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Lors du dernier match des phases de qualification, la France affronte la Suisse, un pays qu’elle avait déjà rencontré lors du dernier mondial au Brésil. Deux ans après la dernière confrontation entre les deux équipes, une mise au point ne peut pas faire de mal.

Avec 6 points en 2 matchs, l’équipe de France domine son groupe devant la Suisse 4 points, la Roumanie 1 point et l’Albanie qui n’a toujours pas marqué le moindre point ni le moindre but. C’est donc en leader logique que les Bleus s’apprêtent à affronter leur voisin. Depuis le 20 juin 2014 et un score sans appel lors de la Coupe du Monde (la France avait infligé une claque à la Suisse avec une victoire nette 5-2), les deux nations ne se sont pas recroisées et c’est peut-être mieux comme ça pour les Suisses, qui restent sur une série de 3 nuls et 3 défaites en 6 matchs contre leur prochain adversaire. Pire encore, la dernière victoire des Helvètes remonte au 27 mai 1992 ; ils s’étaient imposés 2-1 après avoir été menés 1-0. A cette époque, en étant l’entraîneur de l’équipe de France, Michel Platini était bien loin de tous les problèmes auxquels il fait face aujourd’hui. Quoi que perdre contre les « petits Suisses » ce n’est pas très flatteur non plus…

Mais revenons au présent et au groupe que Vladimir Petkovic, remplaçant d’Ottmar Hitzfeld depuis le 1er juillet 2014, a convoqué pour disputer cet Euro. En comparant avec l’équipe envoyée au Brésil en 2014, on peut voir qu’il y a peu de changements. On est sur une continuité avec des jeunes incorporés au collectif déjà mis en place par le technicien allemand (dans les sept nouveaux joueurs, il y a quatre joueurs de moins de 21 ans). Mais il y a surtout une absence a pointer du doigt ; celle du capitaine Gökhan Inler, mis à l’écart par le nouvel entraineur suisse à cause de son manque de temps de jeu du côté de Leicester. De plus, Diego Benaglio a pris sa retraite internationale et a donc laissé la défense des cages à Yann Sommer, qui participe à sa première phase finale de compétition internationale avec son pays. Le portier suisse évoluant au Borussia Mönchengladbach est, du haut de ses 1m83, le plus petit gardien du tournoi.

Yann Sommer

Yann Sommer

Pour parvenir à se qualifier à la compétition organisée dans l’hexagone, les hommes de Petkovic, qui avaient commencé par deux défaites contre l’Angleterre et la Slovénie, ont su faire pencher la balance en leur faveur en ne perdant plus que contre les Anglais. Bilan : 2ème derrière la puissante équipe de Roy Hodgson, avec 21 points, 24 buts marqués pour 8 encaissés. De quoi satisfaire le peuple ? Eh bien non… Lors de leurs quatre matchs de préparation contre l’Irlande, la Bosnie Herzégovine, la Belgique et la Moldavie, les Suisses ne sont parvenus à gagner que contre les Moldaves (2-1). Les doutes se sont alors installés. La presse s’est inquiétée du niveau de sa « Nati », certes jamais autant qu’en France, mais beaucoup d’encre à couler pour qu’au final, les joueurs suisses répondent de la meilleure des manières : sur le terrain. Lors d’un match au goût de derby, la Suisse s’est frottée à la valeureuse équipe d’Albanie.

Avec 4 joueurs binationaux dans leur XI, les « rouges et blancs » se sont vus sifflés par les supporters albanais, venus en nombre encourager leur pays qui participe pour la première fois à une compétition internationale. Au terme d’une partie acharnée, l’équipe de Suisse s’est imposée sur le score de 1-0, grâce à un but de la tête de Fabian Schär, le défenseur central d’Hoffenheim. Lors de cette rencontre, les premiers doutes se sont estompés : la Suisse a un bon gardien qui l’a sauvée à plusieurs reprises et notamment en fin de rencontre, lorsque ce dernier a remporté son duel face à Shkelzen Gashi. Elle sait aussi jouer au ballon et propose un jeu intéressant. Mais, les joueurs offensifs de l’équipe manquent cruellement de réalisme au moment de tuer le match. Avec 17 occasions, dont 7 tirs cadrés, les joueurs suisses auraient pu se mettre à l’abri très tôt dans la partie et auraient ainsi évité des sueurs froides à leurs supporters.

