les ligues pauvres vont dans l’autre sens. L’écart augmente chaque année.
Neil Lennon, ancien manager du Celtic Glasgow

Impossible donc d’attirer ou de conserver les meilleurs joueurs et donc de  lutter au niveau européen.

Quel poids aura le référendum ?

Les dirigeants de la Premier League (dont son patron Richard Scudamore) répètent à longueur d’interview leur opposition totale à accueillir les clubs écossais. En 2009, cette discussion avait même été abordée par les clubs de Premier League qui l’ont rejetée. Rares sont les managers comme Jose Mourinho ou Harry Redknapp à y être favorables, la plupart des « petits clubs » veulent en effet préserver leur place. Dernièrement, les clubs écossais ont pu voir une ouverture de la part du secrétaire général de l’UEFA, Giovani Infantino, qui s’est déclaré « ouvert à toute discussion » mais difficile d’imaginer un scénario positif si l’Ecosse devient indépendante du Royaume-Uni.

Le jeudi 18 septembre 2014, le pays votera par référendum sur son indépendance. Alors qu’au départ les chances des indépendantistes semblaient bien minces, les derniers sondages annoncent un résultat beaucoup plus serré que prévu, voire même leur victoire. Politiquement – le Prime Minister David Cameron serait fragilisé – et économiquement – la livre sterling a chuté dès la publication du sondage donnant la victoire au Yes Scotland – les impacts seraient importants pour les deux pays. Y compris sur le plan du foot donc.

A teacher and schoolgirl run in front of a sign indicating the date of Scotland's independence referendum outside the Scottish Parliament in Edinburgh, Scotland

L’impact de l’indépendance sur le ballon rond entre peut-être en compte dans la mobilisation importante des gloires du foot écossais. Et notamment celle de l’ancien boss de Manchester United, l’Ecossais Sir Alex Ferguson, engagé pour le « Better together » et donc le maintien d’un Royaume-Uni uni. Il a même été provocant envers le Premier ministre écossais Alex Salmond (favorable à l’indépendance) en donnant 501 £ au camp du non, soit 1 livre sterling de plus que le maximum autorisé pour les Ecossais de l’étranger.

Les Ecossais qui vivent en dehors du pays mais dans le Royaume-Uni n’ont peut-être pas le droit de vote, mais nous avons une voix et nous tenons à notre pays. Ce n’est pas normal que celui qui est le leader du pays essaie de nous faire taire.
Sir Alex Ferguson, ancien manager de Manchester United

D’autres personnalités du foot écossais comme David Moyes, l’actuel entraîneur des Rangers (Ally McCoist), leur ancien capitaine Barry Ferguson ou la légende du Celtic Billy McNeill soutiennent aussi le camp du NON. Quitte à provoquer la colère de certains de leurs fans sur les réseaux sociaux, ils sont 16 à avoir co-signé une déclaration commune dans laquelle ils déclarent :  » Nous exhortons tous les patriotes écossais à maintenir la place du pays dans le Royaume-Uni qui a si bien servi l’Ecosse ».

De l’autre côté, difficile de trouver trace d’une légende du foot écossais favorable à l’indépendance. En tout cas, au gouvernement, la question du sport est considérée comme un des arguments du débat et une partie de la FAQ du site officiel rassure même les fans sur le fait que l’indépendance ne changerait pas les critères de sélection de leur équipe nationale de foot ou de rugby, que les clubs pourraient toujours participer aux compétitions de l’UEFA et même qu’au contraire, l’Ecosse aurait sa propre délégation aux Jeux Olympiques.

En revanche, ils ne disent pas que l’indépendance de l’Ecosse mettrait probablement fin aux rêves de ces clubs de foot de rejoindre la Premier League. Tandis que si les Ecossais maintiennent leur attachement au Royaume Uni, ce serait peut-être un petit pas de plus vers la possibilité d’entendre deux versions du célèbre « You’ll never walk alone » dans le championnat anglais.

La version Celtic

La version Liverpool

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