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Stalingrad, voilà comment on a surnommé un soir de mars 1971,  le mythique stade de la Bombonera. Le match opposait Boca Juniors au club Péruvien du Sporting Cristal durant la Copa Libertadores (l’équivalent de la Ligue des Champions). Cette rencontre restera à jamais historique.

La Bombonera s'est surnommée Stalingrad un soir de mars 1971Premièrement, on a pu assister à l’un des plus grands pugilats de l’histoire du football et deuxièmement, la vidéo de la rencontre fut pour la première fois une preuve accusatoire contre les personnes impliquées dans la bagarre.

Le match retour était très attendu par les nombreux observateurs et supporters des deux équipes car les équipes avaient, l’une et l’autre, une chance de se qualifier pour le tour suivant. Le favori était le club de Boca Juniors car il avait l’avantage de jouer à domicile. Le match aller s’était soldé par une victoire 2-0 des Péruviens.

Pour ce choc, les dirigeants de la fédération des arbitres de l’AMSUD décidèrent de faire diriger la rencontre par l’Uruguayen Alejandro Otero, reconnu pour son impartialité et sa sévérité.

Le célèbre astrologue argentin Hector Rojas avait prédit au début de l’année 1971, un grand scandale dans le football avec une portée internationale et il ne s’était pas trompé.

Le match était retransmis par satellite au Pérou, qui commençait à penser à la qualification. Toutefois, le club du Sporting Cristal débuta la rencontre timidement en défendant le résultat du match aller avec une certaine crainte. Cependant, sur un contre, ce sont bien les Péruviens qui ouvrirent le score par l’intermédiaire de Juan Orbegoso mais Boca Juniors répliqua par deux fois grâce à Coch et Rojas. Le score à la pause est de 2 buts à 1 en faveur des Argentins.

La qualification devenait alors indécise et les supporters présents dans la Bombonera commençaient à croire en la victoire de leur équipe. D’ailleurs, le troisième but était proche d’arriver et beaucoup plus que  l’égalisation du Sporting Cristal. Mais « dominer n’est pas gagner », et ce furent les Péruviens qui marquèrent sur une réalisation de Gonzalez Pajuelo à vingt minutes du terme. Le match devint alors fou, on observait des attaques de part et d’autres, et dans ce moment d’extrême tension, les nerfs des Argentins finirent par lâcher.

La Bombonera s'est surnommée Stalingrad un soir de mars 1971

A six minutes de la fin du match, Roberto Rogel tomba dans la surface péruvienne cherchant un pénalty, justement non sifflé. Le joueur argentin, fou de rage, se dirigea alors vers le joueur péruvien Mellan et lui asséna un terrible coup de pied dans le dos. Rubén « Chapa » balança un coup de poing au Péruvien Alberto Gallardo, et partit se réfugier derrière ses coéquipiers sur le banc. Quesada, fou, prit le poteau de corner et poursuivit un joueur du Sporting Cristal en lui tapant dessus.

Gallardo, remis de son coup et assoiffé de vengeance, réalisa un enchainement acrobatique et mit sur les genoux à son tour Rubén « Chapa ».

L’attaquant argentin Coch agressa brutalement Eloy Campos, alors étendu inconscient sur la pelouse, couvert de sang avec une fracture ouverte de la cloison nasale. Il continua ses « prouesses » en provoquant une commotion cérébrale sur la personne du Péruvien Mellan. Du côté du Sporting Cristal, De la Torre n’était pas en reste, et il arrivait à se battre avec plusieurs Argentins à la fois.

La Bombonera s'est surnommée Stalingrad un soir de mars 1971

Au final,  Eloy Campos et Mellan furent soignés à la clinique Argerich. Suñe quant à lui fut transféré à la clinique Santa Isabel.  Le reste des joueurs furent alors incarcérés au commissariat central de Buenos Aires, à l’exception de De la Torre, Gallardo et Del Castillo qui se permirent de rentrer à Lima.

Les autorités locales suspendirent pour les manifestants la loi qui ordonnait à 30 jours de TIG à toute personne protestant publiquement

Les réactions ne se firent pas attendre au Pérou après le match où une partie des supporters péruviens protestèrent devant l’ambassade argentine. Les autorités locales suspendirent pour les manifestants la loi qui ordonnait à 30 jours de TIG à toute personne protestant publiquement. De retour au pays, les footballeurs péruviens furent reçus en héros.

Sur le terrain sportif, l’arbitre Alejandro Otero annonça dans son rapport après la rencontre que 19 des 22 acteurs alors sur le terrain pendant la bagarre furent expulsés. Seuls Julio Meléndez, Rubiños et de manière surprenante Rubén Sanchez, un des acteurs principaux du pugilat furent épargnés.

La commission de l’arbitrage examina pour la première fois de son histoire la vidéo comme preuve accusatoire. Les sanctions assez légères, furent les suivantes : 6 matchs de suspension pour Suñe, 4 pour Rogel, Rojas et Cabrera, entre autres.

La Bombonera s'est surnommée Stalingrad un soir de mars 1971

Le tribunal pénal de la fédération argentine fut quant à lui plus sévère avec des suspensions d’un an et plus pour les acteurs principaux de la bagarre.

Après ce triste match, Boca Juniors se retira de la compétition et le Sporting Cristal aligna des joueurs de moins de 20 ans contre Universitario et Rosario Central.

Cette bagarre fut l’une des pires de toute l’histoire de la Copa Libertadores et on se souviendra de celle-ci comme un exemple à ne plus reproduire sur un terrain de football. Toutefois, d’autres joutes moins violentes éclatèrent dans les mois et années suivantes, car à l’époque, les caméras n’étaient pas légions dans les stades sud-américains. Elles ne pouvaient donc pas servir à nouveau de preuves…