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Mardi, deux des plus influents partis politiques de Catalogne (Convergencia i Unio et Esquerra Republicana de Catalunya) sont tombés d'accord pour convoquer un référendum d'autodétermination à l'horizon 2014. Si l'on lit entre les lignes, cela signifie que la Catalogne se projette de plus en plus vers un processus d'indépendance inéluctable. Avant d'en arriver à une telle situation, la question suivante paraît légitime : le FC Barcelone est-il un outil politique utilisé à des fins personnelles par les responsables régionaux ? Ou bien s'agit-il seulement d'un club qui revendique ses racines et son identité locale de manière ostentatoire ?

Le dernier évènement en date remonte au mois d'octobre lors d'un énième clásico contre l'ennemi juré, le Real Madrid. Dans les tribunes, certains supporters du club blaugrana brandissent fièrement une mosaïque aux couleurs du drapeau catalan (la senyera). Malaise dans la péninsule où cette fierté régionale commence à agacer de plus en plus le pouvoir central installé à Madrid. Dans un pays déjà fortement touché par la crise économique, un conflit politique perdure depuis des années. Le président du club, Sandro Rosell, ne se mouille pas et déclare que le « Barça ne fait pas de politique ». Mensonge ou volonté de noyer le poisson ?

Son prédécesseur, Joan Laporta, ne s'est au contraire jamais caché. Aujourd'hui député de Catalogne depuis la fin de son dernier mandat à la tête du club, Laporta défend l'indépendance de sa région bec et ongles. Ce dernier, qui rêve de reprendre son trône dans une « Catalogne libre », ainsi que d'une sélection de football dissociée de celle espagnole, a œuvré pendant sept ans à redorer le blason et l'image de la « catalanité » du club.

Ainsi, ce mélange des genres entre la politique et le club catalan n'est pas vraiment une surprise. Laporta a « utilisé » le Barça pour satisfaire des ambitions carriéristes et professionnelles tout en apportant aux socios le succès sportif tant escompté depuis quelques années. C'est lui qui a remis Barcelone sur de bons rails et qui a insisté sur la nécessité d'avoir dans l'équipe des joueurs sur lesquels les fans puissent s'identifier : Puyol, le capitaine emblématique, Piqué, formé au club et rapatrié depuis l'Angleterre, et Iniesta, symboles et icones indéboulonnables et Messi, biberonné à la Masia (centre de formation blaugrana) et programmé pour devenir le meilleur joueur du monde. Tous ces éléments aujourd'hui indispensables du dispositif barcelonais démontrent la réussite du « modèle » mis en place par Laporta, puis dans un second temps.

La locomotive catalane que représente le FC Barcelone tourne ces derniers temps à plein régime, grâce notamment à un Leo Messi stratosphérique. La communauté autonome de Catalogne rassemble quant à elle un cinquième de l'économie espagnole. Pour autant, la région va-t-elle oser franchir le pas et faire scission avec le reste du pays ? Le peuple catalan donnera sa réponse dans les urnes.