AvideceWopyBalab

Cette semaine, on a vu Manchester United gagner malgré des lacunes évidentes, Adama Traoré imposer sa loi face à Manchester City, et Arsenal craquer à Chelsea malgré une bonne entame. Enfin, on déplore l’utilisation de la VAR, on voit un joueur pleurer d’émotions, et même Ayew marquer un but de fou. 

Les idées sans le talent

Match observé : Manchester United 4-1 Newcastle 

Le match entre Manchester United et Newcastle laissait présager du pire. Les Magpies ont évolué en bloc bas, et les Red Devils, forcés à faire le jeu, n’ont pas su trouvé de solution pour marquer. Même si on voit très clairement certaines choses que travaillent les joueurs de Solskjear, comme la recherche de l’homme libre par le joueur en pivot (Martial ou Rashford excellant dans ce rôle), les Mancuniens manquent clairement de talent et de justesse pour exécuter correctement et assez vite les mouvements pour bousculer un bloc bas. L’ouverture du score de Longstaff laissait donc augurer d’une nouvelle désillusion pour les spectateurs d’Old Trafford.

Heureusement pour eux, Newcastle a décidé d’être généreux pour Noël. Sur le but de l’égalisation de Martial, le gardien se troue et les défenseurs adverses sont nombreux, mais très passifs : personne n’attaque le porteur du ballon alors que des partenaires étaient en position pour couvrir. Schär ira encore plus loin en offrant le but du 2-1 à ses adversaires, même s’il ne faut rien retirer à la belle frappe (légèrement détournée) de Greenwood. Enfin, Longstaff fera encore pire avec ce cadeau invraisemblable à Martial, pour le 4-1. Conclusion : malgré le score éclatant, Manchester United n’a pas été si convaincant dans le jeu, ayant la chance d’avoir un adversaire qui ouvre bêtement les espaces, sans qu’on ne comprenne pourquoi, pour laisser les Red Devils jouer en transition… alors que tout se passait bien pour eux pendant 20 grosses minutes. Face à un bloc bas un minimum agressif, les difficultés de United seront rédhibitoires.

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Il est difficile d’amputer ce manque de création au seul Solskjear. Même s’il n’est pas capable de donner immédiatement des automatismes à son équipe, comme un Conte qui fait apprendre presque par cœur des circuits de passes et de relance à ses joueurs, le Norvégien et son staff tentent d’apprendre des choses à l’équipe, comme on en parlait pour la recherche très visible de l’homme libre. Ce n’est pas sa faute si pour son poste de meneur de jeu, il n’a le choix qu’entre Pereira, Lingard et Mata. Le Brésilien, titulaire face à Newcastle, a livré une prestation catastrophique, avec des mauvais choix spectaculaires, oubliant Rashford et Greenwood pour frapper dans une mauvaise position, ou lançant Martial dont l’appel avait monopolisé la défense, alors que Rashford était seul de l’autre côté. Lingard, qui n’a pas été décisif en Premier League en 2019, et Mata, qui a perdu toute capacité d’accélération, n’auraient sans doute pas fait moins bien, ce qui est effrayant quand on se rappelle que le poste était encore occupé par Scholes il y a 10 ans… McTominay et Fred n’étant pas assez créatifs, les attaquants sont trouvés dans des positions médiocres, avec la nécessité de créer l’exploit pour se montrer dangereux. Cela a suffi face à un très faible Newcastle, cela marche parfois face aux gros qui font le jeu et permettent de jouer en transition, mais cela risque d’être insuffisant pour le top 4.

Dans la gueule du loup

Match observé : Wolverhampton 3-2 Manchester City

Si on regarde le score et les statistiques du match, c’est à n’y rien comprendre. Outsider, Wolverhampton affiche plus de 60% de possession de balle face à Manchester City, 20 tirs à 7, pour une victoire totalement méritée. Si on a regardé cette affiche, on comprend que c’était justement un soir où il n’y a rien de rationnel, car tout était fou, entre l’expulsion d’Ederson qui conduit les Citizens à jouer en infériorité numérique presque tout le match, et ce penalty doublement tiré par Sterling. On a quand même vu des choses intéressantes dans le contenu.