image : Reuters/Darren Staples

image : Reuters/Darren Staples

4 jours après, c’est la Roumanie, qui a posé bien des problèmes aux joueurs de Didier Deschamps lors du match d’ouverture du tournoi, que la « Nati » a affronté. Après avoir été menée au score dès la 18ème minute sur un pénalty, commis bêtement par son capitaine Stéphane Lichtsteiner, la Suisse a réussi à égaliser grâce à Mehmedi, sur un coup de canon du gauche dans la surface de réparation. Les joueurs de la « Nati » auraient même pu prendre le match à leur compte si, encore une fois, ils avaient réussi à mettre leurs occasions au fond. Ceci dit, ils auraient pu tout perdre, sans l’aide d’un Yann Sommer vigilant jusqu’au coup de sifflet final. Il a donc bien fallu se contenter d’un point qui, après réflexion, permet aux Suisses d’espérer une qualification, pour la première fois de leur histoire, aux 8ème de finale d’un championnat d’Europe des nations. Mais le plus dur reste à faire et ce, face à leur « ennemi » de toujours. Le combat qui les attend dimanche soir est une sorte de « remake » de David contre Goliath ; les guerriers de Petkovic sont prêts, ou du moins devront l’être pour battre la grande France, car il est hors de question que le peuple Suisse subisse une énième humiliation. Déjà que le reste du temps, ils en entendent assez avec les montagnes et les banques… C’est toujours mieux ça, que les grèves et les 35 heures par semaine… (Oui, de l’autre côté de la frontière on a tout autant de clichés à votre sujet, ne vous en faites pas. Mais comme on dit, « qui aime bien, châtie bien »)

image : Reuters/Charles Platiau

Image : Reuters/Charles Platiau

Lors des deux premiers matchs de poule, Vladimir Petkovic a aligné la même équipe, sans grosse surprise. Et sauf imprévu, le coach suisse devrait récidiver lors du match contre la France. En fait, l’équipe de Suisse joue avec le même onze que lors de la dernière opposition contre la France, à l’exception de Sommer qui remplace Benaglio et de Schär qui lui, prend la place en défense centrale de Steve Von Bergen, qui garde un très mauvais souvenir de ce match (et ce n’est surement pas le seul…), après avoir été blessé au visage par Olivier Giroud.

Pour mettre leur jeu en place, les Suisses partent très souvent de l’arrière et font circuler le ballon jusqu’à trouver la brèche chez leur adversaire. Que ce soit avec le ballon au sol ou avec de longues transversales, les joueurs font preuve de patience pour arriver au but adverse. C’est notamment grâce aux qualités du « néo-gunner » Granit Xhaka que la Suisse parvient à créer ses changements de rythme. C’est un joueur clé, placé au cœur du jeu qui a souvent un rôle important dans l’état de forme de l’équipe. S’il n’est pas dans un bon jour, ça se ressentira dans le jeu tandis qu’avec un Xhaka en forme, les joueurs suisses sont d’avantage dangereux.

La heat map de Granit Xhaka

La heat map de Granit Xhaka

Au milieu de terrain, il est entouré par Behrami, qui a un rôle beaucoup plus défensif et qui n’hésite pas à descendre entre les deux défenseurs centraux pour les soulager, et par Dzemaili, placé plutôt en 10. Devant ce trio, trois autres joueurs se placent entre les intervalles afin de permettre aux joueurs derrière eux de leur adresser des passes verticales. Le plus important pour les joueurs offensifs est de laisser les ailes libres afin de permettre aux deux latéraux, et pas n’importe lesquels vu qu’il s’agit du Turinois Lichtsteiner et du jeune Ricardo Rodriguez, de monter et d’apporter un soutien précieux en phase offensive. Les intentions suisses sont souvent bonnes mais il y a énormément de déchets et un certain manque de précision pour permettre à ce système d’être suffisamment efficace.

De plus, après avoir bien combiné, il arrive que les joueurs s’arrêtent et tous les efforts qui les ont menés devant le but deviennent inutiles. Après avoir perdu le cuir, Petkovic compte sur ses joueurs offensifs pour se replier et gêner l’équipe adverse, à l’image de Seferovic qui doit peser sur la défense pour les pousser à la faute. Avec ces replacements, il est habituel de voir Shaqiri à quelques mètres de sa surface de réparation faire écran à son adversaire. Lorsque la Suisse n’a plus le ballon, elle exerce un pressing et le marquage à la culotte devient une nécessité. Avec des latéraux qui montent, les équipes évoluant face aux Suisses privilégient les côtés. Un choix qui semble être assumé par les « rouges et blancs » vu qu’ils peuvent compter sur de bons joueurs pour dégager les ballons de la tête.

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Alors comment gêner la Suisse ? Et bien, son jeu penche légèrement sur le côté droit et ses joueurs n’ont pas toujours le bon timing au ballon, ce qui fait qu’ils sont très souvent en position de hors jeu. A cela s’ajoute son incapacité à être dangereuse sur coup de pied arrêté. Il faut savoir faire preuve de sang froid et patience pour les empêcher de mettre leur jeu en place car les joueurs suisses sont capables de bien protéger leur ballon et cela s’est reflété lors des matchs contre l’Albanie et la Roumanie ; 9 cartons jaunes ont été distribués aux adversaires des Suisses (dont deux à Cana). Dimanche soir, il faut s’attendre à voir une équipe revancharde, qui ne veut pas rester sur une mauvaise note face aux Français.

Dans un stade qui a déjà vu les Suisses briller et s’imposer (coucou les fans de la balle jaune), la Suisse peut se permettre de rêver et espérer créer l’exploit. Car même si les deux équipes lutteront à armes égales, battre cette équipe de France, que beaucoup de monde voit sacrée le 10 juillet, semble tout de même utopique pour une équipe de Suisse pas encore suffisamment convaincante lors des grands rendez-vous.