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Un carton pour les uns, une valise pour les autres. Ce dimanche, la Pro Piacenza – club de Serie C, troisième division italienne, est repartie de son déplacement à Cuneo avec une défaite 20-0. Et on ne parle pas de rugby.

 « Une page de football dégoutante »

Du dégoût. C’est ce qu’a évoqué Luca Di Masi, le président d’Alessandria Calcio, pensionnaire de Serie C, après avoir pris connaissance de la parodie de football du week-end. Défait 20-0 sur la pelouse de l’AC Cuneo 1905, Pro Piacenza a atteint un (nouveau) point de non-retour ce dimanche. Déjà en grandes difficultés sportives et financières avant de se déplacer dans le Piémont, ce match n’était pas la première bévue du club d’Émilie-Romagne. Avec des joueurs et un staff en grève en raison de salaires impayés, Pro Piacenza avait déjà reçu plusieurs pénalités de la part de la Fédération et avait même dû déclarer forfait lors de ses trois derniers matchs, faute de joueurs disponibles. Déjà mis en garde par la FIGC – la Fédération italienne de football, le club devait se présenter coûte que coûte sur le terrain de Cuneo pour éviter l’exclusion du championnat. Et quel déplacement…

7 noms sur la feuille de match. Lunaire.

Pro Piacenza est un club en miettes. Chérissant le maigre espoir de finir sa saison en Serie C – le maintien étant utopique, la lanterne rouge de la division avait pris la décision de se présenter sur le terrain, peu importe les forces vives. Ainsi, les Rossoneri ont couché une équipe de handball sur la feuille de match. 7 joueurs, nés entre 2000 et 2002 pour la majorité et avec Picciarelli, masseur du club né en 1980 comme vétéran de la formation. Pro Piacenza réussira tout de même à ajouter un huitième joueur à son escadron en cours de match – ce dernier avait oublié ses papiers. Faute d’équipe dirigeante, un joueur de 19 ans avait été missionné pour diriger cette « équipe de sixte ». En vain.

L’enfer était promis aux joueurs d’Émilie-Romagne et l’évolution du score pendant le match l’atteste. Piacenza était mené 10-0 au bout de 25 minutes de jeu. 16-0 à la mi-temps avec notamment 6 buts d’Hicham Kanis, attaquant prêté par Novara et protégé de Mino Raiola.

https://www.youtube.com/watch?v=GhQVoTZEmpQ

Un véritable scandale de l’autre côté des Alpes

Si cette raclée a fait les choux gras de la presse nationale et européenne, elle a enflammé la Fédération italienne.

« Ce qui s’est passé à Cuneo avec l’équipe de Pro Piacenza est une insulte au sport et à ses principes fondateurs. (…) Notre responsabilité est de protéger la passion des fans, des entrepreneurs sains et la crédibilité de nos championnats : cette farce sera la dernière. »

Gabriela Gravina, président de la FIGC

Cette rencontre a fait beaucoup de bruits sur les réseaux sociaux transalpins. Pour beaucoup, les jeunes joueurs de Pro Piacenza ont été « humiliés ». Pour d’autres, le Cuneo-Pro Piacenza est une illustration parfaite de la « mauvaise gestion du football local ». Ce n’est pourtant pas une nouveauté dans ce championnat de Serie C où bon nombre de clubs sont en grandes difficultés. En effet, les problèmes économiques ne sont pas rares dans un championnat où beaucoup d’équipes peinent à assumer le statut professionnel. Francesco Ghirelli, le président de la Lega Pro – la LFP italienne, y est aussi allé de sa critique :

« Nous sommes la seule ligue qui est passée de 90 à 60 clubs avec une réforme faite il y a trois ans. Malgré ça, nous n’avons rien résolu. Le problème est que cette réforme n’a permis de réduire qu’un tiers du problème. Nous devons penser au système du football italien. Les règles qui régissent tout doivent être corrigées. Les trois ligues doivent s’unir et parler. »

Si les critiques ont été légion après ce « sketch footballistique », la sentence de la Lega Pro ne s’est pas fait attendre. Dès lundi, elle a enlevé 17 buts de goal average au Cuneo au profit d’une victoire 3-0 sur tapis vert, infligé une amende de 20 000 € à Piacenza, mais surtout exclu l’équipe rossenera de Serie C. Par ailleurs, Picciarelli, le kiné du club qui avait joué quelques minutes pour dépanner ses jeunes pousses, a été suspendu jusqu’au 31 décembre prochain. C’était bien la dernière farce.

Si l’Italie repense progressivement son football après l’électrochoc de sa non-qualification au Mondial russe, il reste beaucoup de chantiers pour re-structurer l’ensemble de la pyramide footballistique. Ce dimanche, c’est une poignée de gamins de Piacenza qui en ont été victimes.