AvideceWopyBalab

Alors que le Cameroun fête le triste dixième anniversaire de la mort de Marc-Vivien Foé, le pays est en proie à une crise d’ingérence terrible, qui met en danger l’avenir footballistique d’une nation qui n’a plus rien de l’épouvantail du début des années 2000.

En général, tout conflit au Cameroun passe par l’inévitable star locale, Samuel Eto’o : refus de s’entrainer ou question de primes, les caprices du joueur de l’Anzhi ont déjà coûté au Cameroun de nombreux points et des qualifications manquées pour différentes compétitions.

Alors que le pays semblait entrevoir une éclaircie, avec notamment une place de leader de son groupe qualificatif pour la prochaine coupe du monde au Brésil, deux évènements sont venus contrarier la bonne ambiance sportive retrouvée. Il y a un mois, le responsable de la communication de la Fecafoot (fédération camerounaise de football) indiquait que Volker Finke serait le prochaine sélectionneur des Lions Indomptables. « La transition avec le staff actuel devrait se faire en douce. Jean Paul Akono et ses adjoints continueront d’entraîner la sélection nationale pour les trois prochains matchs » précise-t-il. Discrètement, le visa d’Akono n’est pas demandé en Ukraine pour le match amical de début juin par la Fecafoot.

Jean-Paul Akono ne l’entend pas ainsi et se considère maintenu dans ses fonctions dans la confusion la plus générale, alors que Raphaël Nkoa, le fameux press officer, confirme qu’il n’aurait « jamais pris l’initiative de l’annonce de l’arrivée de Finke tout seul ». Cette nomination arrive au moment où Akono a un AVC qui le met sur le flanc quelques semaines. Réel accident, manipulation ? Quoi qu’il en soit, son rétablissement est spectaculaire. Pas assez pour les dirigeants camerounais qui confirment officiellement Finke, l’ancien entraineur de Fribourg, quelques jours avant un match décisif contre le Togo.

Pour ajouter à l’incroyable mois de la sélection nationale, ils perdent 2-0 contre ce Togo mais devraient récupérer les 3 points sur tapis vert, suite à l’alignement de Romao par les togolais, alors que le joueur était suspendu.

Construisez d’un côté, démolissez de l’autre

Pour continuer à se couvrir de ridicule, le Cameroun a décidé d’en rajouter une couche de manière originale. Alors que les élections à la tête de la Fecafoot ont eu lieu la semaine dernière, le président sortant Iya Mohammed a été réélu dans un scrutin stalinien (97 voix sur 98)… alors qu’il se trouve actuellement en prison pour le détournement de 20M€ à la société camerounaise de coton (sodecoton). Sepp Blatter s’est empressé de saluer cette réélection : « votre réélection est clairement un vote de confiance en vos capacités de la part de la communauté footballistique camerounaise. Je suis convaincu que votre riche expérience, vos connaissances et vos qualités personnelles auront un impact significatif sur le développement stable du football au Cameroun ».

Un camouflet pour l’opposition, qui a revendiqué ouvertement avoir tenté de corrompre une vingtaine de délégués, allant même jusqu’à se battre devant les caméras pour récupérer les 2M de francs CFA utilisés pour acheter leur vote.

Comme prévu, la Commission de recours des élections de la Fédération camerounaise de football a annulé mercredi la réélection du président sortant pour « violation des statuts et règlements », ce qui devrait se régler au Tribunal arbitral du sport dans les semaines qui viennent. Plusieurs anciens vice-présidents avaient déjà demandé une annulation de ces élections avant même la tenue du scrutin.

Les grands gagnants de cette confusion générale sont les clubs des joueurs respectifs, bien heureux de voir leurs protégés non qualifiés pour de grands évènements et en conflit avec leur sélection nationale, alors que la position des compétitions africaines dans le calendrier surchargé des championnats européens n’a jamais fait autant débat.