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Comme sur le terrain, Zidane a pris tout le monde à contre-pied en annonçant son départ du Real Madrid. Malgré des succès incroyables, notamment en Ligue des champions, le Français a décidé de quitter le banc madrilène. Une décision surprenante, mais finalement logique.

Un timing intelligent et réfléchi

Mais quelle mouche a bien pu piquer Zidane ? Le Français, qui a réussi en 2 ans et demi à remporter la Ligue des champions à 3 reprises, décide de partir. Alors que la C1 est devenue LA compétition que le grand public et les médias utilisent presque exclusivement pour juger d’un bon ou d’un mauvais travail, et qu’il a rejoint le cercle très fermé des entraîneurs l’ayant remporté 3 fois, et qu’une seule victoire supplémentaire en aurait fait le seul recordman, pourquoi bon partir ?

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Zidane l’a expliqué : il estime qu’un changement est nécessaire, et que cette vague de succès, aussi folle soit-elle, ne doit pas altérer son jugement. Il ne se voit plus comme l’entraîneur qui peut prolonger ces victoires, pour différentes raisons qu’on ne peut pas deviner, n’étant pas dans l’intimité du vestiaire. C’est finalement une démarche humble et honnête de partir, pour ne pas avoir un président qui lui indique la sortie suite à de mauvais résultats, et aussi pour ne pas provoquer ce déclin sportif qu’il sentait venir s’il restait aux manettes. C’est original aussi, puisque tout le monde à sa place resterait en poste, les entraîneurs au Real Madrid (voire du football en général) ne partant presque jamais sans se faire virer à moins d’une retraite, et que d’un point de vue financier, mieux vaut garder son salaire, puis se faire virer quand ça tourne mal, avec les indemnités qui vont avec. Mais ça, Zidane n’en a cure, il privilégie la réussite du Real, et c’est beau finalement.

Pourquoi ne pas changer une équipe qui gagne ?

Zizou a eu peur que son discours, avec le temps, ne passe plus. Pourtant, vu de l’extérieur, tous ses joueurs le respectent, et son effectif est bourré de jeunes talents à faire progresser (Varane, Carvajal pour les titulaires, Kovacic ou Asensio pour les remplaçants) et de joueurs qui ont encore de belles années (Marcelo, Kroos, Bale, Benzema), sans compter que les champions que sont Ramos ou Ronaldo ne laisseront pas le temps altérer si facilement leurs performances. Tout semblait rose, pour appliquer le fameux dicton qui dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Et si c’était finalement une connerie ?

Une équipe qui gagne le fait car elle est la meilleure au moment où elle le gagne. Les recettes du succès d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement ceux qui permettront de gagner demain. Zizou ne le sait que trop bien. La génération 98-2000 a connu un fiasco en 2002 et en 2004 (dans une moindre mesure), et la France n’a réalisé qu’une grosse compétition qu’en 2006, notamment grâce au sang neuf injecté dans le onze de départ par Abidal, Malouda et Ribéry.

Est-ce que cela signifie qu’il faut tout changer au niveau de l’effectif ? Non, car parmi les éléments susceptibles de changer, l’entraîneur en est un, et Zidane a choisi de se « sacrifier ». Il permet ainsi, sans renouveler trop de joueurs et perdre la force de la stabilité, d’insuffler une dynamique du changement. Si Florentino Perez fait le bon choix, l’équipe peut même en bénéficier.

Quelle trace pour Zidane ?

En 2 ans et demi, Zidane a gagné la Ligue des champions à 3 reprises : seul Ancelotti a fait aussi bien parmi les entraîneurs en activité. Il a eu le temps de croiser le fer face aux meilleurs du monde, et les a tous battus avec son Real, de Klopp à Allegri, en passant par Simeone ou Heynckes. Il a battu le record de matches sans défaite du club, et égalé le nombre de victoires consécutives en Liga. Pour faire simple, il est entré dans la légende du football européen en 2 ans et demi, avec des préceptes de jeu peut-être moins marqués visuellement que ceux de Guardiola (d’où la différence dans l’attribution du mérite dans certains médias ou chez le grand public) mais tout aussi efficaces, si ce n’est plus. Si on ne pourra pas juger sur la durée, à moins d’un retour sur un banc, on peut déjà affirmer que comme lorsqu’il était joueur, Zizou a marché sur l’eau. Et c’est déjà colossal.