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Analysons le transfert astronomiquement ridicule de Cristiano Ronaldo au Real Madrid. Avec Kaka et les 150M€ dépensés en 24h, le Real Madrid paie cher ses deux recrues stars de cet été 2009. Une question revient sur toutes les lèvres : comment ont-ils pu avoir assez de fonds disponibles pour un tel recrutement ?

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La dette du Real Madrid pourrait en effet atteindre les 900 ME dans les prochains mois. Quoi qu’il en soit, l’élection récente du nouveau président Florentino Perez a été déterminante.

Un statut spécial

Il faut en effet savoir que le Real Madrid est une association à but non-lucratif qui appartient à ses 80 000 membres (les Socios).

Le Real a réalisé un bénéfice de 40 M€ pour 360M€ de CA en 2007, soit le double de toute la Ligue 1… C’est du 13 % de bénéfice, beaucoup d’entreprises aimeraient en dire autant, et vu la structure associative du Real (seul dans ce cas en Espagne avec Barcelone, Bilbao et Osasuna, les autres clubs, dont Valence, sont en SA, ce qu’on dit rarement en France), il n’y a pas de dividendes à payer ! Cela lui permet aussi de ne pas être obligé de publier ses comptes.

Un budget transferts intacte

L’an dernier, une enveloppe de 100M a été mise à disposition pour le mercato. Le Real Madrid a acheté Rafael Van Der Vaart à Hambourg pour 15M, puis vendu Robinho 40M chez les utopistes du Golfe. Arrivés au mercato d’hiver, ils ont pris Lassana Diarra pour 21M€ à Portsmouth et Klaas-Jan Huntelaar pour 24M€ à l’Ajax Amsterdam.

Lors de son élection, Florentino Perez est arrivé avec un aval bancaire de 57M€ (c’est la législation en Espagne, pour posséder une entité sportive ou en être le président, on doit détenir 15% de son CA) et a sûrement obtenu un autre prêt supplémentaire. Donc les fonds nécessaires à un transfert aussi gros étaient bien là.

les riches merde ronaldo

Un président riche, malin et qui a le bras long

Avec la venue de Florentino Perez au Real, il amène avec lui également le groupe industriel (Actividades de Construccion y Servicos) ACS dont il est le président. Cette entreprise est une des premières entreprise au monde dans la construction et gère 111,1 milliards de chiffre d’affaire.

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« Florentino Perez a promis d’utiliser 300 M€ pour les transferts, et il est bien parti pour le faire. En revanche, nous n’avons aucune idée d’où vient l’argent pour un club aussi endetté que le Real. Perez a dit qu’il récupérerait l’argent avec la vente des maillots, mais cela voudrait dire qu’il doit en vendre 30 millions, c’est impossible. Quelqu’un va donner au Real Madrid l’argent pour payer ce joueur à Manchester United, et ce serait bien de pouvoir l’expliquer aux gens. Comment, dans la situation actuelle et avec les difficultés que connaissent toutes les entreprises pour emprunter, un club trouve des fonds aussi importants sans aucune garantie de remboursement. Si cet argent ne vient pas de leurs propres bénéfices, alors il doit venir de l’extérieur. Mais de qui ? », a interrogé Xavier Sala i Martin dans une émission de la radio espagnole RAC 1.

Seulement Florentino connait très bien les banquiers. Il a un accès privilégié aux financements des grandes banques espagnoles (notamment Grupo Santander, la plus grosse, et éventuellement BBVA) et il peut se faire garantir des lignes de crédit lui permettant d’acquérir n’importe quel joueur (même au pluriel avec Cristiano Ronaldo et Kaka).

Un patrimoine extraordinaire

Le Real a toujours été proche de la couronne d’Espagne, il lui doit d’ailleurs son nom (onction royale de 1920). Contrairement aux idées reçues, le roi n’a pas son mot à dire dans la gérance du club. D’un point de vue de son image auprès des espagnols et puis à cause de l’origine des fonds qu’il y investirait : celui des contribuables/

Pour sauver les apparences après la première période « Galactique », le club de la capitale avait du vendre son centre d’entrainement à la ville de Madrid. Ce qui a permis de dégager assez de fonds pour rembourser presque la moitié de la dette du club. De quoi rassurer les banquiers.

