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L’En Avant de Guingamp va permettre à ses supporters d’entrer au capital du club. Une première en Ligue 1.

Bertrand la Fronde

A l’image de son coach et de ses joueurs sur le terrain, Bertrand Desplat est un homme de combat. Du côté de Guingamp, on le répète à l’envie : ce sont ces valeurs qui permettent au club de se maintenir dans l’élite. Et même d’y briller, comme cette saison, avec une 8e place et quelques trophées de chasse tels le PSG ou l’Olympique Lyonnais, tombés au Roudourou.

Le combat, le président guingampais le mène aussi en dehors du rectangle vert. Avec des idées. La dernière en date : faire des supporters des actionnaires du club. Le projet s’appelle Kalon, pour cœur, en breton. Moyennant une participation de 40 euros, quiconque le souhaite pourra donc devenir Kalon, entrant ainsi au capital du club via une association, et rejoignant les 141 actionnaires (des entreprises) déjà présents au sein de la société anonyme EAG. Une source de fierté pour Bertrand Desplat, qui se félicite d’être le premier club à franchir le pas en Ligue 1.  Une manière de plus d’exprimer la différence du club breton, pour celui qui avait été le seul président de club de Ligue 1 à ne pas adhérer au syndicat Première Ligue en 2015, au nom de la défense des intérêts des « petits ». Et une décision en forme de pied de nez aux historiques comme Saint-Étienne, Marseille ou Nantes, où des projets similaires ont été portés par des groupes de supporters devant les dirigeants, mais n’ont jamais abouti.

Les socios en Armorique ?

On sera le club populaire par excellence !
Bertrand Desplat

Pour emboîter le pas des espagnols ? Au pays de Raul et de Don Quichotte, ce système de fonctionnement est inscrit dans les gênes de plusieurs clubs, notamment ceux des deux institutions du royaume, le Barça et le Real Madrid. A la différence que tous les actionnaires y sont des supporters. En Catalogne, ce sont eux, les socios, qui élisent le président du club, avec un système limpide d’un homme égal une voix. Une démocratie un peu plus avancée qu’en Bretagne donc, où les Kalon, aussi nombreux soient-ils, ne pèseront qu’une voix aux conseils d’administration.

Alors, cette nouvelle figure de l’actionnaire-supporter va-t-elle réellement peser et avoir une incidence sur la gestion de club ? A priori, non. Le titre de Kalon paraît être avant tout honorifique, à l’image de la plaque sur laquelle seront gravés les noms des membres à l’entrée du Roudourou. Les décisions importantes resteront l’apanage des dirigeants du club, comme ça l’a toujours été, et le chemin reste long avant de déboucher sur un modèle à l’espagnole.

Guingamp, la famille

C’est donc avant tout la symbolique que l’on retiendra de cette action. Une main tendue aux supporters comme signe d’unité, ce qui n’est peut-être pas si anecdotique lorsque l’on connaît les relations parfois houleuses entre les clubs français et leurs publics, notamment les groupes d’ultras. Avec ses Kalon, l’En Avant de Guingamp devient un peu plus ce rejeton talentueux et différent du reste de la « famille Ligue 1 ».

Bertrand Desplat a bien compris l’importance de jouer sur ces symboles : tout sauf un hasard, la phase d’adhésion à l’association se terminera le 29 avril pour la réception de Saint-Étienne, et s’ouvrira le 25 février lors de la venue de l’AS Monaco du milliardaire russe Dmitry Rybolovlev. Que les Guingampais soient rassurés ; ce jour là, ils ne devraient pas avoir de mal à gagner le match en tribunes.