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Quoi de mieux que les grandes manifestations sportives afin de montrer la grandeur du pays hôte ? Charles De Gaulle l’avait compris et appuya les Jeux Olympiques d’hiver en 1958 dans sa politique de grandeur de la France. En effet, les jeux olympiques sont hyper médiatisés, mais à l’heure actuelle le sport le plus populaire au monde est le football, incitant les politiques à prendre position dans ce milieu afin de faire passer leurs messages et d’embrigader un maximum de personnes.

Comment cette influence se manifeste t-elle dans l’hexagone ? Pourquoi voit-on des politiciens proches de certaines équipes ? Qu’en est-il du football français ?

En France, non seulement le Football est le sport le plus pratiqué, mais également le plus médiatisé et le plus regardé. Le premier président à s’intéresser au Football est Gaston Doumergue. Le douzième président de la troisième république est le premier à présider une finale de coupe de France. C’est donc lui qui est à l’origine de cette tradition qui veut qu’à chaque finale le président descende sur le terrain pour se faire présenter les joueurs un par un.

Tout le monde se rappelle de la victoire historique de l’équipe de France lors de la coupe du monde 1998, qui plus est à domicile. On se rappelle tous de Jacques Chirac faisant semblant de crier le noms des joueurs lors de la finale devant les caméras. Après la victoire, il n’en fallait pas plus pour que tous les médias soulignent le fameux « Black – Blanc – Beur« , valorisant ainsi les cotés positifs de l’immigration. Les politiques se sont bien évidemment rués sur cette vague de victoires, avec un joueur comme Zinédine Zidane pour représenter cette immigration réussie grâce notamment aux valeurs « naturelles » du sport. Du moins c’est ce qu’ils pensaient, les incidents se déroulant 3 ans plus tard au stade de France contre l’équipe nationale algérienne (sifflets de l’hymne Français, des joueurs sauf Zizou, et envahissement du terrain) ont remis en question ces idées reçues sur les bienfaits du football et ont engendré des polémiques dont nous parlons toujours 15 ans plus tard.

Plus tard, après la déconvenue sportive et en terme d’image de la coupe du monde en Afrique du Sud en 2010, nous avons une fois de plus constaté l’influence de l’Etat sur le monde sportif. Lorsque les mauvais résultats s’enchaînent, lorsque l’image nationale et l’honneur de la France sont en jeu, le monde politique se réveille et révèle sa volonté de tirer les ficelles. La ministre des sports de l’époque, ainsi que d’autres membres du gouvernement, accusaient directement le président de la FFF et lui demandaient de démissionner pour le bien du football national. De son côté, l’Assemblée Nationale réclama une commission d’enquête. La FFF demanda alors son indépendance, chose impossible car la loi sur le sport de 1984 annonce que « les fédérations sportives exercent leur activité en toute indépendance« , mais qu’elles « sont placées sous la tutelle du Ministre chargé des Sports« . On est ainsi dans une ambiguïté des relations entre le sport et la politique, ce qui explique l’implication de l’Etat dans certaines occasions.

La Relation Sarkozy – PSG

Si vous suivez un temps soit peu le championnat de France et plus précisément les matches du PSG, vous avez certainement dû remarquer l’omniprésence de l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy, aux cotés de Nasser Al-Khelaïfi, président qatari du club de la capitale.

Visuel Kenzo Tribouillard / AFP

Même un soir de second tour des élections régionales 2015, Nicolas Sarkozy a assisté au match du PSG face à Lyon (5-1), peut-être pour apprécier sa seule victoire de la soirée. Nous en venons même à se demander quelle est son cimplication dans les affaires du club, quand on le voit dans les vestiaires ou dans les couloirs pour saluer les joueurs, qui semblent d’ailleurs tous le connaître. Bernard Laporte, secrétaire d’état chargé aux sports entre 2007 et 2009 sous la présidence de Sarkozy, le confirme.

Vous pensez qu’il n’est pas président du PSG en ce moment ? Je ne dis pas qu’il gère les affaires du club mais on le voit tellement souvent qu’on a l’impression qu’il est président du PSG. Le Qatar n’est pas là par hasard, on va se dire les choses clairement, il y est pour quelque chose.
Bernard Laporte

Il faut remettre les choses dans leur contexte, cette théorie est plus que probable. Il faut également savoir que plus d’un an avant l’arrivée du Qatar, l’émir Tamim Bin Hamad avait reçu la Légion d’Honneur des mains de Nicolas Sarkozy. Si Sepp Blatter n’est pas absent de tout reproche dans les attributions des futures coupes du monde, il affirma : « Avant l’attribution des Mondiaux au Qatar et en Russie, il y a eu deux interventions politiques… Messieurs Sarkozy et Wulff (son homologue allemand de l’époque, ndlr) ont essayé d’influencer le vote de leur représentant (Platini et Beckenbauer, ndlr). C’est pourquoi nous avons maintenant une coupe du monde au Qatar« .

Ces derniers prônaient l’intérêt économique, sachant que de nombreuses entreprises allemandes sont aujourd’hui implantées au Qatar et qu’en France le Qatar est maintenant bien ancré avec le rachat du PSG en 2012. Donc s’il est impliqué dans l’arrivée des Qataris au PSG, cela nous laisse de nombreuses suspicions concernant sa candidature de 2017 et par conséquent, son financement.

Hollande et sa reconquête populaire

A l’opposé, nous remarquons la présence de François Hollande, grand fan de football, chez l’un des promus de Ligue 2, le Red Star. Ce « club du peuple » est plus près des valeurs que le Parti Socialiste souhaite véhiculer. Le chef de l’Etat propose de s’impliquer directement dans le dossier du stade qui n’est pas homologué pour accueillir des rencontres de Ligue 2, obligeant ainsi le club à évoluer à Beauvais pour les matches à domicile.

Visuel Le Figaro

Visuel Le Figaro

Bien évidemment, il ne faut pas être totalement naïf et s’imaginer qu’il puisse faire ça seulement pour la beauté du sport. Il faut y voir ici une partie de la campagne électorale pour 2017, et notamment rechercher une proximité pour un échantillon de la population qui vote historiquement à gauche, ou ne vote pas du tout, afin de les attirer pour 2017.

Pour finir, vous n’avez pas pu passer à côté de l’affaire de la sextape de Valbuena, impliquant Karim Benzema. Cette affaire a pris une ampleur nationale, voire internationale, et l’actuel premier ministre, Manuel Valls, a déclaré : « S’il y avait un ministre mis en examen, il ne serait plus au gouvernement. D’une certaine manière, c’est pareil. On porte le maillot bleu et les couleurs de la France… Quand on assume des responsabilités et qu’on incarne l’équipe de France, il faut être exemplaire« . Influence de l’Etat ou non, Benzema a été suspendu par la Fédération Française de Football jusqu’à ce que la justice soit rendue autour de cette affaire.

On peut se demander comment le football peut-il rester en dehors de la politique, sans que cette dernière n’influence son fonctionnement.

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