Certes la mairie de Madrid a valorisé les terrains que le Real vendait mais en aucune manière le Real n’a bénéficié d’une quelconque aide royale. Bien sûr que le roi est un socio du Real mais c’est son droit et il a quelque fois usé de son influence pour aider les maillots blancs…

Un merchandising efficace

Au final, le Real est d’ailleurs assez peu endetté (23 % de sa valorisation selon Forbes qui l’estime à 300 M$) ce qui est un ratio nettement inférieur à celui des clubs anglais.

Le Real vend environ 2 millions par an ; le CA de la Liga toute entière en produits dérivés c’est 145 M€. Pas de quoi rêver. C’est un complément de CA, rien d’autre. Par contre, ça permet de renégocier plus avantageusement avec son équipementier…

Selon une étude rendue publique à Londres par l’agence internationale de marketing sportif Weber Shandwick Sport, Kaka devrait rapporter 100M$ (environ 75 millions d’euros) de revenus annuels au Real Madrid par la vente des maillots, les parrainages, les ventes de billets et les revenus tirés des tournées à l’étranger. Le recrutement du Ballon d’Or 2007 pourrait ainsi être rentabilisé en moins d’une saison ! Imaginez alors Ronaldo et son immense popularité.

Des bénéfices records

Le Real Madrid a enregistré en 2008 un bénéfice avant impôt de 97M€, contre 40 millions la saison dernière, a indiqué dans Marca son ancien président, Ramon Calderon. Le chiffre d’affaires du club était d’environ 360M€ pour cette saison. La dette du Real s’élève actuellement à 240M€. «Nous avons la capacité financière suffisante pour y faire face», a-t-il affirmé. Selon un classement établi à Londres par le cabinet Deloitte, le Real, au cours de la saison 2006-07, était demeuré en tête du classement mondial des clubs de football pour les revenus dégagés, avec 359 millions d’euros, devant Manchester (315 millions), le FC Barcelone (290 millions) et Chelsea (283 millions).

Aucune DNCG européenne

DNCG : Quatre lettres qui font trembler les clubs français.

La DNCG, c’est la Direction Nationale de Contrôle de Gestion, l’organisme chargé de surveiller les comptes des clubs de football professionnels en France. C’est à quelle qu’est imputé l’échec des clubs français en Coupe d’Europe et leur incapacité à rivaliser financièrement avec les grandes équipes.

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Depuis peu, les discussions vont bon train pour l’instauration d’une DNCG européenne qui mettrait tout le monde sur le même niveau. Cette proposition a pris du plomb dans l’aile avec la prise de position de Michel Platini. Le président de l’UEFA a réagi après l’intervention du président de la Premier League qui avait également rejeté ce projet.

« Pour une fois, je suis d’accord avec les Anglais », explique Platini dans L’Equipe. « Je rejoins un peu ce qu’ils disent, quand ils refusent une DNCG supranationale. Il n’est pas, et il n’a jamais été, dans nos intentions d’aller observer les comptes des clubs anglais ou autres et de réglementer leurs compétitions. C’est le problème de leurs fédérations ou de leurs ligues. Nous, ce que nous voulons, c’est protéger la régularité et la transparence de nos propres compétitions, en instaurant un fairplay financier. »

Frédéric Thiriez, le président de la LFP, était lui positionné pour une DNCG pan-européenne, arguant pour que « la concurrence sportive soit loyale en Europe. L’UEFA a le droit et même le devoir d’imposer des règles communes à tout le monde. Les clubs qui participent à une même compétition doivent être soumis aux mêmes contrôles, y compris financiers. Au dopage financier nous opposons l’idée du fair-play financier. » Tant pis pour le modèle français, les clubs hexagonaux devront donc continuer avec le système D pour s’imposer. Une telle loi aurait pour effet d’empêcher les grands clubs richissimes d’avoir des comptes aussi sains que nos clubs français, relégués à la moindre dette.