Même si on ne lui souhaite pas d’avoir un joueur en moins à chaque fois, la réaction de Guardiola était attendue. Il se passe donc d’Agüero pour faire entrer Bravo, une décision sans doute liée à la phase de reprise de l’Argentin plus que d’une volonté de reculer. Pourtant, City va bien reculer, pour afficher un visage que ne renierait pas Mourinho. L’équipe joue en bloc bas, très bas, avec une ligne de 4 voire 5, derrière une ligne de 3, et le seul Sterling devant. Les Mancuniens ont laissé le ballon, n’attaquant le porteur que dans les 30 derniers mètres, ou lorsqu’un contrôle semblait trop long. En aucun cas, on n’a vu de pressing, ce qui aurait peut-être été suicidaire sur une si longue durée, et dans cette période de Boxing Day, mais qui aurait été plus en adéquation avec ce qu’on a l’habitude de voir de la part du coach espagnol. On croit rêver, tant Guardiola n’a jamais été adepte d’un football si peu protagoniste. L’entrée en jeu de Garcia à la place de Mahrez à la pause atteste de cette résignation, confortée par la sortie de De Bruyne à l’heure de jeu. Ses joueurs ne sont pas faits pour subir, et ça s’est vu, tant ils ont souffert dans les duels et sur les seconds ballons.

En début de match, avant l’expulsion d’Ederson, Wolverhampton gênait déjà City de développer son jeu, via des lignes compactes et mobiles. L’expulsion du gardien brésilien conduira les Skyblues à abandonner le ballon, et les Wolves à jouer contre-nature. Car malgré la victoire, et la présence de joueurs habiles comme Neves ou Moutinho, il ne faut pas s’y tromper : cette formation n’est pas fait pour jouer si haut. Le second but de Sterling, dans une phase de transition, en atteste : 2 passes de Rodri et De Bruyne suffisent à remonter tout le terrain et à casser des lignes distendues. Au niveau offensif, il a souvent manqué de justesse technique et de vitesse dans les mouvements pour créer le danger. Si les Wolves ont pu multiplier les tirs, les plus dangereux ont eu lieu sur phase arrêtée, et non dans le jeu, si on excepte bien sûr le but fabuleux de Doherty, sur une combinaison avec Jimenez. En confiance, Traoré a mis le feu, mais il aurait sans doute fait encore plus de dégâts s’il était arrivé plus souvent lancé, alors que la défense de City veillait justement à ce qu’il ne reçoive la balle qu’en position arrêtée, le forçant à jouer le un-contre-un (ce qui lui a bien réussi mais reste en principe plus facile à défendre) voire à un-contre-deux.

Hormis le but victorieux dont on a parlé, les réalisations de Wolverhampton sont consécutives à des erreurs de Manchester City plus qu’à de réelles inspirations collectives, celle de Mendy étant la plus flagrante visuellement, tant il se fait bouger par Traoré. Le résultat aurait-il été différent si Guardiola n’avait pas renié ses principes? Il ne passe pas loin d’arracher le match nul sur cet ultime coup franc de Sterling sur la barre, et c’est toujours plus facile de parler après, assis sur son canapé, mais j’aurais aimé voir City jouer comme d’habitude, même à 10. Les Wolves tiennent-ils un match référence? Assurément sur le plan du mental, un peu moins sur le plan du jeu. C’est parfois largement suffisant. Le football réserve de belles surprises, des soirées inattendues et irrationnelles, et c’est tant mieux pour les spectateurs du Molineux Stadium.

Arsenal restera toujours Arsenal…

Match observé : Arsenal 1-2 Chelsea

La touche Arteta se sentait pendant 30 grosses minutes, soit jusqu’à la blessure de Chambers (remplacé par Mustafi) et les ajustements tactiques de Lampard, qui sort Emerson au profit de Jorginho. Jusqu’à ce double événement, Arsenal affichait un visage séduisant face à Chelsea, et laissait croire en des lendemains qui chantent. Ce sera peut-être le cas, mais la route est longue. De cette première demi-heure, on retiendra la volonté d’aller gêner la relance des Blues très haut, pour profiter du fait que Zouma, Tomori et Rüdiger n’aient pas les pieds de Hummels, Bonucci ou Thiago Silva. Özil jouait également le jeu, bouchant la ligne de passe vers Kovacic, seul milieu adverse véritablement créatif jusqu’à l’entrée en jeu de Jorginho. Avec le ballon, les Gunners ont été tout aussi agréables à regarder, avec une volonté de passer dans l’axe, grâce à Guendouzi qui se projette balle aux pieds, mais surtout grâce à Torreira qui est bien plus précieux qu’on ne le pense. L’Uruguayen cherche toujours à se rendre disponible (poussant parfois le vice en allant chercher le ballon trop bas) et a une vraie capacité à casser les lignes par la passe. Il a plusieurs fois trouvé Özil, qui est redevenu un joueur de football. Quand l’axe était bouché, Arsenal a su inciter Chelsea à venir haut pour lancer joliment les ailiers, notamment Nelson. Bref, il y avait vraiment de l’idée dans les phases de création.

https://twitter.com/walidacherchour/status/1211299687296360452

Özil a offert une belle production pendant cette première demi-heure, entre ces 2 talonnades pour lancer Nelson, cette feinte de corps subtile toujours pour lancer Nelson, ou encore ces gestes techniques bien sentis, parmi lesquels ce petit pont sur Kanté. Il a bien balayé la zone entre l’axe et le côté droit – laissant l’autre côté au duo Lacazette-Aubameyang – et a fait parler sa qualité technique, jusqu’à s’éteindre puis sortir en fin de match. Surtout, comme toute son équipe, il a montré un esprit combatif intéressant, avec une vraie hargne sur les seconds ballons. On a notamment vu Lacazette, Aubameyang et Nelson se battre comme des beaux diables, quitte à faire faute.

Malheureusement pour les spectateurs de l’Emirates, Arsenal reste Arsenal. Après cette première demi-heure très convaincante, l’entrée en jeu de Mustafi a changé la donne à la relance, et le dispositif de Chelsea avec Jorginho a entériné la domination des Blues. Si l’Italien aurait pu récolter un second carton jaune, c’est bien lui qui change le match, jusqu’à marquer symboliquement le but de l’égalisation suite à une erreur d’appréciation de Leno. Avec lui, Chelsea n’est plus en sous-nombre dans l’entrejeu, conserve mieux la balle, subit moins le pressing adverse (qui a logiquement diminué en intensité au fur et à mesure), et oriente mieux ses attaques. Le scénario, qui peut sembler cruel à chaud, est finalement assez logique puisque les Blues ont dominé dans tous les compartiments du jeu pendant une heure de jeu. On retiendra le match courageux d’Abraham. L’Anglais n’a jamais abandonné, a bonifié les ballons dos aux buts et a surtout gagné beaucoup de duels aériens, au point qu’on regrette que Mount et Willian ne l’aient pas mieux accompagné. Il est logiquement récompensé par le but de la victoire, quelques secondes après qu’Arsenal ait essayé de marquer. Les Gunners auraient-ils mieux fait de préserver le match nul? Peut-être, mais cela serait trahir leur ADN. Dans le meilleur comme dans le pire, Arsenal restera toujours Arsenal.

Et sinon

  • Jordan Ayew a mis un des plus beaux buts de l’année face à West Ham, se jouant de toute la défense avant de conclure d’une balle piquée pleine de sang-froid. On a presque du mal à y croire.

https://twitter.com/FutbolBible/status/1210470369913720833

  • Leicester est donc allé gagner sur la pelouse de West Ham avec Chilwell, Söyüncü, Maddison, Ndidi, Tielmans sur le banc, et Vardy indisponible… Dommage pour Haller qui avait bien commencé, mais la prédiction qui disait que rejoindre les Hammers était un transfert plus que risqué s’avère juste pour l’instant.
  • Les buts refusés à Brighton, NorwichSheffield et Wolverhampton, respectivement face à Bournemouth, Tottenham, Manchester City et Liverpool, illustrent les dérives de la VAR, à qui on peut faire dire n’importe quoi.
  • On a aimé l’émotion de Jahanbakhsh, auteur de son premier but avec Brighton, et l’enchaînement de grande classe de Mooy. L’Australien, qui avait notamment brillé face aux Bleus lors de la dernière Coupe du monde, est un joueur particulièrement agréable à regarder jouer.

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